Eden, fille de personne

Il est rare dans ma longue vie de lectrice de romans américains, d'apprendre encore quelque chose sur les modes de fonctionnement, les lois qui régissent ce pays. Quelque chose qui heurte, quelque chose qui choque, quelque chose qui me fasse hurler...
Ce livre est né d'un hasard , l'auteure étant tombée sur un reportage à la télévision, un documentaire de Sophie Przychodny sur le ""rehoming" ( pratique qui permet à une famille américaine de céder à une autre, vite fait bien fait et la plupart du temps avec transaction financière, l'enfant qu'elle a adopté, Cette pratique est courante dans certains états américains. ")
Agences spécialisées, catalogue avec photos d'enfants, vidéos, défilés sur tapis rouges, petits entretiens autour d'une table, d'un quart d'heure... je vous laisse imaginer , toutes les dérives qu'il peut y avoir (pédophilie..) et le déséquilibre émotionnel et psychologique que cela engendre chez ces enfants, ballotés de famille, en famille, jetés comme des objets périmés au moindre "défaut"... Affreux !
Marie Colot, autrice belge , a donc réussi l'extrême prouesse de traiter parfaitement ce sujet difficile, tout en nous imergeant dans un pays qui n'est pas le sien, dans ce roman bouleversant, révoltant , avec sa petite Eden, fille de personne.

Lorsqu'on fait sa connaissance , Eden a presque seize ans, c'est l'été , elle travaille dans une superette pour gagner quelques sous, histoire d'améliorer son ordinaire. Son ordinaire, c'est dans un foyer de gosses comme elles, cabossés, traumatisés, écorchés, détruits... Elle a déjà vécu dans quatre familles, la dernière, elle y croyait, jusqu'au drame qui l'a bannie de la maison. Drame qu'elle porte comme un fardeau.
Un couple de personnes agées veut l'adopter, c'est sa dernière chance, il faut mettre le paquet, séduire...
Mais Eden, a un caractère bien trempé, et traîne beaucoup de désillusions.
Entre petites révoltes, amitiés trahies, espoir, premier amour, Eden se construit pas à pas. On espère vers le meilleur , un lendemain .
Le parallèle qui est fait avec les animaux abandonnés de la SPA, est percutant. le chien qui s'appelle Tomorrow...
La petite ville américaine où il ne se passe rien, écrasée par la chaleur, on s'y croierait...
L'éducateur, Peter, qui ne baisse jamais les bras, terriblement humain.
Tout.
J'ai tout aimé dans ce roman. Pas une virgule à enlever, un mot à changer.
Gros, gros coup de coeur...

À presque 16 ans, après avoir porté 4 noms de famille et vécu dans 3 foyers sociaux, Eden retrouve, après avoir été déposée par Ann et Blake, les murs de L'amarrage, le centre d'accueil De Page, Arizona. Heureusement que son amitié avec Clyde l'a aidée à traverser cette nouvelle épreuve. Mais voilà qu'au bout d'un an, ce dernier se fait la malle, sans la prévenir. Qui plus est, en lui ayant piqué tout l'argent qu'elle avait gagné, job après job. Si, évidemment, elle lui en veut, c'est surtout que maintenant la vie au foyer est intenable. Alors qu'elle travaille tout l'été à l'épicerie, « Johnson's Brothers », aux côtés de Ted Johnson et sa femme, elle demande à Peter, l'un des éducateurs, son autonomie. Il refuse et envisage même une réadoption. Si l'adolescente s'y oppose, pas après le drame survenu deux ans auparavant, la voilà pourtant, ce samedi matin-là, devant Dorothy, de l'agence d'adoption, « Bientôt chez moi » qui l'informe que les Knight, un couple de personnes âgées, ont hâte de la connaître...

