AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,55

sur 141 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un jour de décembre à Séoul, Gyeongha, la narratrice, reçoit un message d'Inseon, une amie perdue de vue depuis quelques années. Celle-ci a été amenée d'urgence dans un hôpital de la capitale après s'être sectionné deux doigts en coupant du bois. Inseon demande à Gyeongha de lui rendre un service : aller nourrir son perroquet blanc, qui à défaut risque de mourir de faim dans les 24 heures. le problème étant que le domicile d'Inseon se trouve dans un tout petit village isolé à plusieurs heures d'avion et de bus de Séoul, et qu'une violente tempête de neige vient de se déclarer...

Quel étrange roman, à la fois onirique et ancré dans la réalité la plus cruelle, celle d'un épisode terrible de l'histoire de la Corée du Sud qui s'est déroulé en 1948-1949, et au cours duquel des milliers de civils ont été massacrés par l'armée, pour la seule raison qu'ils étaient communistes.
L'intention de l'auteure de rendre hommage à ces victimes oubliées et de (re)mettre en lumière cette triste page d'histoire est bien entendu tout à fait louable. Mais fallait-il pour autant que la trame soit aussi complexe ? Je me suis perdue dans les ellipses du roman : lorsque, comme moi (et sans doute d'autres lecteurs occidentaux), on manque de connaissances sur l'histoire coréenne, il est difficile de comprendre de quels faits historiques il est question sans recourir à Internet. Par ailleurs, j'ai trouvé gênant le manque de repères temporels et confuse la généalogie d'Inseon. Je n'ai pas non plus vraiment compris les raisons de la débâcle psychique et familiale de la narratrice. Quant au flou et au dédoublement entre rêve et réalité, il m'a laissée sur ma faim puisqu'il n'est finalement pas résolu, ce qui m'a donné l'impression que l'auteure ne savait pas comment terminer son histoire.
L'écriture est poétique et délicate, mais pour moi le fil narratif est inutilement sophistiqué. La simplicité et la sobriété n'empêchent pas la force et la beauté.

En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.

#Impossiblesadieux #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          612
C'est un titre très curieux, non dépourvu de qualités, mais qui me laisse dubitative. Han Kang a déjà publié aux Éditions Zulma, ainsi qu'à feu Les Editions du Serpent à Plume. La littérature sud-coréenne me laisse, à chaque fois, l'impression de pénétrer dans un pays différent, tellement les univers des autrices (il se trouve donc que je n'ai lu que des autrices sud-coréennes) sont dissemblables. L'autrice Han Kang est multiprimée dans son pays aussi bien qu'à l'international, j'ai donc décidé de tenter l'aventure avec la lecture du dernier roman de cette autrice largement reconnue par ses pairs dans son propre pays comme à l'international.

Dubitative, parce que pour moi, ce roman est composé de plusieurs parties dont je ne suis pas arrivée à faire le lien, et que j'ai fini le roman avec quelques questions qui n'ont pas trouvé de réponse. Plein de qualités, car il évoque une page d'histoire de la Corée du Sud, dont il faut dire que je n'ai absolument aucune notion ou repère, pas la plus belle des pages certes, pas celle que l'on se remémore avec nostalgie, bien au contraire. Mais une page marquée au fer rouge dans l'histoire du pays et les arbres généalogiques d'une partie des Sud-Coréens. Ce roman, je le disais, est composé de trois parties : Oiseaux/Nuits/Flammes. La personnage principale est une autrice qui raconte un rêve fait cinq ans avant le fil narratif qui de déroule en 2019, deux mois après la parution de son livre dont le sujet est un massacre dans une ville, dont on ne sait pas le nom, dans les premières dizaines de pages du moins. Un rêve menaçant, entre neige et mer, qui l'avait profondément marquée, mais qu'elle avait remisé dans un coin de son cerveau. Un présent, constellé de deuils récents, plongée dans une solitude absolue, sans plus aucune famille, un travail perdu, comme l'envie d'écrire, dans un appartement d'une banlieue de Séoul : c'est la léthargie dans laquelle s'est lentement enfoncée la femme, en train de composer son testament. Jusqu'à ce qu'elle retrouve la force de revenir sur ce qui est l'une des causes de cette apathie : la consultation des documents pour les besoins de son livre en 2012. Des réminiscences de massacres de toute une frange de la population dite communiste post-Seconde Guerre mondiale.

