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Citations sur Un monde à portée de main (122)

Elle n’est pas en mesure de réaliser que la précarité est devenue la condition de son existence et l’instabilité son mode de vie, elle ignore à quel point elle est devenue vulnérable, et méconnaît sa solitude. Certes, elle rencontre des gens, oui, beaucoup, la liste de ses contacts s’allonge dans son smartphone, son réseau s’épaissit, mais prise dans un rapport économique où elle est sommée de satisfaire une commande contre un salaire d’une part, engagée sur des chantiers à durée limitée d’autre part, elle ne crée pas de relations qui durent, accumule les coups de coeur de forte intensité qui flambent comme des feux de paille sans laisser de trace, désagrégés en quelques semaines, chaleur et poussière.
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Il y a des formes d’absences aussi intenses que des présences.
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Elle s'est allongé près de lui, mais à peine pose-t-elle sa tête sur l'oreiller que Jonas ouvre les yeux, et se tourne vers elle. Ils se regardent, interdits, souffle coupé, enregistrent chaque micromouvement de leur corps, tout ce qui s'abaisse, se hausse, se creuse, s'accélère. Le temps file mais il ne s'agit plus de le maîtriser, il s'agit de le rejoindre. Alors subitement ils ont cligné des yeux au même instant, et tout ce qui se tenait retenu a déferlé.
Ils se déshabillent très vite, se soulèvent à peine, font glisser leur vêtements, et bien que ramassé, concentré, ce moment-là lui aussi se dédouble, deux vitesses y affleurent : l'étreinte terrestre, reliée au choc de la veille, au désir de faire corps, comme une soif de sexe après des funérailles, et l'étreinte cosmique, celle de la résonance, issue des boucles qui tournoient dans un ciel réglé comme du papier à musique. L'étonnement produisant de la clarté, ils sont clairs, d'une clarté violente, l'un et l'autre, neufs et affûtés, explorant le plaisir comme une paroi sensible, usant de tout leur corps, de leur peau, de leurs paumes, de leur langue, de leurs cils, et comme s'ils se peignaient l'un l'autre, comme s'ils étaient devenus des pinceaux et s'estompaient, se frottaient, se râpaient, se calquaient, relevant les veines bleues et les grains de beauté, les plis de l'aine et l'intérieur des genoux ;
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La suite du film était sous-marine, abyssale, mythologique : Kate flottait à dix mètres au-dessus d’une baleine à bosse qui louvoyait lentement dans un volume de cathédrale, s’effaçait dans l’épaisseur bleue, puis resurgissait plus tard d’une autre direction, ténébreuse et massive. (..)
L’animal habitait l’océan de toutes ses dimensions, allait et venait dans un grand calme, sa présence révélant un monde sans coupure, une continuité fluide où tout coexistait - le royaume du temps. Parfois, la baleine remontait à la surface, et son dos occupait soudain l’intégralité du champ de vision de Kate qui ne s’affolait pas, observait les consignes, se contentait de remuer les jambes palmes jointes dans un devenir sirène.
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C'est l'été. Le soleil crée au fond de la rivière des ombres qui bougent, des losanges qui se forment et se déforment, ondulent, calamistrent le sable, les pierres, les mousses. Paula entre dans l'eau douce, écarte de la main les herbes longues et fibreuses que le courant peignent à l'horizontale. Une bête vivante se déplace là, sous la surface, une bête kaki, mouchetée de noir, de gris et d'or. Sa peau a pris l'aspect de la rivière, de son mouvement, de sa lumière ; la créature s'y déplace, camouflée. Paula lève les yeux au-dessus de la surface pour suivre le vol d'une libellule bleu métallisé qui disparaît dans les ajoncs, puis elle scrute de nouveau le fond de l'eau, mais la créature a disparu. N'a peut-être jamais existé. C'est un trompe-l’œil, pensa Paula qui renverse la tête dans le soleil. Rien ne passe ici que la rivière elle-même.
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Elle s'est demandé si les peintures continuaient d'exister quand il n'y avait plus personne pour les regarder.
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Jonas est arrivé au matin, à l’heure où la nuit se relâche, desserre les chants des oiseaux.
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Le vent fait-il du bruit dans les arbres quand il n'y a personne pour l'entendre ?
Kõan
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Paula s'avance lentement vers les plaques de marbre, pose sa paume à plat sur la paroi, mais au lieu du froid glacial de la pierre, c'est le grain de la peinture qu'elle éprouve. Elle s'approche tout près, regarde : c'est bien une image. Etonnée, elle se tourne vers les boiseries et recommence, recule puis avance, touche, comme si elle jouait à faire disparaître puis à faire revenir l'illusion initiale, progresse le long du mur, de plus en plus troublée tandis qu'elle passe les colonnes de pierre, les arches sculptées, les chapiteaux et les moulures, les stucs, atteint la fenêtre, prête à se pencher au-dehors, certaine qu'un autre monde se tient là, juste derrière, à portée de main, et partout son tâtonnement lui renvoie de la peinture.
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Seuls les lieux restent à la fin, à la fin de tout, c'est ce qu'elle se dit au bord des larmes, seuls les lieux continuent.
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