C'est suite à un reportage sur le rehoming, intitulé « États-Unis, enfants jetables » (2016) de Sophie Przychodny, autrement dit le marché de la réadoption qui permet de confier à d'autres parents les enfants dont ils ne veulent plus, que Marie Colot a créé le personnage d'Eden. Ballottée entre différentes familles d'accueil, la voilà dorénavant sur le marché de la réadoption. Si elle doute qu'une famille va de nouveau s'intéresser à elle, de part son âge et, on le découvre au fil des pages, le drame qu'elle a connu, elle est d'autant plus étonnée d'apprendre que James et Karen Knight, un couple pourtant âgé, veulent la rencontrer, et pourquoi pas, l'adopter. Si Eden n'espère plus rien, trop de désillusions, d'échecs, de déceptions et de trahisons, et ce lourd fardeau qu'elle porte, la vie et certaines personnes vont pourtant lui faire espérer puis croire en un avenir meilleur. Si le chemin est long et parfois tortueux, c'est armée de courage, de résilience et de volonté qu'elle osera l'emprunter, notamment grâce à certaines personnes et rencontres. Eden, jusque là, emplie de colère, de culpabilité et de rage, va se métamorphoser au cours de cet été-là. Si le personnage d'Eden est poignant et bouleversant, ceux qui l'entourent le sont tout autant, notamment Peter qui ne cesse de croire en elle, les Knight qui, armés de patience, vont la découvrir, Damon, un jeune homme aussi cabossé qu'elle, Clyde qui ne cessera de penser à elle ou encore les animaux de la SPA. Une galerie de personnages terriblement attachante. Si la thématique est, évidemment, choquante, pour ne pas dire cruelle, Marie Colot s'en sort à merveille pour nous offrir un roman émouvant, sensible et fort bien analysé, que l'on referme, le coeur serré, en espérant qu'Eden ne sera plus jamais la fille de personne...

Eden, bientôt 16 ans, est de retour dans un foyer pour enfants et adolescents après le drame qui a frappé sa dernière famille adoptive. Car oui, nous sommes aux Etats-Unis et quand une adoption se passe mal les parents peuvent décider de se séparer de leur enfant qui est alors confié à des agences de "réadoption". Mais après 4 familles successives, Eden a la rage, ne croit plus en rien ni personne et est bien décidée à ne faire aucun effort pour trouver une nouvelle famille. Heureusement de rencontre en rencontre la jeune fille va apprendre à faire à nouveau confiance et à se construire une vie bien à elle.

J'ai eu un peu de mal avec le début de ce roman : l'auteure précise qu'elle a eu l'idée de cette histoire après avoir vu un documentaire sur le marché de la réadoption aux Etats-Unis et j'ai trouvé que les premiers chapitres visaient à recracher sans beaucoup de nuance tout ce qui l'avait choquée dans cette situation. Alors oui, bien sûr, en tant que lecteur français découvrant ces pratiques, on ne peut que partager sa rage devant ces enfants déboussolés, éjectés du jour au lendemain de ce qu'ils pensaient être leur famille pour différentes raisons (comportement difficile que les parents adoptifs n'arrivent plus à gérer ou difficultés personnelles de la famille d'accueil qui estime ne plus pouvoir s'occuper de l'enfant), confiés à des institutions spécialisées et soumis à la loi du marché pour trouver une nouvelle famille, avec catalogue d'enfants à adopter (!) et défilé sur tapis rouge pour trouver une nouvelle famille (re !!). Malheureusement tout ceci ne fait pas un roman et j'ai vraiment eu l'impression de voir une transposition de tout ce qui l'avait frappée dans le documentaire sans beaucoup de recul ni de précision et surtout sans que l'on y croit vraiment, tant les situations décrites ressemblent à des passages obligés visant à illustrer le propos de l'auteure.

Heureusement passées ces quelques scènes initiales, le roman prend soudainement de la consistance avec le magnifique personnage d'Eden, l'auteure sortant de la dénonciation pure et simple et se décidant à nous compter une histoire, une vraie. A partir de ce moment, le roman devient captivant tant on s'attache à cette jeune fille, ses doutes, ses fragilités, les épreuves par lesquelles elle est passée et qui l'ont conduite à devenir une vraie fausse rebelle qui refuse de s'attacher de peur de souffrir à nouveau et qui n'a plus aucune confiance dans les adultes (et comme on la comprend...). Tout sonne juste, que ce soit sa rencontre avec un autre adolescent à la vie aussi compliquée que la sienne, son attachement pour les animaux et son nouveau travail dans un refuge et son tourment intérieur à l'idée de retenter l'aventure avec une nouvelle famille adoptive. Les personnages des adultes bienveillants qui l'entourent, éducateur, patron du magasin où elle travaille ou responsable du refuge, sont également très bien décrits, on ressent toute la difficulté à aider Eden tant celle-ci est en rébellion contre la terre entière. le suspens et la tension montent et à tout moment on craint qu'un drame irréversible gâche définitivement les chances d'Eden de s'en sortir. C'est un roman qui de page en page devient plus bouleversant et dont le dénouement parfaitement pesé et mesuré, ni happy end ni drame à faire pleurer dans les chaumières, contient juste la bonne dose d'espoir pour achever de nous toucher.

