Au nom de la Loi

Les Bergelson, juifs polonais pieux émigrés en France, vivent à Cachan, dans une gêne proche du dénuement. le père, Isaac, -quand il ne fait pas un court séjour en prison pour affaires douteuses- traficote toujours un peu, rêvant de faire fortune, ou disparaît au loin pour d'improbables chasses au trésor qui se soldent toutes par un échec. La mère, belle et passionnée, est encore plus que lui coupée de toute réalité: elle écrit indéfiniment un roman baroque, noyé dans les notes de bas de page, et refuse énergiquement qu'une maison d'édition retranche ne fût-ce qu'une virgule à son grand oeuvre. Quant au fils,David, le narrateur de ce récit, mutique, sans ami, il vit lui aussi une grande aventure imaginaire avec ...Steve Mac Queen, son double, son frère.

Les épisodes de" Au nom de la Loi" - le feuilleton télévisé où Steve Mac Queen fit ses débuts en justicier valeureux -marquent le jeune garçon qui s'astreint à étudier la Loi de la Torah pour préparer sa Bar-Mitsvah...même si la loi tout court est bien souvent bafouée par les membres de la famille...

De film en film, - le père et le fils vont rituellement voir au cinéma tous les films de la grande star américaine- David mesure à celle de la star sa propre évolution...jusqu'au jour où la courbe du destin de l'acteur s'infléchit, jusqu'à rejoindre celle des Berelson dans leur rêves calcinés et leurs échecs.

L'idée est géniale,: le livre, avec un peu plus d'humour et de légèreté aurait pu être un "Portnoy complex" à la française. Malheureusement, tout en reconnaissant l'originalité et l'absurdité du propos - Mac Queen en frère juif du narrateur!!- je ne suis pas arrivée à accrocher à cette saga de la débandade annoncée..Malgré une très bonne connaissance de la vie et de la carrière de Mac Queen qui charpente le récit, l'auteur n'arrive pas à faire vivre ses personnages...peut-être parce qu'ils sont tellement dans l'irréalité qu'il a lui-même du mal à les prendre dans ses filets..

Bref un livre intéressant -pour fans de Mac Queen surtout- mais une demi-réussite...

Steve Mac Queen a été parfois mal compris, notamment pour sa rudesse envers Alice Mac Graw, ne cherchez pas, c'était la drogue !