Avant « le Dictateur » (« The Great Dictactor »), on ne connaissait presque
Charlie Chaplin qu'avec des films centrés sur le personnage de Charlot. un personnage burlesque, tombant toujours dans des situations plus ou moins drôles, à « danser » avec des policiers pour s'en échapper, à éviter de prendre des coups, à vivre ou survivre comme il peut et/ou à avoir des boulots éreintant par leur répétitions ou leur dangerosité. Ah et parfois, un peu de romance apparaît.
Et puis soudain, ou presque, Chaplin nous sort le Dictateur ! Cela commence comme dans la plupart de ses Charlot avec un gars un peu « perdu », un simple soldat lors de la Première Guerre mondiale qui, manque de chance, tombe dans le coma. Tout ça pour se réveiller à la fin des années 1930 dans une Allemagne (enfin non, la Tomainia) qui a bien changé. Mais ça il ne le sait pas encore. Et cerise sur le gâteau, c'est un barbier juif. Pas la peine d'en écrire plus, hein ! Vous connaissez au minimum cette période de l'Histoire pour savoir qu'il n'était pas bon d'être Juif. Donc de Charlot, on passe à ce barbier, plutôt craintif (alors que Charlot a un coté vindicatif), dans un monde devenu brun, affreux dirigé par Hinkel, un dictateur aussi imbu de lui-même qu'une « parfaite » caricature d'Hitler (du moins pour ce qu'on en savait sur lui avant les exterminations de masse).
De ce film, plusieurs scènes sont mémorables : le discours de Hinkel tout en onomatopées gutturales, sa danse avec le monde, mais aussi le barbier et sa manière de tailler une barbe tout en rythme avec une musique diégétique et surtout le dernier discours prononcé par le barbier/Chaplin. Et j'en passe.
Chaplin a traversé plusieurs difficultés pour réaliser ce film. Déjà, la suspicion des autorités américaines : on ne connait pas les véritables origines de Chaplin, il y a toujours eu le doute qu'il avait au moins un parent juif et qu'en plus Chaplin aurait eu sa carte du Parti Communiste. La belle affaire me diriez-vous ? Et je serai bien du même avis que le vôtre mais… La fin des années 30, les USA, le lobby allemand/nazi aux Etats-Unis, le FBI, etc. Mais bon, Chaplin a plus d'un tour dans son sac et pour une simple raison (en fait deux) : le studio de tournage lui appartient et il a de l'oseille. Donc, il le fait son film.
Après, il y a eu l'accueil du public et des critiques. Il a été très bien perçu au Royaume-Uni (c'était en pleine guerre d'Angleterre, ça a pu jouer), moyennement aux Etats-Unis et fraîchement accueilli en France. Pour ce dernier accueil, cela peut se comprendre, le film sort en 1945, on est à la sortie de la guerre et on connait depuis les crimes perpétrés par les nazis.
Voilà ce que j'ai bien retenu de cet essai. L'auteur nous fait également toute une comparaison entre Chaplin en tant que Charlot et en tant que barbier. Il analyse bien les danses des deux protagonistes principaux, les discours aussi du dictateur. Tout cela pour montrer que ce film au départ burlesque plonge vers un film politique et un futur proche bien sombre. Et sans les notes d'espoir du dernier discours, on sortirait du visionnage bien abattu. Esquenazi présente comment Chaplin a voulu montrer aux spectateurs qu'il fallait lutter contre le nazisme par des situations parfois caricaturales mais parlantes.
Dans l'ensemble, c'est agréable à lire, des nombreuses photos du film sont présentes. J'ai appris quelques anecdotes, j'ai envie de revoir ce film. Pour autant, je n'arrive pas trop à savoir pour quelle(s) raison(s), je trouve qu'il manque d'encore plus de profondeur et de comparaisons avec des films de cette période ou après pour peut-être voir une évolution de films politiques.