Gyeongha, la narratrice, vit dans un rêve – qui tourne au cauchemar bien souvent – éveillé, celui d'une réalité perturbée par des éléments sortis tout droit des documents dont elle s'est servie pour rédiger son livre, et c'est déroutant. Ce procédé est utilisé tout au long du livre, brouillant les repères narratifs sur la temporalité ou bien même sur le bien-fondé de la réalité que l'on présente. On apprend très progressivement les événements auxquels se réfère l'autrice de fiction, quelques éléments révélés ici et là, nous, lecteur prenant progressivement compte de l'horreur qui se révèle au fur et à mesure.

C'est la réapparition dans sa vie de son amie, photographe, Inseon, qui va faire office de déclencheur à la résurgence, celle qui habite l'île de Jeju, située au sud du pays, où a lieu en 1948 le soulèvement éponyme : une insurrection qui a vu près de 30 000 sud-coréens être massacrés par l'armée en charge de réprimer l'insurrection. Et c'est en retournant là-bas, chez son amie dont les aïeux comptent parmi ces disparus, sur les lieux du crime commis soixante-dix ans plus tôt que le récit de cette révolte, et des assassinats méthodiques et froids des insurgés ressurgissent et s'emparent de la réalité. Impossibles Adieux, c'est aussi dans ce livre le projet des deux amies, l'une photographe, l'autre journaliste, pour établir une oeuvre d'art, pour commémorer les disparus, qui restent d'une façon ou d'une autre rattachés à cette réalité.

On a perdu le curseur de la mort, à ce point de l'histoire, et de la réalité, je ne suis pas vraiment parvenue à comprendre ce que l'autrice a voulu faire de Inséon, une entité dédoublée, le corps à l'hôpital, l'esprit en compagnie de son amie chez elle à Jeju ? Sans doute, faut-il y voir la tentative de se sortir de leur propre réclusion mentale, pour elle comme pour son amie, aux côtés de ces ombres hantant mémoires, lieux et esprits, ombres d'enfants, femmes et hommes qui n'ont jamais reçu de sépulture, rendant de ce fait ces Adieux impossibles. Un hommage essentiel qui leur permet de renouer.

Si le texte peut se voir comme une mise en abyme de ce que l'autrice sud-coréenne fait de son texte, un hommage aux personnes massacrées puis oubliées par tous, ce qui m'a surtout marquée, en dehors naturellement de cet abyme dans l'histoire coréenne, c'est cette écriture délicate, toujours sur le fil, peut-être un peu trop allusive certaines fois, mais toujours élégante, mêmes dans les moments les plus rudes de la narration.
