Après un mauvais départ, Eden, fille de personne a finalement su me conquérir et je me souviendrais longtemps de cette jeune fille prise dans les tourments de cette pratique indigne qu'est la réadoption. Marie Colot nous montre son talent à construire de vrais personnages et à aller au delà d'une simple dénonciation pour nous faire partager la vie de ces enfants en galère. Une belle découverte, je suivrai avec attention les prochains titres de cette auteure !

Éden est de retour au foyer. Pour la quatrième fois, on l'a encore abandonnée. C'est vrai qu'elle est un peu rebelle, mais elle a des circonstances atténuantes. Comment se construit-on, quand pendant seize ans, on doit se montrer sous son meilleur jour, faire bonne impression, ne jamais décevoir… Quelle image emporte-t-on avec soi ?

Éden est la fille de personne… L'histoire de cette jeune fille est tout aussi émouvante que révoltante. Marie Colot retrace dans ce roman les difficultés que peuvent rencontrer certains enfants abandonnés aux États-Unis.

Tout comme Éden, ils peuvent vivre au sein d'une famille qui peut à tout moment décider de les abandonner à son tour. C'est ainsi… Un enfant difficile, un divorce, une perte de revenu, tout peut devenir une raison pour renvoyer un enfant à sa solitude…

Ce roman jeunesse, aux chapitres rythmés, au ton juste, ne peut qu'ouvrir nos horizons. La vie n'est jamais simple, elle n'est jamais parfaite, mais quand on manque de cet essentiel amour, de ce regard chaleureux, de ces bras protecteur, il devient vite compliqué de faire pousser ses racines. Et d'accorder sa confiance, en l'homme, en l'avenir, en l'espoir d'un jour meilleur…

Eden, presque 16 ans, a déjà connu plusieurs vies. Abandonnée par sa mère à sa naissance, elle a connu quatre familles et vécu dans deux états américains. Si la vie ne l'a pas gâtée, c'est pire depuis deux ans. Abandonnée par sa dernière famille en date suite à un drame, elle se retrouve une nouvelle fois dans un centre d'accueil, L'Amarrage, sans plus aucun espoir de voir un jour une famille aimante l'accueillir. Petit réconfort, elle s'est fait un ami à L'Amarrage, Clyde, qui l'aide à supporter son quotidien. Jusqu'au jour où Clyde, lui aussi, l'abandonne en fuguant. Cette fois-ci, Eden veut son autonomie. Mais son éducateur s'y oppose, ne la sentant pas prête à vivre seule, et lui propose de s'inscrire une dernière fois dans une agence d'adoption. A contre-coeur, Eden accepte.

C'est avec beaucoup de curiosité que je me suis lancée dans la lecture de « Eden, fille de personne » de Marie Colot car je ne connaissais pas du tout le système du « rehoming » en vigueur dans certains états américains. le « rehoming » ou réadoption permet à des familles d'adopter des enfants puis de s'en séparer quelques mois plus tard si quelque chose ne leur convient pas. L'enfant retourne alors sur le marché de la réadoption pour être à nouveau adopté par une autre famille, moyennant le plus souvent une transaction financière. Clairement, ces enfants sont vendus comme des produits low cost et doivent se plier aux méthodes de marketing utilisées par les agences ou associations : défilés, catalogue avec photos… Bref, sans même imaginer toutes les dérives possibles, c'est immonde mais cela existe.
Le personnage d'Eden nous dresse donc le portrait d'une jeune fille pleine de rage, de colère, de tristesse. Traumatisée par un drame qu'elle a vécu dans sa dernière famille, elle s'est construite une carapace qui ne laisse filtrer aucune de ses faiblesses. Pour tenir le coup, elle s'est inventée depuis toute petite des familles imaginaires où Michel Obama et Léonardo di Caprio forment les parents idéaux. La jeune fille a beau aller au lycée, avoir un job, être entourée d'éducateurs, elle n'en est pas moins seule, sans famille. Alors l'affection qu'elle donne et reçoit, c'est avant tout auprès des animaux abandonnés. Chiens ou chats , c'est auprès d'eux qu'elle se sent le plus comprise. Autour d'elle vont graviter d'autres personnages, touchants et réalistes, qui l'aideront à reprendre espoir en la vie et à surmonter ses traumatismes. Mais le chemin n'est pas facile.
Sans aucun pathos, Marie Colot, dans un style fluide, nous dévoile donc ce système assez méconnu et effarant du « rehoming » aux Etats-Unis.

Un très bon roman de littérature ado qui se dévore d'une traite.