Grasset [corriger]

On y est...On est dans cette Algèrie qui, sans l'avoir connue, a laissé un petit morceau d'elle au coeur de chacun d'entre nous ayant vécu cette époque.

Au fil d'une écriture somptueuse, avec lucidité , sans aigreur, JPE nous plonge dans cette vie bleu-soleil, entre le Père, Edmond le magnifique, entrepreneur tout-terrain, Gilberte, mère par procuration, indolente et effacée, et la foule, inconsciente, pour la majorité, de danser sur un volcan.Le jeune narrateur n'est pas dupe qui s'accomode, temporairement de ce paradoxe conscient de son insolvabilité.

Dans un décor pétrifié où la haine nourrit la haine, sous l'ombre d'un Camus omniprésent et contesté, dans le ballet de tous les" Lamoricière" génériques embarquant jour après jour les valises et les cercueils, l'auteur nous montre avec un talent de miniaturiste les dernières convulsions de ce qui fut un pays, une patrie, sans pathos et sans jugement.

Merci JPE .

LA ROBE PRÉTEXTE DE F.MAURIAC



Touchée par cet écrit



🌺 "... Les derniers mois qu' elle vécut, disait genad-mère, elle se levait la nuit malgré nous pour te regarder dormir, - et si calme était ton sommeil qu' elle se penchait vers le lit afin d écouter si tu respirais, disant : "j' ai peu de jours à vivre , laissez-moi profiter de mes nuits pour le voir... "



J'évoque aujourd'hui ces dernières veillées devant mon sommeil et je pense qu' elle devait murmurer : " Mon petit garçon, je t' aurais mené au catéchisme, j' aurais pleuré doucement à la messe de ta première communion. Tu serais rentré le soir, avec ta pèlerine lourde de pluie, avec ta serviette que déchirent les dictionnaires trop pesants et d'inutiles plumiers.T aurais présenté au feu tes petites mains brunes un peu tachées d' encre.



Jacques, jeune orphelin vit entouré de bigots chez son oncle et sa tante, en compagnie de sa grand-mère adorée, de sa cousine Camille, d'une vieille bonne soeur et d'une dame de compagnie nécessiteuse et tricoteuse 🌺

Ce polar historique est original et singulier par sa composition. En effet, l’auteur, Laurent Binet ne nous transcrit pas simplement une histoire de A à Z. Non, au contraire, le récit est offert aux lecteurs par une série chronologique de lettres échangées entre les différents protagonistes, tous des figures importantes de l’Histoire florentine, italienne et française.



Débutant en janvier 1557 et se clôturant en juillet 1558, ces missives relatent l’enquête entourant le meurtre du peintre Pontormo près des fresques auxquelles il travaillait depuis de nombreuses années ainsi que l‘existence d’un tableau faisant preuve d’un crime de lèse-majesté.



J’ai adoré cette singularité pour la construction de l’histoire. Jamais, je n’avais trouvé cela dans mes lectures et le travail de Laurent Binet est tout simplement incroyable. J’ai été fascinée par cette façon de faire ainsi que par l’essence du roman qui m’a plu, grande amatrice d’art et d’histoire que je suis.



L’ayant lu et écouté en lecture immersive, j’ai su m’y faire et m’y retrouver, malgré la multitude de personnages et les noms à consonance majoritairement italienne. Si j’avais choisi que l’écoute, je ne sais pas si mon plaisir aurait été à la même hauteur. En effet, malgré une liste des correspondants au début du livre, ils interviennent tous à des moments différents et n’étant lus « que » par 4 voix différentes (ils sont plus nombreux), je pense que ça ne doit pas être chose aisée.



J’adore la voix de Françoise Cadol. Pour ceux qui ne la connaissent pas, c’est la voix française des actrices Sandra Bullock et Angelina Jolie, entre autres. Elle est parfaite dans le rôle qui lui a été attribué. Les voix des autres acteurs (Marion Trintignant, Nicolas Djermag et Emmanuel Lemire) sont aussi très agréables à écouter et il y a une bonne harmonie entre elles.



Un livre et un livre audio que je ne peux que vivement vous conseiller !
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