Le roman de l'adolescent myope commence comme un roman d'apprentissage. L'auteur-narrateur
Mircea Eliade raconte ses années de jeunesse. Il a dix-sept ans, se trouve laid, avec un corps maigrichon, un visage peu avenant, une myopie sévère qui le force à porter des lunettes hideuses, etc. Bref, une adolescence qui ne l'a pas épargné. (Quoique je crois qu'il l'ait imaginé pire qu'elle ne l'était.) Mais il est intelligent, heureusement, il aime beaucoup lire. Et cette intelligence, avec sa grande culture, compenseront pour son physique qu'il juge disgracieux.
Dans la première partie, on suit Eliade dans ses péripéties avec ses amis, leur quête des jolies filles, les études, la fin des classes. C'est plutôt agréable à lire, je me suis un peu attendri sur le sort de ce pauvre garçon, pris dans un corps qu'il déteste, qui se réfugie un peu dans les livres mais pas trop car ses amis l'encouragent à les suivre dans leurs sorties et leurs quêtes amoureuses. le tout dans un décor auquel je suis peu habitué : Bucarest, Roumanie, au début du XIXe siècle. J'étais curieux de lire la suite.
Malheureusement, la deuxième partie m'a moins plu. La troisième non plus. Eliade a dix-huit, dix-neuf ans, puis le début vingtaine. Il délaisse sa mansarde pour chercher sa place dans le grand monde. Les cours l'amusent, les virées avec les amis prennent davantage d'importance. Les femmes aussi. Surtout, il écrit ; il réussit même à faire publier des articles dans des journaux.
Mais il manque un petit quelque chose à toute cette suite ininterrompue d'événements. J'avais l'impression de lire un texte courant. Bon, j'exagère, mais un roman devrait donner plus que : « J'ai fait ceci, puis cela, puis après ceci encore, etc. » Selon moi, il manquait un état d'âme, si je puis m'exprimer ainsi. Je ne savais pas trop ce que je devais retirer de ma lecture de ses péripéties d'enfance. L'écriture est jolie, les faits racontés ne sont pas inintéressants, certes, mais la magie n'y opérait pas. Dans tous les cas, pas au milieu ni la fin. Dommage.