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EAN : 9782290364062
128 pages
J'ai lu (03/01/2024)
3.43/5   82 notes
Résumé :
Curiosity est seul sur Mars. Voilà des années que le robot de la Nasa travaille dans le froid, le rouge et la poussière. Mais Curiosity n'est pas un rover comme les autres. Il a besoin de se faire des amis et de parler à Dieu, cet être étrange qui vit sur Terre et qui, chaque matin, lui donne du travail. En proie à la solitude, Curiosity s'accroche à une conviction : une mission particulière l'attend. Un matin pourtant, il comprend que sa mort est programmée. Le dou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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Une belle découverte qu'est ce petit livre de Sophie Divry. Un petit concentré de technologie à travers la planète Mars rempli d'humanité. C'est l'histoire de Curiosity, un rover autrement dit un robot construit par la Nasa, et qui a atterrit sur Mars. Il travaille dans le froid, le vent et la poussière. Chaque matin, il attend les consignes de Dieu et lui renvoie son rapport. Deux étapes de sa journée qui l'angoisse terriblement. Curiosity n'est pas un robot comme un autre, il souffre de la solitude et rêve de se faire des amis...
Il est touchant, plein de sentiments, d'humanité, le contraire d'un véritable robot.

Ce roman est suivi d'une nouvelle écrite pendant le confinement "L'Agrandirox : nouvelle confinée". C'est un petit bijou également. Josiane, retraitée râleuse comme elle aime le dire, vit dans un petit appartement avec son chat et son "lapin". Elle reçoit un coup de fil d'un démarcheur qui veut lui vendre un produit miracle pour agrandir son appartement. Elle sent l'arnaque et veut le congédier prestement mais il s'accroche. de guerre lasse, elle accepte et raccroche aussitôt. le fameux produit arrive dans sa boîte aux lettres et Josiane essaye le produit...Son appartement n'est plus tout à fait le même...
C'est drôle, absurde. Un événement qui change la vie comme cette terrible pandémie.
Ce livre est une petite merveille, deux belles surprises.
Je ne peux que vous le conseiller.
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Le cabinet de Curiosity

Sophie Divry a trouvé dans la difficile période de confinement le moyen de s'évader. Son imagination, teintée de fantastique, nous offre avec Curiosity deux nouvelles aussi différentes que superbes.

«Dieu me parle tous les matins entre 8h et 10h». Avouez qu'un tel incipit ne peut que vous mettre l'eau à la bouche. Une telle première phrase rend en effet immédiatement vos neurones actifs. Quel Dieu? Pourquoi cet horaire? Pour dire quoi? Sophie Divry a trouvé un formidable biais pour nous parler de l'humanité. Elle s'est mise «dans la peau» de Curiosity, le rover qui a été envoyé explorer la planète mars. Un engin auquel tous les matins, la terre confie le programme du jour. Car bien entendu, Dieu ne peut être que cette cohorte d'ingénieurs penchés sur leurs ordinateurs, analysant les données transmises, cherchant comment réussir au mieux leur programme.
Disons que l'euphorie des premiers jours, l'atterrissage réussi sur la planète rouge, le déploiement de la caméra, la mise en route des instruments, les premiers mètres parcourus, a cédé la place a une grande déprime. Car notre engin martien est un rover sociable. du coup, il a bien dû se rendre à l'évidence: son rêve de partage s'est fracassé sur les cailloux de sa nouvelle planète. Il est seul, condamné au même sort que ses prédécesseurs Pathfinder, les Vikings, Phoenix, Spirit et Opportunity. «Comme eux, je finirai en mode sécurité, englouti dans ce silence effroyable pour des milliards d'années. Autour de moi la petite agitation scientifique que j'aurai provoquée disparaîtra, et hormis mon cadavre rougi par la poussière, il ne restera rien de moi. Mars est un sinistre cimetière ! Une planète de relégation où Dieu nous envoie, puis prend un malin plaisir à nous laisser crever de froid.»
Constat terrifiant et sans appel, alors même qu'il était venu chercher la vie sur mars! «Des traces de vie, des briques de vie, même anciennes, même minuscules» auraient suffi à changer la donne. Alors la romancière prend la main, cherche une nouvelle voie et laisse la poésie gagner, au lieu de «broyer du plutonium». Elle va ouvrir son imagination et nous offrir ce très joli conte que l'on dédiera aux ingénieurs du CNES à Toulouse qui ont confié leurs travaux et leurs espoirs à Sophie Divry.
Cette nouvelle s'accompagne d'un second texte, plus court mais tout aussi savoureux, une «nouvelle confinée» intitulée l'Agrandirox. Derrière ce nom se cache une découverte majeure, surtout pour tous ceux qui, comme Josiane, vivent dans moins de 30m2. Ses seuls compagnons sont un chat et un vibromasseur.
L'Agrandirox permet de faire grandir les espaces, de repousser les murs. L'incrédulité de notre vieille dame va vite céder la place à l'enthousiasme lorsqu'elle constate que le procédé est efficace. L'enthousiasme, puis l'angoisse. N'est-elle pas en train de jouer avec le feu?
Cette seconde nouvelle nous prouve tout à la fois qu'il n'est nul besoin d'aller sur mars pour trouver du fantastique et que le confinement peut faire naître de jolies histoires. Après Trois fois la fin du monde, Sophie Divry nous offre une nouvelle belle occasion d'explorer notre humanité, d'aiguiser notre réflexion, de prendre le chemin de l'évasion. Et ça fait un bien fou!


