Monsieur des Lourdines : Alphonse van Bredenbeck de Chateaubriant (1877-1951) Prix Goncourt 1911.
Avant de partir faire sa promenade quotidienne en vue d'une cueillette de champignons avec l'aide de son chien Lirot, fin détecteur de morilles et autres cèpes,
Monsieur des Lourdines se désespère de voir le bel ormeau contigu au château être la proie de ses hommes anhélant sous le poids de l'effort : c'est le souhait de Madame de voir disparaître cette gêne à son regard vers les horizons sylvestres. L'endroit est magnifique : entre futaie de châtaigniers et pourpre de noisetiers se mussent quelques logis de ferme : nous sommes au coeur du bocage poitevin.
le château de famille, le Petit-Fougeray, est une ancienne demeure de style
Louis XIII, une maison de noblesse. Y demeurent Monsieur Timothée des Lourdines, un petit homme de cinquante ans, hobereau, vrai type du gentilhomme campagnard et sa femme, fille d'un haut magistrat de la cour de Poitiers, une femme dont les ordres à la maison prévalent toujours. Quatre domestiques servent les châtelains.
Depuis plusieurs siècles y naissent et meurent les Lourdines. Monsieur est un solitaire endurci, amoureux de la nature et particulièrement des arbres parmi lesquels il vit ici depuis 38 ans.
Jusqu'à l'âge de 20 ans, le collège fut sa prison. Quand il revint, il était orphelin. il aime se pelotonner dans son Petit-Fougeray comme un pigeon dans son boulin. Il aime sa terre et n'a de cesse de la faire fructifier.
Ses seuls visiteurs sont le facteur et les gendarmes auxquels il offre chaque fois un petit verre de vin blanc. Toutefois, le dimanche après l'office, il sacrifie un temps au jeu de boules et tout le pays, comme on dit, lui rend soumission. Il a un ami, un seul, son majordome, Célestin son homme à tout faire.
En général il déjeune seul, Madame ayant toutes les peines du monde à descendre l'escalier, handicapée par son poids.
Aujourd'hui,
Monsieur des Lourdines , carnier en bandoulière, fait sa promenade quotidienne avec Lirot, un fort mâtin, en quête de cryptogames, entre bourdaines et viornes, noisetiers et érables. Il songe que quarante ans plus tôt s'éteignaient ici les dernières bandes de la Chouannerie. C'était en 1801.
Chemin faisant, Monsieur arrive à la Charvinière, une dépendance du château pleine de souvenirs car c'est là que la nourrice d'Anthime logeait, Anthime le fils des Lourdines qui vit à présent à Paris, menant secrètement la grande vie, et dont ils ont peu de nouvelles.
Et puis un jour, sa femme suggère à M. des Lourdines, que la fille de Madame d'Espic, une amie, pourrait faire une bonne épouse pour Anthime, un fils endetté jusqu'au cou et dont les créanciers un jour se tournent vers M. des Lourdines qui reste alors abasourdi au vu du montant. Un fils volage aimant trop le plaisir pour se prendre à la passion qui enchaîne.
Comment
Monsieur des Lourdines et sa femme Émilie vont-ils faire face aux folles mésaventures de leur fils ?
Un roman psychologique au coeur de la nature poitevine magnifiquement évoquée, dans un style très classique inoubliable et un vocabulaire d'une grande richesse. le premier roman de de Chateaubriant qui, lui valut le prix Goncourt en 1911.