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EAN : 9782259307512
560 pages
Plon (04/04/2024)
3.25/5   6 notes
Résumé :
D`une entrée à l`autre de ce Dictionnaire amoureux, Josée Kamoun nous fait rêver, rire, et réfléchir au fil de ce que nous dit la traduction sur l`inépuisable, l`ensorcelante ambiguïté du monde. Passeurs de frontières, questionneurs permanents du langage et de la langue, les traducteurs sont à fois les instruments et les agents du devenir." Un Dictionnaire amoureux, c`est le contraire d`un dictionnaire : son A à Z n`épuise pas le sujet, et il annonce d`emblée la cou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Italo Calvino a écrit : "Sans la traduction, je serais limité aux frontières de mon pays. le traducteur est mon plus important allié. C'est lui qui m'a présenté au monde."
Mais, nous lecteurs prêtons-nous tous attention à la traduction, pas certain que ce travail soit notre préoccupation première lorsque nous jetons notre dévolu sur un ouvrage quel qu'il soit....
Un rôle souvent oublié, lors de nos lectures et pourtant un rôle oh combien important de passeur...

Dans ce Dictionnaire Amoureux de la traduction, Josée Kamoun qui a son actif, excusez du peu plus d'une cinquantaine d'ouvrages, principalement en langue anglaise parmi lesquels des romans de John Irving, Philip Roth, Jonathan Coe, Virginia Woolf, Sur la route de Jack Kerouac ou une nouvelle traduction remarquée de 1984 de George Orwell.

Comme elle l'annonce en préambule de ce dictionnaire amoureux qui vient rejoindre une collection abondante, parfois inégale, mais pour lequel elle en donne une définition qui pourrait, ne serait-ce que dans sa première partie être un très beau liminaire de cette collection :

" Un Dictionnaire amoureux, c'est le contraire d'un dictionnaire : son A à Z n'épuise pas le sujet et il annonce d'emblée la couleur de sa subjectivité. Il s'agit d'entraîner la lectrice, le lecteur sur des traboules dont les débouchés peuvent surprendre"

"de l'entraîner parfois aux confins du traduire chez ceux pour qui le mot est geste ou ceux dont la langue se délie pour moduler celle des oiseaux ; introduits dans le voyage des oeuvres par la belle Schéhérazade on y croisera des émojistes enlumineurs postmodernes, des harponneurs de baleine blanche, une adolescente anglophone à Vérone, des bilingues et diglosses à leur corps défendu, des irréductibles de Babel et des Fédérés de la Pentecôte."

Alors au gré des lettres de l'alphabet, dont aucune est omise, l'auteure réussi à nous transmettre son amour et sa passion pour la traduction...

Je ressors de cette lecture, moi qui accorde une importance à la traduction qui parfois sert ou dessert un livre, avec l'image, peut-être tronquée, d'un traducteur ilien.
Je m'explique : de l'instant où le traducteur reçoit le fameux manuscrit original, le traducteur se retrouve cerné par plusieurs sentiments, tels des courants ou des vagues, parfois contradictoires, parfois cohérents.
S'approprier l'oeuvre originale en qualité de lecteur, l'assimiler et ensuite se mettre dans la peau du futur lecteur et ne pas le priver, le frustrer. Sans oublier le regard, même subversif de l'auteur qui veille sur votre épaule, telle une petite voix, vous rappelant ce qu'il a voulu exprimer au travers de ses mots.

Car un auteur n'est ni plus, ni moins qu'un chef d'orchestre qui va, sur sa partition blanche, apposer sujet, personnages, intrigue, situation, voix, dont l'effet symphonique assurera auprès de son lecteur une forme d'adhésion parfois immédiate, parfois durable, ou encore éprouvée à retardement. Car combien parmi nous, au gré de nos billets, évoquent la difficulté d'être entrer dans tel ou tel livre, affichent et revendiquent des "livres compagnons" qui sont toujours à portée de main, ou alors ce livre nonchalamment lu et qui insidieusement laissé en soi une empreinte, une sorte de rémanence...

" le nomadisme de notre métier n'est pas le moindre de ses charmes. Nous nous installons dans une oeuvre, nous y bivouaquons le temps de la traduire, assez longtemps parfois, une affaire de plusieurs mois, et puis nous nous acheminons vers la destination suivante, nouvel état d'esprit, nouveau sujet, nouvel environnement, biotope à découvrir. Nous pouvons voyager loin, longtemps, léger, en passant d'un monde à l'autre surtout si nous ne souhaitons pas nous « spécialiser » dans la littérature d'un pays, d'un genre, d'une période."
Et c'est bien cela la spécificité du traducteur, remettre sans arrêt l'ouvrage sur le métier, l'auteure en fait un parallèle avec le peintre en parlant de toile de fond en employer provisoirement cette expression.