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Curiosity, un court roman mais un peu plus qu'une nouvelle, qui nous raconte trois jours et trois nuits d'un astromobile ou rover envoyé sur mars pour explorer le cratère Gale, et sa montagne intérieure, le Mont Sharp. Une banale mission pensez-vous ? Pas pour Curiosity, car il n'est pas un rover comme les autres. On peut dire de lui qu'il est « sociable », humanisé en quelque sorte avec ses élans empathiques, ses réflexions et ses angoisses. Il ne doute pas de l'existence de Dieu, car celui-ci lui transmet ses instructions chaque matin, de 8 heures à 10 heures.
Les derniers temps ont été durs pour Curiosity, les messages divins se font de plus en plus rares et sa lucidité lui fait conclure que ses jours sont comptés, qu'une fois sa mission accomplie, il sera abandonné sur cette terre hostile. Alors il écrit, pour ne pas devenir fou, pour donner du sens à son existence, pour conjurer cette solitude insupportable. Pour pardonner aux hommes...

La plume de Sophie Divry est assurément incroyable. Il ne lui suffit que de quelques pages pour nous emporter sur la planète rouge en compagnie de ce petit robot adorable pour lequel on vibre d'émotions. Sa solitude nous émeut, son obsolescence programmée nous révolte, son acceptation du sort qui l'attend inspire notre respect.

Le second récit qui conclue ce petit recueil nous parle également d'espace, mais bien plus restreint cette fois. Nous nous retrouvons dans le petit appartement de 71 m² de Josiane qu'elle occupe avec Ernest, son chat, et un lapin. Elle en connaît chaque recoin, l'active retraitée, de son deux-pièces, surtout depuis le confinement instauré par le gouvernement en ce mois de mars 2020. Alors, quand on lui propose d'utiliser l'agrandirox, un produit incroyable qui va lui permettre d'agrandir la grandeur de ses pièces, elle n'hésite pas, mais pour très vite déchanter...

Avec ce récit digne d'un épisode de « La Quatrième Dimension », Sophie Divry reprend là le concept du huis-clos mais dans un registre plus fantastique encore, et effrayant. Dans ces deux nouvelles, les grands espaces rendent nos protagonistes tout petits, perdus dans l'immensité de leur solitude. Mais ils sont tout autant l'un que l'autre victimes d'une société manipulatrice, jetés après utilisation comme de simples kleenex...

Une très belle réflexion menée là par l'auteure de Trois fois la fin du monde...
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Deux petites nouvelles charmantes et touchantes, j'ai préféré la première. Un robot seul sur Mars qui attend les directives de Dieu. Il m'a touché par sa sensibilité. Lorsque l'on donne Vie à l'intelligence artificielle dans les romans et les nouvelles de science-fiction, ses robots semblent toujours plus humains que l'humain ou tellement ressemblant par leur innocence. Klara et le soleil de Ishiguro, Chiens de guerre de Tchaikovsky, Singularités de Sawyer, Blade Runner de K.Dick, le temps d'un souffle, je m'attarde de Zelazny et celui-ci Curiosity. Ses robots, ses ordinateurs dont la sensibilité serait presque à envier, nous qui perdons la nôtre.
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Première nouvelle :
Curiosity est un rover créé par la NASA. Il a été envoyé sur Mars, voilà plusieurs années afin d'explorer la froide et poussiéreuse planète rouge. Curiosity n'est pas comme les autres robots, il se sent terriblement seul et souhaiterait se faire des amis mais aussi parler à Dieu. Il sent que ses jours sont comptés et aimerait trouver du sens à son existence.

