J’ai regardé la nuit tomber

Je rencontre tant d’humanité, tant d’émotions.

C’est cela le cosmos. Ce qui nous relie les uns aux autres de manière invisible. Ce qui est souterrain mais que la société ne veut pas regarder.

Perdre un bébé.

Il y a un voile violent sur tout cela. Ma façon de rester en vie, c’est d’en parler, le dire. C’est presque un acte politique. Une femme que j’ai rencontrée récemment me raconte son histoire. Des années à essayer d’être enceinte, à enchaîner les traitements et les fausses couches. Elle porte une si grande douceur. Mes larmes coulent, je sais le combat. Elle
me raconte tout cela et pendant ce temps mon premier fils, Gabriel, joue à côté de nous. Nous sommes les mêmes et nous sommes différentes. Et puis elle me présente sur son téléphone la photo d’une petite fille sudafricaine qu’elle va bientôt adopter avec son mari. Elle me dit, « Maintenant
je l’attends. Honey, elle s’appelle. Comme le miel. »

Nous, la communauté invisible, une puissance indicible nous relie les uns aux autres. J’écris pour cette déchirure maternelle si puissante et organique. J’écris pour la liberté et le droit à cette douleur que l’on veut si souvent éteindre. Être mère, c’est aussi traverser des tempêtes. Affronter
des océans pour le devenir. J’écris pour vous.