Cela fait plus de cinq ans que j'entends parler de ce livre, et tout autant de temps que j'ai refusé de le lire. Non, franchement, les ouvrages de développement personnel, je refuse. À tort ou à raison, j'en conviens. Je fais partie des adeptes de la psychanalyse : le divan, rien que le divan. Et puis me lever à 4 heures du matin, très peu pour moi.
Et puis… Et puis je suis partie chez mon bon libraire la semaine dernière à la recherche d'un roman qu'il n'avait pas. Près de la caisse, je vois The
Miracle Morning en poche. Tout d'un coup, sans prévenir, ma main l'a attrapé et l'a donné au caissier. « Allez, pourquoi pas ? Laisse sa chance au produit ». Et voilà, voilà comment j'ai participé au succès du best-seller de
Hal Elrod, un type pour moi franchement inconnu au bataillon, dont j'apprends qu'il est l'archétype du gourou de développement perso à l'américaine, à savoir qu'il ne fait rien d'autre à part prêcher la bonne parole et vendre des livres dont l'idée est la même mais déclinée sous mille formes.
Je suis assez dure et c'est un peu injuste car finalement, The
Miracle Morning ne mérite pas que je le bousille. Bon, il est écrit avec les pieds et répète 110 fois la même chose sur 200 pages, mais il dit, si l'on sort de la mise en scène à l'américaine, que la réussite (quelle qu'elle soit : financière, amoureuse, amicale…) n'est jamais le fruit du hasard. Et ça, c'est intéressant. Mais je vais trop vite, reprenons les choses dans l'ordre.
The
Miracle Morning est une méthode de développement personnel pour « réussir » (selon vos critères de réussite) dans tous les secteurs de votre vie qui vous tiennent à coeur. Schématiquement, l'idée est la suivante : quel est l'idéal, si tout était possible, que vous souhaiteriez vivre ? Il faut viser haut, très, très haut, et précis, très, très précis. Par exemple, si vous souhaitez être un auteur et en vivre, il faut être en mesure de formuler votre rêve de la sorte : « je veux que mon manuscrit soit publié, se vende à 130 000 exemplaires et remporte le Goncourt avant 2024 ». Peu de personnes formulent leur objectif de façon claire, ce qui fait que nous vivons globalement avec des objectifs vagues (« j'aimerais être publié un jour » ou encore le fameux « ah ! si j'étais riche… »). Et surtout, peu s'autorisent à dire explicitement qu'ils ont des rêves de grandeur, de peur de se faire rabrouer (« ouais ouais c'est sympa
Jean-Pierre tes ambitions mais commence déjà par finir la semaine »), mais aussi par héritage judéo-chrétien qui grosso modo nous inculque malgré nous que l'ambition, c'est la vanité. Et la vanité, c'est … bas.
Bref, une fois votre objectif clair, vous ne pouvez pas ne rien faire. Car rien ne tombe tout cru dans le bec. Donc il va falloir se retrousser les manches et surtout, croire en votre objectif, aussi mirobolant soit-il. Y croire et en être convaincu, envers et contre tout. Car selon
Hal Elrod, c'est bien ça le plus dur. Donc vous allez vous lever une heure plus tôt que votre horaire habituel, et vous allez consacrer cette heure à votre propre développement personnel. Vous pouvez, comme le suggère
Hal Elrod, apprécier le silence (10 minutes), puis répéter à voix haute vos affirmations diverses et variées (votre futur prix Goncourt – 10 minutes), puis visualiser le jour où vous allez recevoir votre Goncourt (10 minutes), puis faire un peu d'exercice physique (10 minutes), puis écrire votre journal (10 minutes), puis lire quelques ouvrages ou articles de développement personnel (10 minutes). Enfin, votre heure habituelle de réveil commence, et vous faites ce que vous faites normalement, tous les jours. Mais votre mental est prêt, il acquiert la certitude jour après jour que vous allez remporter le Goncourt. de ce fait, à force d'y croire, vous allez mieux écrire, solliciter plus de personnes, prendre un bon agent (moi), et l'énergie de votre conviction va vous porter à faire les efforts nécessaires. Ces efforts vont porter des fruits qui vont renforcer votre croyance, et ainsi de suite.
Le meilleur exemple est celui de l'acteur
Jim Carrey qui, en 1987, quand il n'était rien ni personne, s'était rédigé un chèque de 10 000 000 de dollars, daté Thanksgiving 1995, pour service rendu d'acteur.
Jim Carrey a ensuite mis ce chèque (objet de visualisation) dans son portefeuille et l'a regardé tous les jours en prononçant ses affirmations et en visualisant des réalisateurs qui venaient lui proposer des grands rôles. 4 mois avant Thanksgiving de l'année 1995, il se voit proposer un contrat à 10 millions pour le premier rôle du film Dumb & Dumber.
Je ne sais pas si la méthode fonctionne mais j'ai bien sûr rédigé mes objectifs (10 millions, quand même, ça vaut le coup de tenter !). Je vous tiendrai informés de mes succès ou non.
Toujours est-il que je trouve plusieurs points intéressants dans cet objet marketi… euh dans ce livre.
1) Formuler noir sur blanc ses rêves dans plusieurs domaines permet de donner un cap bien plus précis à nos actions ;
2) Viser des choses très ambitieuses (et se mettre au travail pour) a effectivement plus de chance de porter ses fruits que viser des objectifs relativement mous (et cela est dit sans être péjoratif) ;
3) Commencer à croire que telle ou telle chose est possible donne une perspective différente à sa vie.
J'en suis venue à me dire que certaines personnes agissaient comme ça spontanément, sans avoir besoin du
Miracle Morning. Un homme comme
Sarkozy a probablement toujours pensé que c'était possible, et il a sûrement beaucoup visualisé sa victoire à la présidentielle (en tout cas, on sait qu'il le faisait en se rasant). Et je suis convaincue d'une chose, en refermant cet « ouvrage » (?), c'est que le succès n'arrive pas par hasard. Bien sûr, il y a du travail derrière, mais il y a aussi un mental façonné pour cela.
Alors, est-ce que TOUT est possible ? Non, je ne le pense pas. Il y a mille et une choses autres qui influencent : les drames inenvisageables, les névroses et les psychoses, la concurrence diverse et variée selon les sujets, et les autres, avec qui nous vivons et évoluons, qui ont une influence primordiale sur nos vies. Mais n'empêche, nous avons sûrement plus de potentiel que ce que nous pensons.
Faut-il lire ce livre ? Je n'en sais rien. Des livres qui vous expliquent comment booster votre potentiel, il y en a des centaines. Et j'imagine que tous disent globalement la même chose : mettez-vous en situation de croire en vos rêves pour agir. Nous sommes d'accord, ce n'est pas le message du siècle, mais nous sommes loin de le faire, pour la plupart d'entre nous.
Cela étant, je n'ai pas changé l'heure de mon réveil. 6 heures, je trouve ça déjà tôt. Mais le soir, avant de dormir, je m'amuse à dire à voix haute, un peu comme une folle, mes plus folles et secrètes ambitions. Et ça, je reconnais, ça m'éclate.
Jo la frite
Lien :
http://coincescheznous.unblo..