remarquable ouvrage par la variété des références, la richesse et l'érudition des commentaires et la qualité de l'illustration et celle de la documentation.
La fascination de l'occulte durant la période 1750-1950 ( du siècle des Lumières jusqu'au surréalisme ) est présentée et analysée dans les domaines des arts, des sciences et des idées comme un élément précurseur des grandes transformations qui s'en sont suivies.
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Il s'agit du catalogue d'exposition réalisé pour le musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg à l'occasion d'une expo qui retrace l'étrange attrait des vivants pour les morts.
Passions figuratives et littéraires des romantiques, utopies et rêveries symbolistes, fantasmagories abstraites ou folies surréalistes... un parcours dense et passionnant peuplé d'images évocatrices.
Le lecteur découvre un univers de figures et de symboles, de superstitions et d'impressions qui ravissent le regard. Seul manque une étude plus poussée du contexte des oeuvres, leur dimension anthropologique et culturelle, et une réflexion profonde sur le sens que l'on accorde au mot croyance.
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A la fin du siècle des Lumières et et de l'Aufklärung, l'idée se répand ainsi largement d'un état de scission faisant naître, par contrecoup, une aspiration à la réunification, à la reconstitution de l'harmonie et de la totalité brisées. C'est sur ce socle commun que se construisent des perspectives divergentes, parfois explicitement opposées ; il est surprenant de constater qu'au moment même où certains penseurs désignent les pouvoirs de la connaissance, de l'intellect et de l'analyse comme les moyens les mieux à même de restreindre l'emprise de l'obscur, du préjugé et de l'aveuglement, d'autres voient au contraire dans les facultés du cœur et de l'intime, sentiment et sensibilité, la disposition seule capable de surmonter le déchirement de l'humanité moderne et d'assurer le dépassement de sa condition finie. A l’analyse, perçue comme force de décomposition, de désagrégation, de froide ou arbitraire dissolution, est alors opposée l'intuition, force intérieure, immédiate, atteignant en chaque chose son essence et sa vérité, à la fois ce en quoi elle constitue une unité et un tout, et ce par quoi cette unité et ce tout répondent au grand Un et au grand Tout du monde conçu comme cosmos, comme macrocosme.
Souvent dans l'être obscur...
L'ébranlement des consciences s'accompagna d'une fascination pour ce que l'on ne savait expliquer ; l'art et la science moderne trouvèrent alors leur fondement sur une part d'irrationalité, une culture des ténèbres et du secret dont ils puisèrent les sources au plus loin de l'histoire de l'humanité, là où, selon les propos d'André Breton dans Arcane 17, "il y a quelque chose qui vient de tellement plus loin que l'homme et qui va tellement plus loin aussi". Cette fascination, qui se fit jour dès les premiers temps du romantisme, continua de se manifester jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, touchant l’Europe entière, selon des modalités diverses, liées aux transformations de la science, de la pensée et de la création artistique, en écho à la conjoncture des événements historiques et aux particularités des ancrages géographiques.
Introduction
Entretien avec Serge FAUCHEREAU