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EAN : 9782371271210
La Cheminante (31/01/2019)
4/5   7 notes
Résumé :
Un roman d'une grande originalité qui aborde un thème méconnu : celui de l'émigration des Syro-libanais vers les Amériques et notamment en Haïti à la fin du XIX e siècle et au début du XX e . Récit à la fois attachant et très vivant, qui révèle les différentes personnalités et sensibilités des personnages, pris dans les mouvements d'une Histoire qui les dépasse, et auxquels ils tâchent de faire face chacun à leur manière. Fascination de voir le protagoniste quitter ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Sur le bateau qui le ramène avec sa femme Edma à Port-au-Prince, Vincent se revoit il y a quinze ans lorsqu'il avait quitté son village du Liban pour rejoindre Haïti. Les tracasseries pour obtenir un passeport, la traversée difficile en troisième classe, le visage de Louisa son premier moment de bonheur sur cette terre étrangère.

Vincent parti avec presque rien et qui possède aujourd'hui un commerce, un patrimoine et une réputation, un homme qui va droit au but dans ses comportements comme dans son langage, tout à la joie d'avoir enfin la nationalité haïtienne et de ne plus être un immigré. L'inflation galopante, les prix des denrées qui augmentent et la xénophobie aussi. Un seul mot d'ordre, briser les reins des commerçants syriens. Il suffit d'un accident de voiture et le mécanisme des bouleversements va se mettre en marche.

Dans ce beau roman, écrit avec une plume alerte qui donne beaucoup de vie au récit, Georgia Makhlouf nous raconte l'histoire de Haïti et en parallèle celle du Liban. Ce livre est porté par les voix de six personnes Vincent, Louisa sa maîtresse, Edma son épouse, Joseph son beau-frère, Fatek son neveu et Anis son fils aîné. La parole de chacun fait avancer l'histoire de cette famille Syrio-libyenne émigrée en Haïti à la fin du XIXe siècle dans ce curieux pays où un ancien bagnard du nom de Jean-Jacques Dessalines Michel Cincinnatus Leconte est élu président de la république, où la religion catholique se mélange aux rituels vaudou et où les habitants vivent sous la protection de talismans.

« Le temps ici n'a pas la même valeur que chez nous, se dit-elle, ce n'est pas une denrée rare, chacun en a en quantité, et même à en revendre, on le gaspille sans y penser, je ne vois personne en dehors de Vincent et de quelques-uns de ses amis commerçants, l'oeil rivé sur une horloge ou sur une montre, à compter les minutes qui passent. »

J'ai beaucoup apprécié cette fresque familiale qui aborde les thèmes de l'émigration, de l'identité, de la peur de l'étranger, des tensions raciales et religieuses, de la condition des femmes qui sont malheureusement toujours d'actualité.

Merci aux éditions La Cheminante et à Babelio pour cette belle découverte.

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Ce roman raconte l'émigration vers les Amériques des familles Syro-Libanaises dès la fin du XIXe siècle.
Ils sont chrétiens et ne trouvent pas de morceaux de terre pour être chez soi.
Partir en Amérique, en Haïti est pour eux une chance de s'établir, de s'enraciner.
Mais là-bas non plus on ne les accepte pas, même s'ils font vivre le pays, s'ils sont de bons commerçants. On leur reproche d'envoyer tout l'argent au pays. C'est difficile de vivre dans ce pays instable quand on est différent, d'une autre culture, quand on est blanc et qu'on parle une autre langue.

J'ai bien aimé ce roman car il m'a appris un passé que je ne connaissais pas. Pourtant j'ai trouvé les phrases trop longues. Plusieurs personnages donnent leurs voix à tour de rôle, ce qui fait qu'il y a quelques répétions. Mais c'est intéressant de voir le point de vue de chacun, surtout celui de Louisa, la haïtienne, et d'Anis, le fils de Vincent.

C'est une histoire triste. Vincent fait de mauvais choix car il est trop attaché à sa culture au lieu d'accepter ce que lui offre la vie à Haïti. Alors il blesse Louisa qui lui a tout donné, il trahit aussi Edma, la femme qu'il épouse dans son pays d'origine, et il ne voit pas que ses enfants sont Haïtiens et qu'il ne faut pas les déraciner. Il brise son avenir et celui de sa famille, il subit des trahisons car il ne sait pas écouter.

Je remercie Babelio et les Éditions La Cheminante pour ce roman émouvant.
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Pour commencer, merci à Babelio et aux éditions La Cheminante qui m'ont fait confiance pour cette critique et sans qui je n'aurais sûrement pas pu découvrir ce livre.

