Née de basse caste,
Phoolan Devi s'est hissée au rang de légende dans
L Histoire indienne. Retracer son parcours a demandé un grand travail de la part d'
Irène Frain, et sans doute la responsabilité de faire des choix. Elle l'exprime très bien dans son introduction, il y a beaucoup de versions de cette épopée, c'est le cas lorsqu'une histoire est élevée au rang de mythe.
Si divergences il y a sur des détails quoi qu'il en soit sur les grandes lignes il y a peu de doutes. Nous sommes face au récit d'une croisade vengeresse.
Devi vient au monde dans une Inde rurale et pauvre où naître fille est comme jeter une malédiction sur sa propre famille. Pourtant c'est avec une belle force vitale et une joyeuse insouciance que se déroulent ses premières années. Elle s'épanouit hors du foyer, s'ébroue dans les eaux du fleuve. Ce dernier point est source d'inquiétude pour son père. Une fille, seule au fleuve, un drame pourrait vite arriver. Il ne craint pas tant qu'elle s'y noie ou s'y blesse, en revanche que ferait-il d'une fille qui aurait perdu sa virginité ? C'est ainsi qu'il
devient urgent de la marier. le candidat est tout trouvé il s'agit d'un veuf de 20 ans son aîné. Et si, bien que mariés, il était prévu qu'il attende ses 14 ans pour la faire venir chez lui, les parents ne montrent pas d'opposition à son départ immédiat quand il leur explique qu'il lui faut bien quelqu'un pour tenir sa maison.
L'insouciance meurt, sa belle-mère s'emploie sans ménagement à apprendre à une
Devi âgée de seulement 11ans qu'il est temps de laisser son enfance derrière elle pour devenir une épouse convenable (corvéable à merci serait plus juste).
Cela aurait pu être un récit sur la condition féminine, une dénonciation d'un traitement abject. Mais
Devi n'est pas âme à ployer sous les humiliations et il y'en eu beaucoup sur le parcours riche en péripéties de celle qui, réchauffée par le brasier de la vengeance, s'est redressée et a traqué ses bourreaux.
Ses yeux noirs ne brillent que du désir d'une vendetta sanglante, on aurait peine à y souscrire sans réserve. Mais ce qui saute aux yeux c'est que si elle n'a trouvé que la violence en réponse à la violence, c'est que rien ni personne n'a jamais su la protéger. Ni elle, ni les autres. C'est le récit d'une femme debout dans un monde qui les aime à genoux, qui les brise jusqu'à ce qu'elles le soient ou qu'elles choisissent de se soustraire au monde.
Ce livre pourrait se lire comme un bon roman d'aventure mais il est forcément bien plus que ça.