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sur 2953 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
On a du mal tout d'abord à s'imaginer que le fait divers dont je vais vous parler ici, ait pu se dérouler de nos jours tant il est violent. J'ose espérer que des enfants n'aient pas assisté au drame...
Un auteur de BD, Fabrice, jeune père de famille, est à la caisse d'un supermarché. Il est invité par la caissière à présenter sa carte de fidélité. Il ne l'a pas sur lui. Impensable ! Vous imaginez ?! Aller faire ses courses en oubliant sa carte de fidélité ! La caissière s'impatiente, le ton monte et devient agressif. La caissière appelle un vigile. S'ensuit une altercation. C'est alors que le jeune homme, dans un geste désespéré, braque le vigile
avec un poireau qu'il venait d'acheter quelques minutes plus tôt. C'est le geste de trop... La direction du magasin prévient la police, tandis que notre anti-héros s'enfuit...
C'est le début d'un longue road trip, une cavale échevelée que les journalistes vont suivre et relayer chacun à leur manière auprès du grand public, divisant la société en deux. Fabrice devient l'ennemi public n°1. Si Roger Gicquel avait été encore en vie et en service, n'aurait-il pas alors repris sa célèbre tirade sur le ton sombre et pathétique qu'on lui connaissait : « La France a peur »...?
Vous l'aurez compris, cette BD totalement déjantée, Zaï zaï zaï zaï, écrite par Fabcaro, joue avec l'absurde, mêlant des personnages et des situations ubuesques à chaque page ; le propos qui s'esquisse une fois calmés les zygomatiques, est là pour dénoncer au passage quelques maux de notre société : la société de consommation, les médias, le narcissisme ambiant, la bêtise humaine... On pourrait se dire avec amusement que tout ceci est au second degré. Quoique... quoique...
Longtemps, je me suis demandé ce que je pouvais écrire de plus que ce qui avait été dit ici de manière abondante, à part mon ressenti, dire que je m'étais follement amusé à lire cette BD foutraque et son ton espiègle et satirique, mine de rien, sa manière poil à gratter pour gratter là où ça fait mal, chez les autres évidemment, car chez nous, tout va très bien, Madame la Marquise...
Donc, cette chronique attendait tranquillement sur ma PAC (pile à chroniques) que le moment se fasse opportun...
Et mercredi soir dernier, il le fut. L'inspiration me vint comme un flash, une révélation, alors que je regardais les informations au journal TV de vingt heures. Parmi les toutes premières nouvelles, il y eut celle-ci déterminante : des grandes enseignes avaient décidé presque en commun de faire payer désormais les cartes de fidélité à leurs clients. Ouah ! J'avais là ma chronique... C'est vrai cette information était de tout premier plan parmi tout se qui ce passe en ce moment : après tout, pourquoi continuer d'évoquer les féminicides, la forêt amazonienne qui brûle, l'homophobie dans les stades de football, le drame des migrants... Il y avait brusquement ce sujet fabuleux, qui survenait dans l'actualité comme un coup de théâtre et qui méritait largement d'être traité en priorité...
Durant quelques instants, je me suis posé la question : c'est sérieux ? Non, c'est une parodie de Zaï zaï zaï zaï... Ou bien une intrusion du Gorafi... Je me pince, je regarde le calendrier pour vérifier que ce n'était pas un poisson d'avril : 11 septembre ! En plus... La présentatrice TV semblait prendre le sujet à coeur, s'inquiétant presque pour le devenir des consommateurs qui allait perdre ce droit à la gratuité pour les plus humbles et reconnaissant que cela risquait en définitive de ne pas être une bonne affaire pour les magasins concernés (mais de quoi je me mêle !). Un directeur marketing d'une grande surface interviewé par un autre journaliste dans la suite du reportage se voulait alors très rassurant et totalement décomplexé : « pas du tout, on a des déjà des retombées très positives, à l'arrivée nous serons gagnants dans l'affaire, car ce type de consommateurs, une fois fidélisés, achètent beaucoup plus ». Au moins, pas de langue de bois, un discours franc du collier ! C'est ce qu'on appelle « accrocher un fil à la patte », une manière d'acheter plus et surtout plus de choses inutiles, en clair : une forme de servitude volontaire,... Je me suis alors rappelé une phrase toujours actuelle d'Antoine de la Boétie : "Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. "
Je ne savais plus s'il fallait rire ou pleurer. J'ai regardé quelques livres pour ne pas perdre pied, j'ai eu envie d'aller marcher dans une forêt avec la femme que j'aime, regarder la mer, surtout éteindre cette télé insupportable, prendre un livre, m'enfouir dans la prose de Thomas Vinau, de Christian Bobin ou de Jim Harrison, quelque chose de beau, de pur, d'inspirant pour les vies parfois brutalisées...
Alors, pour en revenir à cette merveilleuse BD, Zaï zaï zaï zaï, antidote de la connerie, j'espère qu'elle sera mise entre toutes les mains, et celles des enfants en particulier, petits êtres fragiles et désormais connectés en permanence à une société de consommation de plus en plus violente...
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Ce roman graphique, plein d'une dérision bienvenue et d'une satire douce-amère de la société, mérite son succès et ses nombreux prix.
J'ai découvert l'auteur à travers son roman Broadway et j'ai eu envie de découvrir sa facette dessinateur. On retrouve là l'humour cocasse de l'auteur.
Le fil conducteur, c'est l'histoire saugrenue de cet homme, auteur de BD, en cavale après avoir oublié sa carte de fidélité du supermarché. Cette aventure absurde est le prétexte à de nombreuses scènes tout aussi désopilantes et surréalistes. Fabcaro égratigne au passage la morale bien-pensante, les médias, le racisme, la relation familiale, les amis.
On retrouve les travers de notre société et les nôtres aussi et on sourit si on ne rit pas carrément.
Un très bon moment de lecture.
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Récompensée il y a quelques mois par le Prix Ouest-France à l'occasion du festival Quai des bulles de Saint Malo, « Zaï Zaï Zaï Zaï » est une toute petite bande-dessinée à l'humour dévastateur. Les premières cases à elles seules suffisent à nous faire comprendre que Fabcaro n'a pas fait les choses à moitié et a pris le parti d'adopter un ton totalement décalé. Jugez plutôt : à la caisse d'un magasin, un jeune homme se rend compte au moment de payer qu'il n'a pas sa carte de fidélité. Un oubli apparemment pris très au sérieux par les employés du dit magasin puisque le fraudeur est obligé de menacer le vigile (un pro de la roulade arrière) avec un poireau avant de prendre la fuite. S'en suit une chasse à l'homme grotesque qui fait rapidement naître plusieurs débats sur des questions de société qui divisent manifestement la population : « Non parce que là, qu'est ce qu'il va se passer ? Je vais vous le dire : il va aller en prison, ok, mais après, en sortant, qui vous dit qu'il ne va pas de nouveau ne pas avoir sa carte du magasin ? Si ça se trouve, après, il n'aura même pas son jeton pour le caddie ! » Une affaire comme celle-ci ne tarde pas à réveiller de vieilles controverses, chacun ayant évidemment son opinion sur la question, de la boulangère au pilier de comptoir en passant par les hommes politique, les médias, les artistes, les membres de la profession du fugitif...