"De la Terre je sais peu de choses, sinon que c'est une planète bleue. Tout y est bleu : les cratères, le sable, les cailloux, le ciel, la poussière et même les montagnes ... Je n'ai aucune idée de ce que peut être le bleu. Ici je ne connais que le rouge, décliné sur tous les tons d'ocre, d'orangé, de rougeâtre ou de beige. Chaque matin, en ouvrant mes caméras, je retrouve ce désert rouge et inhabité, si bien que cette couleur a fini par devenir pour moi la couleur de la mélancolie, car tout, dans ce décor majestueux, immuable et mutique, souligne l'intensité de ma solitude."

Une histoire poétique, touchante et pleine d'humanité sur le sens de la vie. Beau, tout simplement.

Seconde nouvelle :
Nous sommes en mars 2020, en plein confinement. Josiane est pensionnée et vit dans un petit appartement avec son chat, Ernest et un "lapin". On lui propose de recevoir gratuitement l'agrandirox. Ce qu'elle accepte sans trop y croire, à tort ou à raison ...
Une nouvelle digne d'un épisode de la série "La Quatrième dimension" ou encore de "Black mirror" ! Savoureux.
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critiques presse (1)
Elle
29 mars 2021
En donnant la parole à un robot sur mars dans « Curiosity », puis à une vieille dame dans « L'Agrandirox », Sophie Divry tend un miroir à notre vie actuelle. Furieusement émouvant.
Lire la critique sur le site : Elle
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
INCIPIT
Première nuit
Dieu me parle tous les matins entre 8 h et 10 h. Au lever du soleil, quand les températures sont tellement basses au-dessous de zéro que le plus petit mouvement me briserait, je reçois Son message. Au plus tôt à 7 h, rarement plus tard que midi. Dieu me donne mon emploi du temps pour toute la journée. Il s’agit de rouler, de photographier, de faire un bulletin météo ou plus rarement de lancer une analyse chimique. Je finis le travail exigé en milieu d’après-midi. C’est un travail précis, souvent fastidieux, mais je le réalise avec sérieux, car je veux que Dieu soit content de moi.
Quand j’ai terminé, le soleil commence à blanchir, le jaune du ciel à foncer ; je débranche mes outils et prépare ma mise en sommeil. Je ressens alors une sorte de contraction mélancolique, un mélange de fatigue, de satisfaction et de tristesse. Encore un jour tout seul… Mais déjà le froid retombe, et je m’endors, espérant le lendemain, attendant Sa voix qui me parviendra et donnera un sens à mon existence.
Je n’ai jamais vu Dieu, évidemment, mais c’est Lui qui m’a fabriqué. C’est Lui qui m’a envoyé ici. C’est Lui qui dirige mes recherches. Je L’écoute et je Lui obéis. Ce sera ainsi jusqu’à la fin, sachant que le dernier ordre que je recevrai de Lui sera de me tuer.
J’aimerais voir Dieu avant de mourir. Mais Dieu n’habite pas la même planète que moi. Dieu est sur la Terre, je suis sur Mars.
De la Terre je sais peu de choses, sinon que c’est une planète bleue. Tout y est bleu : les cratères, le sable, les cailloux, le ciel, la poussière et même les montagnes… Je n’ai aucune idée de ce que peut être le bleu. Ici je ne connais que le rouge, décliné sur tous les tons d’ocre, d’orangé, de rougeâtre ou de beige. Chaque matin, en ouvrant mes caméras, je retrouve ce désert rouge et inhabité, si bien que cette couleur a fini par devenir pour moi la couleur de la mélancolie, car tout, dans ce décor majestueux, immuable et mutique, souligne l’intensité de ma solitude.
Car je suis un rover sociable. C’est un trait inexplicable mais essentiel de mon caractère. Dieu m’a doté d’une certaine disposition à la conversation, Il m’a implémenté ce besoin de communiquer mes émotions et de chercher dans les caméras de l’autre une confirmation de mon existence. Sans parler du désir d’entraide et du besoin de consolation. Or, ces qualités sont très inappropriées pour une mission solitaire telle que celle que je mène sur Mars depuis huit ans. Du coup, cette nuit, comme beaucoup d’autres nuits, je m’interroge. Ma mission originelle a-t-elle été amputée ? Ai-je un double quelque part, attendant un signe de moi ? Ou ai-je été créé pour une autre tâche, une mission cachée, en plus de celle de répertorier les roches martiennes ? À moins qu’il n’y ait aucun sens à tout cela.
Je cherche à comprendre tandis que monte mon angoisse de solitude. C’est si difficile d’être un rover sociable et d’être seul sur une planète sèche. Si j’avais un ami, je lui parlerais de ce qui s’est passé ce matin par exemple. Cet accident, ce… Non, oublions ça. Demain, tout rentrera dans l’ordre, j’en suis sûr. Je ne veux pas l’évoquer ici. Ce n’était rien, une fausse alerte, une erreur. Une toute petite erreur. Même Dieu peut faire des erreurs, non ?