Lien : https://tempsdelectureblog.w..
Commenter  J’apprécie          72
Roman un peu difficile à critiquer pour moi car si j'ai aimé le rappel historique sur les massacres perpétrés en 1948/49, l'implication psychologique sur la population, et ce sur plusieurs générations, le récit a été beaucoup plus compliqué à suivre et à comprendre.
On sent qu'une tragédie a touché Gyeongha au début du roman mais on ne sait pas trop laquelle même si on la devine. Quand Inseon lui envoie un message, elle n'hésite pas et part aussitôt à l'hôpital rejoindre son amie. Celle-ci est dans l'incapacité de retourner dans sa maison pendant plusieurs semaines et son oiseau doit absolument être abreuvé et nourri. Ce service, Gyeongha va lui rendre et part directement, en urgence sur l'île de Jeju où réside Inseon.
C'est donc le récit d'une amitié très forte mais aussi d'un pan tragique de l'Histoire Coréenne, les massacres de Jeju entre autres après la 2ème Guerre Mondiale. Mais tout est racontée avec un appel incroyable à l'imagination et il est parfois difficile pour le lecteur/trice de garder le fil de l'histoire.
J'avoue avoir eu un peu de mal à suivre parfois mais c'est malgré tout plutôt poétique et ce malgré un sujet très dur. Ce rappel historique est fort et ce récit de l'histoire de la famille d'Inseon montre bien l'impact de ces tragédies sur plusieurs générations et surtout la force de ces familles pour garder cette mémoire et lutter contre l'oubli du temps.
Commenter  J’apprécie          60
Gyeongha vit seule à Séoul. Alors que le même cauchemar hante ses nuits, elle reçoit un sms d'Inseon, une amie de longue date vivant sur l'île de Jeju. Elle s'est gravement blessée à la main et demande à Gyeongha d'aller chez elle le plus rapidement possible pour nourrir son perroquet blanc laissé sur place depuis 2 jours. Bien que le lien entre elles se soit distendu avec le temps, Gyeongha saute dans le dernier avion la menant sur l'île et va braver la tempête de neige pour se rendre dans le village reculé où habite Inseon et sauver l'oiseau si cher à sa précieuse amie.

Lire ce roman coréen c'est accepté une expérience littéraire à part et déroutante.

L'ambiance est particulière. Il y a beaucoup de mélancolie, de solitude, de douleur mais aussi de la douceur.

La neige y a une grande place, pas uniquement comme un élément naturel froid. Elle peut aussi bien symboliser la mort et dans son extrême contraire le calme et le souvenir d'un événement passé heureux.

J'y ai retrouvé ce qui fait le charme de la littérature asiatique : la contemplation visuelle et intellectuelle, la poésie, l'onirisme à la limite du fantastique.

Entre souvenir, rêve, deuil et drame historique, le roman est hors du temps et demande une exigeance de lecture qui peut ne pas convenir à tout le monde.

Le coeur de cette histoire et l'amitié entre Gyeongha et Inseon. Entreprendre ce voyage pour Gyeongha c'est la possibilité de revenir vers Inseon et recréer ce lien fort qui les a uni. Cette femme, elle l'admire comme une grande soeur. Gyeongha va aussi découvrir l'histoire familiale traumatique de son amie. Les archives de massacres de milliers de civils, hommes, femmes, enfants et nourrissons ont été compilées dans la maison familiale. Cet événement douloureux de la Corée du Sud apparaît d'abord en filigrane au début du roman puis prend une place plus importante dans la dernière partie.

Le deuil est multiple et parfois impossible lorsqu'il est difficile de trouver une place pour les absents.

Un roman surprenant et troublant. Totalement différent du reste de cette rentrée littéraire 2023.
Commenter  J’apprécie          40
Tout est étrange dans ce livre ! les deux personnages centraux, Gyeongha et son amie Inseon, l'histoire qu'elles racontent, la façon dont elles racontent, l'atmosphère ambiante, le ton employé, le récit décousu, les invraisemblances ... On navigue sans cesse entre rêve et réalité. J'ai quelquefois perdu le fil mais me suis laissé porter par l'écriture et la poésie de ce récit consacré à un fait historique des plus macabres à savoir le massacre par le régime coréen de 30000 civils en novembre 1948. A travers un dialogue tout en pudeur, Inseon révèle à son amie, documents à l'appui, comment sa famille a vécu cet évènement et survécu à ce traumatisme . Les faits sont glaçants, horreur absolue, mais l'auteur raconte avec une certaine délicatesse qui permet au lecteur de poursuivre.
lecture intéressante sortant des sentiers battus.
Commenter  J’apprécie          20
Le livre traite du conflit sur l'île coréenne de Jeju (qui comptait à l'époque 300,000 habitants) en 1948 et 1949 dans lequel des milliers de personnes ont été tuées quand il y a eu un soulèvement local contre la résolution n° 112 des Nations Unis qui appelait à la tenue d'élections (un nouveau phénomène en Corée) sous la supervision de la commission de l'ONU. Les communistes se sont opposés aux élections.

