"Beaux Rivages", titre faussement heureux nous raconte une histoire mettant en scène des peurs universelles: la peur d'être abandonné, de ne plus être aimé, la fin d'un Amour...et les abîmes où nous plongent un chagrin d'amour. Il n'y a ni âge, ni classe sociale, ni richesse qui protègent de ce cataclysme !!
Après huit années de complicité, d'amour, d'attachement, de voyages et pays partagés, d'harmonie physique, Adrian quitte notre narratrice pour une autre femme...
C'est le récit du désarroi de cette femme qui narre l'insupportable , l'intolérable de tout désamour !
Comme une autre camarade babéliote dont j'ai lu le commentaire avec intérêt et émotion, j'ai choisi cet ouvrage plus pour son sujet que pour sa forme, avec un minime espoir de comprendre ou d'atténuer , les remous bien violents de mon présent... où la peine, l'incompréhension submergent tout...
Lamartine, universel et intemporel à jamais nous rappelle qu"'Un être vous manque et tout est dépeuplé" !
Nina Bouraoui dissèque fort bien cette douleur transperçante de la perte de l'autre , de son absence, du manque qu'on a de lui...et dans la blessure présente, il n'y a aucun remède !!
Nina Bouraoui nous livre l'analyse ou la tentation de comprendre la séparation, la fin d'un amour,la magie que l'on croyait éternelle, qui s'est éteinte, avec le supplément de douleur, de masochisme, de voyeurisme, lié et augmenté par les réseaux sociaux !!!
Séparation, sentiment d'abandon qui laissent désemparé(e), orphelin (e), avec la réactivation de deuils et de chagrins beaucoup plus anciens, enfouis... Comme l'exprime joliment l'auteur, elle a écrit ce livre pour "tous les quittés du monde"... Pour ceux qui pensent qu'ils ne pourront plus vivre
sans l'autre, et qu'ils ne sauront plus aimer"....
On se dit qu'on en mourra... de ce chagrin d'amour... et le temps faisant son oeuvre, on guérit et "stupéfaction"... on ne comprendra pas plus, pourquoi on a souhaité mourir, disparaître, hurler de douleur et de colère....alors que l'élan d'aimer renaît, un matin !!???
" La souffrance se reliait toujours à une souffrance plus ancienne, la séparation la réactivant. Il me fallait remonter aux sources de l'abandon, non pour trouver un remède, en existait-il vraiment ?
mais un chemin vers la clarté. Elle était loin cette clarté, je n'y croyais plus, mais pour une fois, je me disais qu'elle existait peut-être encore" (p. 166)
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Elle ressent une douleur insupportable ; Adrian en aime une autre et la quitte. Obsédée par cette idée, elle en oublie de manger, de dormir, de vivre. Elle repense à tous les indices qu'elle n'a pas vus, sans doute trop amoureuse et trop confiante pour imaginer une fin à leur amour. Elle passe par tous les états de sidération, lit le blog de l'autre pour comprendre. Puis se met à espérer : il laissera tomber la " salope, la rousse ". Il lui reviendra.
Nina Bouraoui dans un cri long et déchirant, un cri venant des tripes, raconte l'amour assassiné. Son héroïne se livre sans rien cacher de sa douleur, de ses faiblesses : sa colère et sa folie. Petit à petit, à travers cette auto-analyse, les étapes de son évolution se dessinent. De la révolte au désir de reconquête en passant par l'envie de mourir, cette femme va évoluer, prendre conscience de sa liberté, et apercevoir la possibilité d'un avenir apaisé.
Un livre qui se lit en apnée tellement le désamour (et la rupture), indissociable des relations amoureuses et aussi universel - chacun peut y retrouver une partie de son histoire - sont traités avec sensibilité et justesse.
L'amour ne meure pas, il se transforme, se renouvelle, se régénère, et parfois change de sujet.
