AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de latina


Bienvenue dans le monde du trompe-l'oeil !
En tout cas, j'espère que vous vous plairez autant que moi dans ce temple de l'illusion qui malgré tout trouve toujours des raccords avec la réalité, actuelle ou d'un autre âge.

Quel plaisir de suivre ces étudiants en « peinture en décor » dans l'école de la rue du Métal, à Bruxelles, « une maison de conte, cramoisie, vénérable, à la fois fantastique et repliée » !
Quelle jouissance de suivre mot à mot la description des tons qu'ils vont utiliser, de leurs mélanges, de leurs coups de pinceau, et au-delà, de leurs rêves.
Vraiment, chaque phrase pour moi a été un régal, et je pèse mes mots : j'ai apprécié par tous les pores ce roman sensuel par excellence, visuel, tactile, onctueux.
Roman plein d'imagination aussi, d'envol vers d'autres contrées, d'autres temps. Car lorsque Paula Karst, la jeune peintre faussaire, peint des marbres ou des bois, elle rejoint la matière et les conditions de leur création.
« Les faussaires travaillent à creuser des trous dans la réalité, des passages, des tunnels, des galeries »
Que ce soit sous le ciel gris de la Belgique ou dans les brumes de chaleur de Rome et sa Cinnecita, que ce soit dans les tentures cramoisies du salon d'Anna Karénine à Moscou ou à Lascaux lors de l'édification de « Lascaux IV », Paula s'investit tout entière, se fond, s'annihile dans l'instant créateur et par là rejoint l'éternité.

N'oublions pas qu'il faut vivre, il faut manger, il faut gagner sa croûte, comme on dit prosaïquement.
Après ce temps béni des quelques mois d'études à l'école de peinture de Bruxelles (et là, Maylis de Kérangal nous relate des faits réels, l'école van der Kelen – Logelain est une institution réputée), Paula et ses deux amis, Jonas et Kate, se lancent à l'assaut des chantiers dans toute l'Europe. La complicité créée lors de l'apprentissage se recompose à des moments précis où chacun raconte son corps-à-corps avec la matière.

C'est un roman gourmand, qui s'enracine dans la matière pour mieux s'en détacher. Difficile de me faire comprendre autrement que par ces mots...J'ai vécu, littéralement, ma lecture ; je m'en suis repue, j'ai absorbé toutes ses strates.
Art, psychologie, profondeur, couleurs, senteurs : ce roman est un coup de pinceau magistral et m'a présenté le monde à portée de main.

Commenter  J’apprécie          8016



Ont apprécié cette critique (71)voir plus




{* *}