Et s'il suffisait d'un petit coup de pouce du destin pour tout changer ? Si vous disposez de la faculté de certains pouvoirs, qu'en feriez-vous ?
Pour
Archibald, entre son boulot à l'imprimerie locale et ses soirées avec ses potes de beuverie, les jours se suivent et se ressemblent.
Alors que le temps passe et que les chances de sortir de sa grisaille quotidienne s'amenuise, un énigmatique personnage va taper l'incruste et proposer à
Arch (diminutif de son prénom) un bien étrange m
arché ...
Je remercie l'auteur de m'avoir proposé son premier roman auto-édité, si la couverture ne paie pas de mine, ne vous fiez pas aux apparences, une fois plongé dans l'histoire, je nie toute responsabilité si vous manquez à vos obligations habituelles,
il est de ces romans auxquels la surprise prend le pas sur l'attente du lecteur de façon exponentielle, s
i le résumé est intrigant, le thème n'est pas foncièrement nouveau et les habitués des livres fantastiques le savent bien, l'alchimie doit reposer alors sur l'équilibre précaire entre la réalité et les éléments surnaturels qui ne manquent pas, la plume se doit d'être irréprochable pour captiver, pour donner envie d'aller au bout de l'aventure avec un protagoniste pour le moins ordinaire, l'
archétype (sans jeu de mots) du parfait anti-héros dans le texte, dans un monde ordinaire et rassurant, dans ces lieux de vie semblables à des milliers d'autres, la vie peut parfaitement convenir à des êtres comme
Arch, solitaire et anxieux chronique, la banalité du quotidien associée à une attente que tout le monde aspire quelque peu, d'un jour à l'autre à défaut de mieux, des faits nouveaux qui vous proposeront alors de vous immerger dans une histoire hors du commun, il suffira juste de mettre votre partie rationnelle en sommeil pour savourer pleinement le roman.
"L'expérience, ce n'est pas ce qui arrive à quelqu'un, c'est ce que quelqu'un fait avec ce qui lui arrive." (
Le meilleur des Mondes,
Aldous Huxley)
Impossible de ne pas penser à
1984 de
Georges Orwell,
le meilleur des mondes d'
Aldous Huxley en passant par l'univers de
Stephen King, à la série La quatrième dimension, à des films tels que Kick-Ass ou Defendor, l'auteur ne manque pas d'imagination quand il s'agit tout à la fois de rendre hommage à ses références littéraires pour les confronter dans le monde d'aujourd'hui, de créer un univers empreint de magie et de délires les plus fous
Ambitieux assurément, audacieux pour défier les lois de la nature et du temps, pour oser s'aventurer sur le terrain périlleux du fantastique avec des possibles sans limite, intégrer des lois particulières auxquelles
Arch devra se conformer n'est pas sans rappeler les lois universelles initiés par
Isaac Asimov dans sa célèbre trilogie des Robots.
Le panache et le mordant dans la plume quand il s'agit de tourner en dérision toutes les absurdités de son personnage principal (titre éponyme), de mettre en parallèle des vies qui feraient pâlir les Bidochon ou les personnages d'Un air de famille pour les réglements de compte à base de piques et de répliques pour le moins croustillantes, une histoire qui s'apprécie comme un breuvage âcre et prenant, l'ironie des situations et les folles escapades mouvementées qui s'ensuivent, indéniablement, l'auteur sait maintenir cette assemblage d'éléments hétéroclites entre deux mondes et deux univers séparés, une empathie croissante pour s'identifier aisément devant les choix cornéliens d'
Arch, dans son libre-arbitre, dans toutes ses pérégrinations et ses prises de position, ses risques inhérents à vouloir assurer, à se rassurer, à l'instar des super héros, la vie des anti-héros n'est pas de tout repos aussi.
Traversé par des moments de mélancolie certaine, des chapelets d'émotions vous étreindront à la gorge, qui n'a pas rêver un jour de disposer d'outils pour changer sa vie de manière radicalement différente, de disposer de pouvoirs quasi illimités qui chambouleraient en bien votre quotidien, le dilemme devant la thématique universelle du bien et du mal, où se situe la limite, le début et le commencement, mettre du beurre dans les épinards ne se limitent pas à la figure matérielle.
Et s
i le bonheur de trouver l'amour et sa propre voie ne se situaient pas dans la nature des choses ? Dans l'essence originelle des êtres ?
"N'importe qui peut être un génie à vingt-cinq ans. A cinquante ans, ça demande plus d'efforts." (
Aldous Huxley)
La psychologie des personnages est intelligemment élaborée, les chapitres respectent une certaine chronologie des évènements, l'humour n'est jamais loin et pour désamorcer des scènes totalement anachroniques ou surréalistes pour le plus grand plaisir des aficionados du genre, flirter avec les frontières de l'inexplicable ou de l'irrationnel donne ce petit plaisir coupable non dissumulé, la frustration et la culpabilité qu
i le submergent, cette volonté de se soustraire aux clichés ou aux codes littéraires du genre,
Arch n'est pas sans rappeler le symbole des invisibles, des laissés pour compte d'une société qu'ils ne comprennent plus, des modes qui dépassent leur entendement, le rythme joue le relief d'une vitesse à plusieurs tons, l'ennui laisse la place à l'action, le mouvement est irrépressible pour ne pas dire survolté, c'est bluffant, un roman jubilatoire, l'occasion d'égratigner les politiques et les médias, de mettre à mal des symboles intouchables, roman inclassable, certainement atypique dans la description d'un monde en pleine déconfiture, l'intrigue est brillante pour ne pas tomber dans le cliché et les facilités de connexion, l'anti héros devient une figure ambigue, naïve et surtout tellement attachant, dépassé par les évènements qui lui tombent sur le râble, à la place d'
Arch, qu'auriez-vous fait ?
"A l'avenir, chacun aura son quart d'heure de célébrité mondiale." (
Andy Warhol)
La souffrance est palpable, les tourments du personnage principal devant l'incroyable vérité, devant ses responsabilités nouvelles, devant ses désirs enfouis et secrets, sera-t-il à la hauteur des attentes ? Pourra-t-il trouver la force et le courage de transcender sa propre personne d'abord avant celle des autres, de puiser au fond de ses ressources pour pallier sa différence ou surmonter sa peur et ses états d'âme ?
Une lecture qui m'a happé, littéralement comme jouissivement, c'est diablement bien écrit, d'une belle efficacité pour se laisser embarquer dans une autre dimension, vous n'oublierez pas de sitôt
Arch, l'homme qui voulait rester tranquille, l'homme qui n'avait rien demandé d'autre que de vivre une existence sans contraintes et sans entraves.
Une nouvelle preuve de la vitalité et du réservoir prégnant, surprenant et diversifié de l'auto-édition,
il existe des oeuvres qui n'ont pas besoin de points de références littéraires, qui se suffisent à elles-mêmes et
Arch appartient à cette catégorie, brillant hommage à d'illustres pionniers en la matière, l'auteur, Romain Lbstrd signe avec son premier roman prometteur,
Arch, une oeuvre qui en appelle d'autres, dans cette verve créatrice et totalement décomplexée, novatrice et jubilatoire à volonté.
Arch de Romain Lbstrd est une belle surprise, inventif et terriblement accrocheur !!!
"Si tu ne prends pas le temps de créer la vie que tu désires, tu seras forcé à passer beaucoup de temps à vivre une vie dont tu ne veux pas" (Kevin Ngo)