"Le journal commence le 19 juin 1815 et s'achève 14 mars 1818 « Ecrit sur un papier très mince (pour être plus facilement dissimulé), en fins caractères, souvent peu lisibles», il a été rédigé pendant la durée du séjour de Gourgaud à Sainte-Hélène; de là son importance, soulignée par tous les historiens, de lord Rosebery à Octave Aubry. Malheureusement on ne dispose pas d'une édition intégrale [en 1991], les propriétaires du journal ayant exigé des coupures: des expressions trop crues ont été écartées. La sincérité du témoignage, sa naïveté même, sont en revanche incontestables. «Moins soucieux que
Las Cases de l'effet littéraire... son journal plus vivant, chronologie plus sûre, et plus précis. Aucun des écrivains Sainte-Hélène n'a rendu comme Gourgaud l'accent et le geste du maître; et parfois, à sa fidélité se joint un sens réel du pittoresque et de la vie» (Gonnard, Les origines de la légende
napoléonienne, p. 292). " (
Jean Tulard, "Nouvelle bibliographie critique des mémoires sur l'époque
Napoléonienne", Droz, 1991)
"Ce sont des notes jetées sur le papier au jour le jour, sans ordre, sans arrangement, sans souci de littérature, sans dessein de publicité ; les conversations les plus importantes y ont été résumées aussitôt qu'entendues, les détails les plus insignifians de la vie journalière y ont été consignés avec le même soin ; elles nous introduisent ainsi au coeur même de l'existence de Sainte-Hélène, et nous font pénétrer au plus intime de la pensée de
Napoléon" (
René Doumic, « Revue littéraire – A Sainte-Hélène » in Revue des deux mondes, Volume 152, Au bureau de la Revue des deux mondes, 1899)
"Le seul et capital témoignage de la vie à Sainte-Hélène est le Journal de Gourgaud" (Lord Rosebery)
"Le Journal de Gourgaud a plus de valeur [que celui de Montholon] car il a été rédigé à chaud, dans des termes souvent crus, ce dont les premiers éditeurs ont privé leurs lecteurs jusqu'à aujourd'hui. En effet, le général ne cherchait pas à faire oeuvre littéraire, mais le plus souvent prenait des notes en vue de futurs Mémoires et s'exprimait « en artilleur » (à l'unisson d'ailleurs parfois de
Napoléon). Pour la première fois, on entre ici dans les sentiments profonds d'un auteur de Mémoires et d'un acteur du psychodrame hélénien : le quotidien de
Napoléon est aussi présent que les états d'âmes – dont la jalousie envers
Las Cases puis les Montholon est le plus constant. On pénètre alors dans une maison de Longwood pas aussi sereine et organisée qu'on l'avait cru. Il y a beaucoup « d'humain » dans le témoignage de Gourgaud. Nous en donnerons pour la première fois la version intégrale, y compris en ce qu'elle a de gênant." (
Thierry Lentz)