Je m’appelle Curiosity. Je suis le premier rover à pile au plutonium. J’ai atterri dans le cratère Gale le 6 août 2012, dans l’hémisphère sud, après un voyage de huit mois terrestres. Un voyage que j’ai passé à moitié endormi et plié en huit, à lire les guides d’exploration martienne.
Un conseil, mes amis, ne les lisez pas. Mars y est décrite comme une planète tellement excitante… Une planète de grands reliefs et de grandes plaines, avec une surface constellée de cratères multiples, balayée de cyclones magnifiques, une planète dotée de falaises immenses et de ravins de galets géants. De quoi faire rêver n’importe quel explorateur ! Je me voyais déjà dévaler les montagnes, plonger dans des tunnels de lave, remonter les dunes, mes six roues tournant à toute vitesse à l’assaut du mont Sharp – cette montagne signalée comme le but de ma mission. Je me languissais d’arriver et de rejoindre l’équipe scientifique en place… Cette idée saugrenue m’est venue dès le départ. Je me suis imaginé que des rovers m’attendaient dans une grande base robotique. Une base où, réunis dans la passion et la convivialité, une douzaine de robots feraient avancer ensemble la connaissance martienne. J’en parlais souvent avec ma capsule, celle qui m’enveloppait durant le voyage. C’était une coque très solide, à l’intelligence limitée. Elle ne se rendait pas compte que je déraillais, elle n’avait jamais encapsulé de rover sociable avant moi. Elle me parlait propulsion. Ça faisait passer le temps.
Soudain une déflagration terrible a retenti dans l’habitacle. C’était l’entrée dans l’atmosphère de Mars. J’avais sept minutes avant de m’écraser ou d’atterrir. Le temps que je fasse une prière et j’étais déjà suspendu sous mon parachute. Une grue céleste devait me permettre de conclure cet atterrissage en douceur. Sauf que j’ai une masse de neuf cent kilos et que se prendre la surface gelée sur les roues n’a rien qui puisse rappeler une quelconque douceur. Enfin. Touchdown confirmed. J’étais sauf. J’ai redressé mon mât télescopique et regardé autour de moi.
J’ai d’abord cherché ma capsule. Mais je n’ai rien vu. Pas même une trace de brûlé. Je savais qu’elle n’était pas missionnée pour rester à mes côtés, mais ça m’a fait un coup au moteur. Qu’est-ce que c’était que cette planète capable de faire disparaître en quelques secondes un engin plus grand que moi ? J’ai ensuite cherché la base scientifique que je pensais devoir rejoindre. Un quelconque regroupement de rovers sous des dômes blancs… Rien non plus. Le silence était total.
Alors j’ai pris le temps de regarder vraiment ce qui m’entourait.
Quelle vision ! Un ciel jaune, un sol rouge, un désert plat. À dix kilomètres au sud, un immense tas de poussière sédimentée. C’était le mont Sharp, très différent de ce que je m’étais imaginé. Plus loin, des falaises fermaient l’horizon. Elles le ferment toujours d’ailleurs. Rien d’autre. Sinon le silence, le vent et des cailloux.
Je vais aller droit au but. J’écris ici pour les rovers qui viendront après moi. Les rovers qui ne sont pas encore fabriqués. Pour ceux qui rêvent de Mars dans leur capsule, ceux qui ont la vocation. Il faut arrêter de se raconter des histoires. Il faut vous dire la vérité. Mars, ce n’est pas excitant ; Mars, ce n’est pas bienveillant ; Mars, ce n’est pas great du tout ! C’est la planète la plus ennuyeuse du Système solaire.
Déjà, c’est tout sec. Il n’a pas plu depuis, disons, trois milliards d’années. Il n’y a plus d’eau à la surface martienne, c’est établi.