La pièce centrale du livre est le massacre de civils par l'armée. "Le schéma s'est répété dans presque tous les cas : les villageois étaient rassemblés dans une cour d'école avant d'être exécutés à proximité, dans un champ ou au bord de l'eau." Trente mille civils exécutés. Vingt mille civils qui se sont dissimulés dans les montagnes.

Une légende qui apparaît tard dans le livre décrit bien la relation entre les personnages et le passé. Selon cette légende, une femme avait donné à manger à un mendiant, et ce dernier lui avait conseillé d'escalader une montagne voisine le lendemain...et de ne pas regarder le village en arrière pendant qu'elle le faisait. le lendemain, le village a été victime d'une catastrophe naturelle pendant que la femme gravissait la montagne. Comme Orphée, elle n'a pas pu résister à la tentation de regarder en arrière ; et (contrairement à Orphée) elle s'est transformée en pierre. "Qu'y avait-il dans ce village pour qu'elle se retourne encore et encore?" Avec cette légende, on perçoit l'attrait irrésistible du passé et le mal qu'il peut causer. On peut se demander également: Qu'y a t-il dans la rébellion de l'île de Jeju pour que les personnages re retournent encore et encore? L'un des personnages nous donne la réponse : "Il devait y avoir là-bas quelqu'un qu'elle voulait sauver, sinon à quoi bon se retourner sans cesse?" Cependant, qui veulent les personnages de Impossibles Adieux sauver avec leur retour à un massacre qui s'est passé il y a plus d'un demi-siècle? Dans ce livre, il y a des moments où on ignore si les morts sont revenus pour interagir avec les vivants.

Concernant le style du livre, il est lent, avec un rythme hypnotique et parfois poétique, comme cette description du sentiment qui suit la mort d'un être cher: "Je pensais que je reviendrais enfin à ma propre existence après sa disparition, mais le point de non-retour était atteint, je ne pouvais revenir en arrière.....Alors que je n'avaid plus besoin de mettre fin à mes jours pour fuir, je vivais avec l'envie de mourir."

Je me suis parfois interrogé sur l'étendue de la relation entre Gyeongha et Inseon. Parfois les passages comme les suivants suggèrent une relation qui dépasse l'amitié : "Nos corps ne se touchent pas mais nos ombres flottent sur les murs comme deux géants siamois liés par leurs épaules"...."ses bras, portant encore la froideur du dehors, chargés aussi d'une odeur de cigarette, me happaient aux épaules."

Après avoir lu les deux tiers du livre, j'ai eu l'impression que les personnages étaient simplement une excuse pour donner une leçon d'histoire. C'est-à-dire que le ton du livre est devenu trop pédagogique, consistant en de longs monologues racontant les atrocités.

Commenter  J’apprécie          00
Je suis mitigée sur ma lecture. Pour moi on peut le couper en deux : la quête d'aller à Jeju en pleine tempête de neige pour sauver l'oiseau d'Inseon et la mise au jour de crimes entre 1948 et 1949 en Corée du Sud.
Toute la première partie est assez décousue, des informations sur le passé de la narratrice qui n'apporte rien à l'histoire ou pas suffisamment pour la comprendre. Même si dans les faits on n'en a pas besoin, car le sujet du livre n'est pas la narratrice mais les massacres perpétrés à Jeju. Et là j'ai préféré oublier toute cette première partie car elle rendait l'histoire étrange, paranormale. Je pense avoir compris la fin, du moins j'ai plusieurs théories. J'aurais aimer lire une histoire plus simple, avec simplement Inseon et sa mère qui lui révèle le passé de sa famille et de l'île.
Commenter  J’apprécie          00



Lecteurs (424) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3241 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}