Ah oui parce que le « criminel » est un auteur de BD... « Comme par hasard... » diront certains pour qui il n'est guère étonnant de voir ce genre de personne impliquée dans une aussi sombre histoire. L'ouvrage consiste en une succession de planches qui nous dévoilent tour à tour l'avancée de la fuite du héros ainsi que les conversations concernant ce triste fait-divers émanant de personnes issues de toutes les couches de la société. le retour des idées nauséabondes de l'extrême-droite, la montée de l'antisémitisme et la prolifération des théories du complot, l'opportunisme dégoulinant de mièvrerie de toutes ces célébrités qui sautent sur l'occasion pour enregistrer un titre prônant l'amour et la tolérance, la paranoïa engendrée et encouragée par les médias... : Fabcaro dénonce par le biais de l'absurde tous les travers de notre société. Et ce n'est pas beau à voir ! L'humour ne l'empêche pas de taper là où ça fat mal, bien au contraire, et certaines scènes sont mêmes d'une telle lucidité et d'un tel cynisme qu'elles en deviennent plus tragiques que comiques. On rit cela dit beaucoup à la lecture de cette bande dessinée tant il est difficile de ne pas s'amuser des pitreries des personnages ou du ridicule de leur argumentaire : « Pff, on essaie encore de nous manipuler avec cette histoire...Bah attends, c'est évident, le gars il fait ses courses un jeudi : jeudi → judaïque → juifs ». CQFD.