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Nina Bouraoui signe un roman miroir. « Beaux Rivages » (Le Livre de Poche) résonne du chagrin, de la colère et des lendemains qui rechantent de tous ceux qui ont été quittés un jour. Et l’écriture est solaire.
Lire la critique sur le site : Elle
Par ses mots, grâce une écriture assez directe, introspective et vive, à travers la description des différentes phases que traversent le personnage, le lecteur peut aisément revisiter son existence propre.
Lire la critique sur le site : Actualitte
L'amour n'est ni un travail ni un édifice, et s'il l'est, il a ses fissures. On ne retient personne dans un château clos. La liberté que l'on donne à l'autre vaut toutes les promesses.
(...) combien l'amour est triste et pauvre quand il s'abîme, combien le désir est vain quand il naît de la vengeance.
Parfois je me demande si le bonheur existe, s'il existe vraiment, ou si nous en avons juste l'impression, la sensation, comme si quelque chose s'arrêtait en nous et que nous nous regardions à l'intérieur en nous disant : je suis heureux, je suis heureuse, je peux l'affirmer car je le ressens, dans mon corps, sous ma peau, ça pulse, file, c'est du flux qui se propage ; mais c'est juste un moment, un instant, un très court instant.....
Page 243
J'ai souvent pensé que ma capacité à souffrir était égale à ma capacité à aimer. Que chacune de mes larmes répondait à chacun de mes rires. Que chacun de mes tourments répondait à chacune de mes convictions. Que chacune de mes craintes répondait à chacune de mes certitudes. Que ma peine glorifiait ma joie. Que ma défaite honorait ma victoire passée. (...) En perdant, j'ai appris à reconquérir, non l'autre, un autre, mais toutes les parts de mon coeur pulvérisé. (p. 245)
(...), l'amour est imprévisible. Il survient quand on ne l'espère plus, disparaît alors qu'on le jugeait acquis. Il est sans prise et sans durée, sinon celle que l'on veut bien lui prêter. Il est cruel. Il y est souvent question de sacrifice. Je ne crois pas que l'on puisse mourir d'amour, mais sa perte nous éteint et nous devenons sans lui des pierres sèches, grises.
« Éditeur en marchant, écrivain en courant »
Avec Justine Lévy, Marie Modiano & Peter von Poehl, Éric Reinhardt, Anne Plantagenet, Isabelle Jarry, Teresa Cremisi, Capucine Ruat, nicole Lapierre, Jean-Louis Fournier...
Animation : Sandrine Treiner
Jean-Marc Roberts fut l'une des figures les plus flamboyantes des lettres françaises. Écrivain précoce, il publie son premier roman à dix-sept ans et découvre alors ce que sera sa vie : se mettre au service des auteurs et des livres. Immense découvreur de talents, il insufflera à la littérature audace et élégance, ne se souciant jamais de la bien-pensance. Pas de ligne éditoriale, plutôt un air de famille joyeusement recomposée qui lui ressemble. Il publie notamment Vassilis Alexakis, Didier Decoin, Christine Angot, Erik Orsenna, et aussi Nina Bouraoui, Philippe Claudel, Aurélie Filippetti, Jean-Louis Fournier, Brigitte Giraud, Luc Lang, Justine Lévy, Eric Reinhardt, François Taillandier…
À l'occasion du 70e anniversaire de sa naissance, cette soirée composera un portrait à son image, vivant et éclectique. Il y sera question de music-hall, de football et de cinéma, de Michel Piccoli et de Nathalie Baye, d'une petite femme et d'un père américain, des émissions de Jacques Chancel, Bernard Pivot et Pierre Desproges, de Hervé Guibert et de Jean Cayrol, de poker, de variétés française et italienne… et bien sûr de fêter la littérature.
À lire – Collectif, sous la direction de Capucine Ruat, “Je vous ai lu cette nuit”. Hommage à Jean-Marc Roberts, Albin Michel, 2023.
Son par William Lopez
Lumière par Iris Feix
Direction technique par Guillaume Parra
Captation par Claire Jarlan
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