Diffusée en direct le 18 oct. 2023.
Âgé de 94 ans, et en compagnie de Tom Benoît [Géostratégie magazine & PHILOSCOPIE sur TV5Monde], Jacques de Larosière disserte sur les politiques monétaires des grandes banques centrales, depuis la fin du système monétaire international de Bretton Woods, en 1971.
A ses yeux, les dirigeants ont coupablement ignoré la théorie quantitative de la monnaie, de Jean Bodin (16e siècle), selon laquelle un excès de monnaie en circulation entraîne inéluctablement de l’inflation. C’est particulièrement vrai de 2008 à 2021, avec les politiques non conventionnelles et ultra accommodantes d’assouplissement quantitatif (ou QE pour Quantitative Easing) : nous sommes alors rentrés dans l’ère de l’argent magique, avec des taux d’intérêt à 0% (l’argent n’a plus de valeur) et l’achat de dette publique (et aussi privée !) par les banques centrales (« le pire des pêchés », dit Jacques de Larosière).
Cette politique a cherché à sauver le système financier, après les crises des subprimes, des dettes souveraines de l’euro zone, et la récession due au Covid-19. Destinée à soutenir en premier lieu l’investissement productif, elle a surtout favorisé la spéculation sur les marchés boursiers et immobiliers, avec l’apparition de bulles financières.
L’entretien dénonce aussi l’hypertrophie de la sphère financière, par rapport au monde productif réel, et ses conséquences sociales : environ 75% du PIB découle des transactions financières et 25% seulement est dû au secteur productif de biens et de services non financiers. La croissance, de plus en plus faible, ne profite qu’à une petite minorité d’environ 10% de gens.
L’échange aborde, enfin, la question des détenteurs de la dette publique (en France, 52% de la dette publique française appartient aux étrangers - principalement Chinois, Américains, Russes et aux pétro-monarchies du Golfe persique), et aussi, celle de la pérennité du dollar américain comme monnaie mondiale pour le commerce.