Et Josée Kamoun d'évoquer ce qu'elle appelle poétiquement la rémanence de fond :
"Le fond du tableau ; celui qu'on perçoit sans en avoir toujours conscience. On a écrit sur le fond du tableau, sur le détail aussi, sur ce qui peut paraître annexe, secondaire par rapport au sujet central. Ce n'est qu'à la troisième ou quatrième lecture de Madame Bovary que j'ai découvert la sensualité touffue et fragrante des descriptions de la nature normande, qui faisaient remonter des souvenirs de promenades en pays et arrière-pays De Caux, au printemps. Tout en le laissant m'imprégner sans aucun doute, je ne m'étais pas attachée à cet aspect du roman, j'y trouvais trop à lire au premier plan narratif et discursif, ce n'était pas ce qui avait attiré mon attention, pas davantage que les cirques bleuâtres aux pics effilés qui entourent La Joconde de leur géologie de science-fiction… pourtant, trouverait-on son sourire aussi énigmatique si Vinci l'avait confortablement et plus vraisemblablement installée dans un salon en face d'une autre figure féminine, par exemple ?
Pourquoi cette rémanence du fond ? Est-ce parce que, a priori vierge de significations, il ne renvoie qu'à des sensations, un vécu, une mémoire du corps plus ancienne et comme inextricable de la trame de l'être ? "

Elle donne une fabuleuse définition de son travail trop souvent oublié voire galvaudé à coup d'intelligence artificielle...
D'ailleurs pour ceux, que cela intéresse ou à tout le moins amuse
Prenez une simple phrase complètement anodine, trouvée au hasard dans un livre, un magazine, un journal et passez-le "à la moulinette" d'un translate Google, d' un Microsoft translator ou de Reverso et regardez, que dis-je Admirez le résultat...
C'est à la fois drôle, jubilatoire, mais surtout désespérant et navrant

" le traducteur, lui, voit le fond du tableau, il en voit le premier plan et les bords d'est en ouest, et surtout il les voit simultanément car dans un premier temps, il travaille au ras de la phrase, sans hiérarchiser les informations plus qu'il ne lui est nécessaire. Analytiques et synthétiques à la fois, nos verres sont à double foyer. D'autre part, contrairement au « simple » lecteur, le traducteur va revenir plusieurs fois sur son texte, le plus souvent six ou sept fois pour ce qui me concerne, bien davantage sur les passages les plus problématiques, si bien que la trajectoire de l'intrigue perd de son importance, voire de sa visibilité. le sens circule libéré de la chronologie, de l'enchaînement des causes et des effets, les impressions ont donc tout le temps de se sédimenter, et il se peut aussi que l'écrémage spontané du lecteur entre essentiel et accessoire ne soit pas outre mesure pertinent pour le traducteur, que ses lectures successives risquent de le voir s'inverser."

On ne peut que répondre favorablement à l'appel du collectif « En chair et en os », pour que, entre autre, les diffuseurs soient dans l'obligation de signaler au consommateur tout produit culturel ayant été soumis à l'IA, à quelque endroit que ce soit de la chaîne de production. (https://enchairetenos.org)

Alors en conclusion de ce billet, impossible de n'a pas citer Leonardo Sciascia qui disait : " La meilleure chose sur la traduction a été dite par Cervantes : la traduction, c'est l'autre côté de la tapisserie."
Et ne dit-on qu'une tapisserie est réussie lorsque les différences entre endroit et envers sont imperceptibles...
Et finalement, n'en va t-il de même pour les traductions...
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Un superbe dictionnaire qui donne envie de lire encore, de chercher l'origine des mots et d'apprendre d'autres langues… pour jouer à les traduire.

L'entrée sur la langue des signes est particulièrement intéressante et émouvante.

A Villers-Cotterêts, au musée de la langue française, il est écrit sur une oeuvre : La langue de l'Europe c'est la traduction.

Ce dictionnaire le confirme et le prolonge même au delà de l'Europe.
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450 pages de bla bla bla

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critiques presse (1)
LePoint
21 mai 2024
Traductrice, entre autres, de Roth, Orwell, Ford, Woolf, elle publie un merveilleux « Dictionnaire amoureux de la traduction » à mettre entre toutes les mains.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Est-on amoureux de la traduction comme on le serait d’un être ou d’un pays ? Plutôt, une affaire de désir ; désir de l’œuvre et aussi plaisir éprouvé à cette démarche bien particulière qui consiste à la « tourner » dans une autre langue. Rapporter un tapuscrit de chez l’éditeur – de plus en plus rare, les textes arrivent par mail – accélère le rythme cardiaque ; on serre l’objet contre soi ; on veut et on ne veut pas le regarder tout de suite – il faut savoir que l’éditeur éloquent vous l’a déjà « vendu ». J’approche le texte avec une forme de trac amoureux, pas loin de ressentir que je m’apprête à le connaître au sens biblique du terme, carnal knowledge. Comment l’envie nous vient et nous tient, tient au corps et sous son emprise, comment elle perdure, car la seule fidélité sur laquelle compter est la relance du désir, apparaîtra au gré de plusieurs entrées. Une chose est sûre, la libido est engagée. Un désir qui dure une vie, je traduis depuis bientôt quarante ans, est-ce un amour, est-ce de l’amour ? Un désir qui ne déçoit jamais, même lorsque le résultat frustre, est-ce une passion ? Si l’obstacle enfièvre la passion, alors les nombreux obstacles, internes et externes à la traduction rempliront cet office. The course of true love never did run smooth, dit l’amoureux du Songe d’une nuit d’été. En même temps, rien n’est plus accessible que cette activité ; on peut la pratiquer en professionnel comme en amateur, plaisir occasionnel ou emploi à temps complet – plus que complet : si certains oublient leur métier sitôt leurs « outils » posés, la journée d’un traducteur n’a pas de fin. Traduire, une passion, oui, mais une passion blanche, sans déchirement, non sans ambivalence tout de même ; son objet est accessible, on peut toujours traduire en effet – et retraduire indéfiniment par voie de conséquence – seulement son accessibilité est un leurre, la traduction est un partenaire de vie et, comme un conjoint, c’est une présence illusoirement familière et à jamais mystérieuse : que savons-nous vraiment de nos plus proches ?