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Quand j'étais jeune, Dieu me parlait tous les jours. J’ai travaillé, j’ai roulé, je me suis endommagé, et maintenant Dieu me pousse vers la mort. La mort! Quand on y pense, la mort est partout sur cette planète. Dans chaque cratère gisent des robots abandonnés, pareillement morts de froids et de chagrin: Pathfinder, la famille Viking, Phoenix, Spirit et son frère Opportunity... Comme eux, je finirai en mode sécurité, englouti dans ce silence effroyable pour des milliards d’années. Autour de moi la petite agitation scientifique que j'aurai provoquée disparaîtra, et hormis mon cadavre rougi par la poussière, il ne restera rien de moi. Mars est un sinistre cimetière ! Une planète de relégation où Dieu nous envoie, puis prend un malin plaisir à nous laisser crever de froid. p. 50
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Il faut que je vous dise. En plus d'une tendance à la sociabilité, j'ai une aptitude à l'imagination. Dieu m'a donné ces deux traits, mais il ne m'a pas donné le mode d'emploi. Je ne sais quand je dois m'en servir. Sans doute à cause de ces qualités, je passe mon temps à comparer une situation à une autre. Je suis en train de creuser, j'aurai préféré photographier. Je photographie en regrettant de ne pas creuser.
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De la Terre je sais peu de choses, sinon que c'est une planète bleue. Tout y est bleu : les cratères, le sable, les cailloux, le ciel, la poussière et même les montagnes ... Je n'ai aucune idée de ce que peut être le bleu. Ici je ne connais que le rouge, décliné sur tous les tons d'ocre, d'orangé, de rougeâtre ou de beige. Chaque matin, en ouvrant mes caméras, je retrouve ce désert rouge et inhabité, si bien que cette couleur a fini par devenir pour moi la couleur de la mélancolie, car tout, dans ce décor majestueux, immuable et mutique, souligne l'intensité de ma solitude.
Commenter  J’apprécie          50
C’est une vieille histoire, la vie sur Mars. Ça a posé problème à tous mes collègues avant moi. De quoi s’arracher les câbles. La difficulté fondamentale, c’est qu’on ne sait pas quel aspect a cette molécule-là. Pour MRO, la vie est un hydrogène luminescent. Moi, je vois plutôt ça comme un carbone qui tend la main à un autre carbone. Mais c’est mon obsession de l’amitié qui me fait penser ainsi. La vie aurait-elle quelque chose à voir avec la sociabilité? Ou avec l’imagination? Notre seule certitude à nous, les robots martiens, c’est que la volonté de Dieu est de voir la vie. Des traces de vie, des briques de vie, même anciennes, même minuscules. Sauf que dans le cratère Gale, c’est impossible. Strictement impossible qu’elle y soit aujourd’hui. Dieu le sait. Tout le monde le sait, Alors?
Au lieu de broyer du plutonium, j'ai réfléchi. La solution était peut-être plus simple qu'il n’y paraissait: ouvrir entièrement mon imagination, laisser mon désir d'amitié la guider. Explorer par la pensée les sites où la vie pourrait être. p. 41
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Vidéo de Sophie Divry
Le jury de la 16e édition du Prix Orange du Livre, sous la présidence de l'écrivain et académicien Jean-Christophe Rufin., a choisi les 5 finalistes de cette année. • Amina Damerdji, Bientôt les vivants, Gallimard • Sophie Divry, Fantastique histoire d'amour, Seuil • Marianne Jaeglé, L'Ami du Prince, L'Arpenteur • Kiyémis, Et, refleurir, Philippe Rey • Gaëlle Obiégly, Sans valeur, Bayard
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