Port-au-Prince, c'est l'histoire de plusieurs protagonistes, d'origines syriennes pour la plupart, arrivés à Haïti au début du XXème siècle.
J'ai beaucoup aimé ce roman pour deux raisons :
- La première est que j'apprécie beaucoup les romans qui mêlent fiction et Histoire : on en apprend donc beaucoup sur la vie à Haïti et Port au Prince notamment durant cette période mais également de la vie des immigrés, notamment syriens. En effet, on y apprend beaucoup de choses comme le développement du commerce, l'intégration sociale, mais également les actes de racismes et les violences...
- La seconde est l'originalité dont le roman est écrit, en effet, on suit pendant quelques années les personnages principaux et ceux qui gravitent autour mais à chaque fois, c'est raconté sous la narration d'un personnage différent. Cela commence donc avec Vincent, syrien venu à Haïti et dont les affaires vont prospérer, puis Louisa, puis d'autres. On a donc différents points de vue en fonction de la place du personnage dans le roman mais également à cause de son âge, de la manière dont cela est écrit (épistolaire ou première personne du singulier).
Cela permet donc de comprendre les faits de manières différentes.

De belles tranches de vies romancées mélangées à des faits historiques... je vous le recommande !
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Ce livre a été choisi aujourd'hui 1er juillet 2020 parmi 42 livres comme l'un des quatre finalistes du Prix Richelieu International Europe qui sera décerné en 2021 à Charleroi. Ce prix est décerné à un auteur qui écrit en français, langue qu'il a apprise et qui n'est pas sa langue maternelle. Les trois autres finalistes sont Santiago Amigorena (Le Ghetto intérieur), Beata Umubyeyi Mairesse (Tous tes enfants dispersés) et Kaouther Adimi (Les Petits de décembre). Ce prix, décerné tous les deux ans a été décerné en 2019 à une auteure tchèque, en 2017 à un auteur turc, et en 2015 à une auteure estonienne.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Naître femme dans ce pays est une sacrée déveine. La lâcheté des hommes y est sans fin. Leurs beaux sourires, leurs paroles mielleuses, leurs yeux de velours, la fermeté de leur étreinte, mais pfuitt, plus personne quand on a besoin d'eux, quand il faut qu'ils se comportent vraiment comme des hommes et pas seulement comme des amants ou comme des étalons. Après, on n'a plus qu'à se tenir debout sur le seuil de nos vies désertées, à porter un enfant dont on ne veut pas, à payer une sorcière qui vous fera risquer la mort avec les aiguilles qu'elle vous plante dans le ventre et ses potions plus amères que les larmes. Après, il reste nos cœurs en lambeaux, nos jambes fatiguées de courir après des chimères, nos bras lestés de regrets. Scélératesse des hommes qui vous abandonnent d'une part et crachent sur votre honneur de l'autre. Avec cette saleté de rumeur qui enfle plus vite que nos ventres !
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Ce qui le troublait et vers quoi il revenait sans cesse, c'était ce moment où il avait finalement décidé de partir vers le Sud de l'Amérique et non vers le Nord. À quoi tient parfois le tour que prend une vie, à quels hasards, à quelles rencontres, à quels micro-accidents d'une journée ? Un pavé sur lequel on trébuche, une main secourable qui se tend, une conversation qui s'engage, un visage qui sourit et dans lequel on croit reconnaître quelque chose de familier ou quelqu'un, ou parfois la lassitude d'une attente qui s'allonge indéfiniment, un mouvement d'humeur, la pluie qui tombe un peu trop dru sur les épaules et qui conduit à chercher refuge sous le premier auvent.
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Je ne crois pas qu'on puisse arracher les hommes à leur terre et les replanter ailleurs sans dégâts. Il arrive que les plantes meurent de tels arrachements. Pourquoi les hommes n'en feraient-ils pas autant ?
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Le temps ici n'a pas la même valeur que chez nous, se dit-elle, ce n'est pas une denrée rare, chacun en a en quantité, et même à en revendre, on le gaspille sans y penser, je ne vois personne en dehors de Vincent et de quelques uns de ses amis commerçants, l’œil rivé sur une horloge ou sur une montre , à compter les minutes qui passent.
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Naître femme dans ce pays est une sacré déveine. La lâcheté des hommes y ait sans fin. Leurs beaux sourires, leurs paroles mielleuses, leurs yeux de velours, la fermeté de leur étreinte mais pfuitt, plus personne quand on a besoin d'eux, quand il faut qu'ils se comportent vraiment comme des hommes et pas seulement comme des amants ou des étalons.
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