J'ai découvert Serguiev Jirnov à la télévision française, lorsqu'il intervenait sur le sujet de la guerre en Ukraine.
La pertinence et les précisions de ses observations sur la Russie et le Kremlin ont piqué ma curiosité et m'ont incité à lire «
L'ECLAIREUR ».
Si j'avais des connaissances parcellaires et diffuses dans le temps de l'histoire contemporaine de la Russie, ce livre a eu le mérite de les mettre à jour.
J'ai apprécié le style autobiographique de l'auteur qui nous plonge dans l'épopée du petit Serguei qui gravira avec talent, travail, obstination et allégeance au parti communiste, tous les échelons scolaires et universitaires jusqu'à son intégration à « l'école de la forêt » dirigée par le KGB.
Son oreille musicale, son désir de s'ouvrir au monde et sa passion des langues étrangères contribueront à cette réussite; les opportunités qu'il saura saisir feront le reste. Certaines de ses frasques auraient pu lui coûter très cher, on est parfois surpris qu'un tel trublion ait pu évoluer dans un système aussi verrouillé sans y laisser des plumes.
Une chose est certaine, Serguiev Jirnov qui croisera à plusieurs reprises son collègue du KGB
Vladimir Poutine, le déteste! Il le décrit comme un homme médiocre, stupide mais rancunier et violent.
La plume incisive de l'auteur l'autorise à croquer avec talent les personnages croisés, certain(e)s Français(e)s s'y reconnaîtront surement.
En 1991 l'URSS s'autodétruit pour devenir la nouvelle fédération de Russie et sa transition brutale à une économie de marché va laisser beaucoup de citoyens Russes sur le bord du chemin. Serguiev lui a atteint son objectif ultime, il intègre la réserve spéciale des illégaux du KGB en même temps que l'ENA. Son approche de la haute administration Française qu'il décrit comme psychorigide l'amène d'ailleurs à la comparer, à son désavantage, à l'administration soviétique.
La suite du récit nous entraine à sa démission du KGB. Serguiev Jirnov échappera à un empoisonnement aux métaux lourds à Moscou, à un guet-apens tendu par une journaliste canadienne dans les locaux Parisiens de la chaîne Sputnik financée par l'État russe........
Cela pourrait paraître rocambolesque, mais d'autres réfugiés Russes à travers le Monde n'auront pas sa chance ou son intuition. Il est difficile de survivre au FSB quand on est dans le viseur de
Vladimir Poutine.
J'ai particulièrement apprécié la lecture de ce livre.