Un petit ouvrage complètement barré qui dénonce par le biais de l'humour l'hypocrisie de notre société. Les médias, les bobos, les enseignants, les hommes politiques, les péquins standards qui croient tout ce qu'ils entendent à la télé ou voient sur internet : tout le monde en prend pour son grade ! A consommer sans modération.
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Un BD déjantée et moi j'aime çà.
En arrivant à la caisse, il n'avait pas carte de fidélité. C'est un crime. Il doit fuir.
Voici le prétexte pour Fabcaro pour dénoncer, pour se moquer, pour titiller.
En vrac, l'intolérance, l'excès des médias, le racisme, la politique sécuritaire, la bien-pensance, la société de consommation...
Les dessins sont minimaliste.
Les dialogues sont délicieusement satiriques et mordants.
Jubilatoire.
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Cette lecture m'a tout d'abord étonnée, désarçonnée.
J'ai été insensible à l'humour qui parait-il s'en dégage. Passées les premières pages ou nous faisons la connaissance d'un auteur de BD arrêté dans un magasin où il faisait ses courses pour avoir oublié sa carte de fidélité, J'ai suivi sans grand intérêt la cavale de notre homme jusqu'à son arrestation.
Bof, bof, bof.
Avant de ranger définitivement cet ouvrage dans ma bibliothèque, j'ai malgré tout cherché à savoir pourquoi tant de lecteurs s'étaient délectés de ces pages qui m'avaient semblé tellement opaques et sans attrait.
J'ai donc recommencé ma lecture, et miracle, mes deux neurones sont entrés en action et finalement… j'ai bien ri.
J'ai compris cet humour grinçant et décalé qui fait de chaque situation une aventure loufoque.
Et comme décidément, j'avais retrouvé la grande forme, figurez-vous que j'ai même compris le titre. Zaï Zaï Zaï Zaï !
Merci à Babelio et aux « Editions 6 pieds sous terre » qui m'ont permis cette découverte dans le cadre du Prix SNCF du polar 2016.
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Sans sa vignette "Coup de coeur de la bibliothèque", je serais sûrement passée à côté de ce petit album dont la couverture n'a rien d'accrocheur. Et ça aurait été dommage de se priver de cette histoire déjantée et pleine d'humour.

Partir en cavale à cause d'une carte de fidélité oubliée dans la poche d'un pantalon, rien de plus prometteur. Loufoque jusqu'au bout, cette bande dessinée est une satire réussie de notre société de consommation, des médias et de la politique. Des situations absurdes qui dénoncent les préjugés, les apparences, la rumeur, les clichés. Pas vraiment conquise par le dessin et la couleur, je m'y suis habituée au fil des pages. En bonus, quelques phrases en polonais, volontairement non traduites, qui m'ont bien amusée.

