Un sociologue ose marcher sur les platebandes des psy-chologues et -chanalystes. Et en plus il s'attaque au rêve.
Ce ne peut être qu'un coup de
Bernard Lahire.
La lecture des " Structures fondamentales des sociétés humaines" m'a donné envie de remonter le temps en sa compagnie à propos d'un objet qui m'est resté totalement étranger.
Comme tout le monde, j'ai essayé de lire
Freud. A vrai dire, je n'ai rien compris et je n'ai jamais considéré le papa
de la psychanalyse comme un découvreur et encore moins comme un scientifique.J'ai fait une autre tentative avec le clown
Lacan. Pire...Échec total.
Comme dans les structures fondamentales, Lahire remonte aux origines des écrits
sur le rêve. On découvre Lucrèce, Artemidore et quelques centaines d'autres auteurs. Mais bien-sûr, il s'attaque au commandeur : papa
Freud. Il commence par l'encenser. J'ai un peu tiqué, j'avoue. Mais c'est pour mieux le dézinguer. Il adopte là la même démarche que
Castoriadis qui fut psychanalyste mais sa critique est exhaustive, parfaitement argumentée et documentée contrairement à celle de Cornélius.
Il nous démontre que le rêve, objet intrinsèquement individuel est de nature sociale.
Sa méthode sociologique dispositionnaliste-contextualiste fonctionne jusqu'à nous faire comprendre les apports de Sigmund mais aussi de Piaget, de Fromm et bien d'autres parce qu'il a tout lu.
Les idées fondamentales exprimées dans les "Structures" sont déjà présentes dans ce bouquin : la nécessité de faire dialoguer les domaines scientifiques, l'approche globale et systémique.
En lisant ce livre, il m'est arrivé un truc qui ne m'arrive jamais. J'ai fait un rêve et je m'en suis souvenu. Et pour la première fois, j'ai été capable de l'interpréter.
Merci Monsieur Lahire.