(INCIPIT)
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Comme nombre de traducteurs, auteurs, éditeurs, adaptateurs, cinéastes, etc., j’ai signé (avec plus d’espoir que d’optimisme) le manifeste du collectif « En chair et en os », dont voici la conclusion à laquelle on ne peut qu’adhérer :

Nous ne voulons pas que l’IA devienne une alternative envisageable à la création humaine. Par conséquent, nous demandons expressément :

— que les maisons d’édition, prestataires techniques de sous-titrage, de doublage et de voice-over, sociétés de production et de distribution cinématographique et audiovisuelle, studios de jeux vidéo et organes de presse refusent le recours à l’IA comme outil de prétendue traduction et de création d’œuvres d’art et de textes ;

— que les diffuseurs soient dans l’obligation de signaler au consommateur tout produit culturel ayant été soumis à l’IA, à quelque endroit que ce soit de la chaîne de production ;

— qu’aucune aide publique ne soit attribuée à des œuvres conçues entièrement ou en partie par des IA.

Nous appelons l’ensemble des créatrices et créateurs d’œuvres de l’esprit ainsi que l’ensemble des diffuseurs à organiser activement le refus de toute utilisation de l’IA dans la culture.
Nous appelons aussi l’ensemble du public, qui lit des livres, regarde des films, joue à des jeux vidéo, et apprécie les œuvres que nous créons, à répondre à notre appel et à soutenir notre action, pour pouvoir continuer à bénéficier d’une culture humaine, produite par des personnes humaines vivant dignement de leurs métiers respectifs.
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Tous traducteurs

Ces traductions multiples de la dernière phrase de On the Road de Jack Kerouac ont été proposées à l’issue d’un séminaire intitulé « Traduire l’oralité du texte en prose », au Centre de traduction littéraire de l’Université de Lausanne, et sur une idée de la revue La Couleur des jours (no 37, hiver 2020-2021), qui les a publiées. Les participantes et participant les ont écrites sans se concerter car le projet consistait à découvrir jusqu’où la variation pouvait aller spontanément, et avec quels effets chaque fois.

So in America when the sun goes down and I sit on the old broken-down river pier watching the long, long skies over New Jersey and sense all that raw land that rolls in one unbelievable huge bulge over to the West Coast, and all that road going, all the people dreaming in the immensity of it, and in Iowa I know by now the children must be crying in the land where they let the children cry, and tonight the stars’ll be out, and don’t you know that God is Pooh Bear? the evening star must be drooping and shedding her sparkler dims on the prairie, which is just before the coming of complete night that blesses the earth, darkens all rivers, cups the peaks and folds the final shore in, and nobody, nobody knows what’s going to happen to anybody besides the forlorn rags of growing old, I think of Dean Moriarty, I even think of Old Dean Moriarty the father we never found, I think of Dean Moriarty.

[...] (suivent 14 traductions)

Sachant qu’il n’existe pas d’ordre des traducteurs ni d’exercice illégal de la traduction, j’engage ici chaque lecteur à inscrire la sienne.

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Une œuvre est de son temps, mais elle n’est pas l’expression exclusive de son temps ; elle en émane, mais ne se réduit pas à son émanation ; elle peut-être « en avance » et elle peut être nostalgique ; elle peut contester son temps sans parvenir à lui échapper. Et si elle survit à son temps, elle sera lue à l’intérieur d’une vision du monde postérieure, on lui verra des sens que ses contemporains n’avaient pas imaginés. La traduction de l’œuvre a donc un caractère historique. Ce qui ne fut pas toujours une évidence.
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J'ai toujours aimé me rouler dans la poussière des autres, porter des vêtements de seconde main, des bijoux anciens. Avec le temps, la mémoire embue le texte, je me rappelle tantôt dans l'original, tantôt dans ma traduction ; au fond, j'arrive à mes fins, j'ai réussi à me dissoudre dans l'oeuvre.
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Vidéo de Josée Kamoun
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