C'est fin, intelligent, très drôle et plein de dérision.
Lien : http://edytalectures.blogspo..
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Complètement décalé, du coup absolument GE-NI-AL. Faire rire sur les clichés et les lieux communs, à la sauce dérision maximum. Quand on a trop pris l'habitude débile de faire du sensationnel avec du rien, et de l'actualité nationale avec du simple fait divers. Sans parler de cette nécessité sociale d'être encarté à ceci ou cela, de rentrer dans des cases. Grand moment de rire :-)
Lien : https://www.facebook.com/liv..
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Peut-on devenir l'ennemi public numéro un de tout un pays juste parce qu'on n'a pas pu présenter sa carte de fidélité au supermarché ?
Eh bien oui, c'est d'ailleurs ce qui va arriver au héros de cette bande dessinée complètement déjantée.
Si vous aimez l'absurde, vous allez être servis, c'est vraiment drôle mais certaines situations font aussi réfléchir sur notre société qui semble parfois bien mal en point.
Par contre, je n'adhère toujours pas aux dessins de cet auteur, je ne les aime pas du tout, question de goût.
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Comment dénoncer avec une gentille férocité la société actuelle dans ce qu'elle a d'absurde, d'imbécile, de méchant, de grotesque ? En incarnant un personnage de BD qui est mis au ban de la société. Pauvre Fab, quel crime as-tu commis pour devenir l'ennemi public numéro un et pour que la presse flaire le scoop et te cloue au pilori ?
Mon Dieu, tu as oublié ta carte de fidélité lors de ton passage à la caisse dans un supermarché ! Quel scandale ! Houuu, houuu, houuu ! Honte à toi !
Un excellent moment de drôlerie décapante, des gags à chaque page, et des messages pas subliminaux du tout qui nous font passer un bon moment !

P.S. : Clin d'oeil à Fanny1980 à qui je dois cette chouette découverte ! Quelle lacune ! Heureusement réparée, si la presse s'était emparée de ce nouveau scandale, je me serais retrouvée à faire du stop et me cacher à mon tour !
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Voyons… qui devrait lire cette BD ? Je liste, par ordre d'apparition :

- les représentants de la grande distribution et leurs méthode de marketing et fidélisation
- les hyper-narcissiques et leurs fanfaronnades
- les compatissants sans empathie et leurs discours verbeux
- les menteurs inventant de grossiers stratagèmes pour masquer leurs erreurs
- les lourdingues à l'humour de plomb
- les intoxiqués du travail
- les pratiquants de la philosophie de comptoir
- les messieurs et mesdames ‘'je sais tout''
- les participants de débats ne s'en tenant qu'aux apparences et/ou s'exprimant de manière absconse
- les individualistes forcenés
- les interviewers et interviewés des micros-trottoir
- les intoxiqués des loteries diverses
- les auditeurs prêts à gober n'importe quoi
- les députés et leurs séances du niveau de cour d'école
- les individus réclamant tout et son contraire dans la même phrase
- les racistes et anti-juifs
- les individus qui mentionnent le prix de ce qu'ils ont à longueur de conversations
- les délateurs anonymes
- les exhibitionnistes
- les dénicheurs de promos pourries
- les journalistes ‘'en direct'' qui inventent n'importe quoi pour compenser leur manque d'informations
- et, de manière générale, tous ceux à l'égo surdimensionné

… le problème, c'est que, selon toutes probabilités, très peu d'entre eux se reconnaîtront dans cette BD !!

Pour ceux qui ne se classent dans aucune de ces catégories (hum.. hum..) : lisez cette BD ; cela vous replongera dans des situations familières et vous amusera.
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Zaï Zaï Zaï Zaï, la BD, le Film, La Chanson...

Pour quelle raison Fabrice s'est il mis au ban de la société ?

Il a grillé un feu rouge
Il conduisait avec plus de 0,50 g
Il a oublié sa carte de fidélité
Il a volé des fraises Tagada au LIDL
Il a voulu payer ses courses en liquide

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Thème : Zaï zaï zaï zaï de FabcaroCréer un quiz sur ce livre

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