Prenez moi pour une conne, mais vous allez voir ce que vous allez voir !
Je m'appelle Orane de Lavallière, j'ai 58 ans, j'habite à Versailles, mariée, je suis femme au foyer, trois enfants.
Enfin, ça c'était avant...
On peut dire que je suis BCBG, même un peu coincée... le premier qui m'a prise pour une conne, c'est mon mari.
Mais ça , c'était avant...
Le lendemain des noces de ma fille, ( c'est la plus jeune, ses frères sont déjà mariés), alors que nous devions recevoir une trentaine de personnes, retour de noces, oblige, il m'a mise au rebut, il m'a quittée. Et vous savez quoi ? Il n'a même pas eu le courage de me le dire en face. Il m'a congédiée, par e-mail. Comme il aurait pu le faire avec un de ses employés. Il m'a quitté pour une jeunette de 35 ans . Il m'a mise à la casse. Inutile, trop vieille...
D'abord, j'ai lutté , puis j'ai sombré, et puis j'ai eu une idée...
Oh, non, je ne vous dirai pas laquelle, mais faites-bien gaffe de ne pas trop la prendre pour une conne, la Orane ! Elle en a dans le ciboulot, ( agrégée d'histoire qu'elle était dans une autre vie ).
Son Xavier étant un sacré goujat, on ne peut que prendre fait et cause pour cette faible femme effondrée, éplorée. Les hommes qui quittent leur épouse comme cela, " n'ont aucune idée des dégats qu'il font ou, pire encore, s'en moquent, pensant que leurs victimes s'en remettront." " Alors, Guillaume Cliquot "s'est interrogé sur cette impunité : qu'est-ce qui est le plus cruel en définitive ? La violence physique ou la violence psychologique ? "
Les deux , à mon avis, sauf que la psychologique est invisible...
Parce qu'il venait d'avoir connaissance d'une histoire comme celle-là, une histoire qui l'a tout retourné, avant de bien l'énerver ,
Guillaume Clicquot a imaginé une Orane et sa réaction.
Cette histoite ressemble à des centaines d'autres que vivent les femmes affreusement quitées par leur mari , oui mais c'est la façon de la raconter qui fait toute la différence .
J'ai eu un gros coup de coeur pour la plume raffraichissante, originale, décapante, jubilatoire, noire, extrêmement réaliste en apparence, et complétement folle en réalité, et franchement drôle de Guillaume Cliquot.
En début de roman , il nous explique comment il en est venu à écrire une telle histoire et il nous demande d'oublier qu'il est un homme . Un homme qui se mettrait si bien dans la peau d'une femme trahie, humiliée, baffouée que j' en ai oublié qu'il n'était pas Orane de Lavallière, un brin snob, complétement BCBG, si dévouée à son mari, si dévouée à ses enfants, si généreuse de son temps , si confiante, qu'elle est tombée de haut, de très, très haut.
Mais tout ça c'est fini ! Etre prise pour une conne peut être un avantage...
Pas si conne et soumise que ça, tout compte fait , cette Orane de Lavallière... mais un sacré personnage ! En dépit de ses projets machiavéliques, on se prend de sympathie pour ce personnage, on déteste son mari, et on rit beaucoup tout en étant complétement stressée par cette histoire dont on espère une issue positive pour Orane.
Impossible à lâcher, un grand moment de bonheur de lectrice. Rafraîchissant et délicieusement immoral...