[Le Juif] est montré du doigt par les Noirs non pas parce qu'il agit différemment des autres Blancs mais justement parce qu'il n'agit pas différemment. Il doit sa principale distinction à cette histoire de la Chrétienté qui a su si bien victimiser à la fois les Noirs et les Juifs. Et, à Harlem, il joue le rôle que les Chrétiens lui ont depuis longtemps assigné : il fait leur sale boulot. (154)
Il est vrai que deux maux ne font pas un bien, comme nous adorons le rappeler aux personnes à qui nous faisons du mal. Mais un mal ne fait pas un bien, non plus. Les personnes à qui du tort a été fait tentèrent de rectifier ce tort ; sinon, ce ne seraient pas des personnes. Il est rare que de telles personnes se permettent d'être regardantes quant aux moyens utilisés. Elles utilisent ceux qu'elles ont sous la main. Et, d'une manière générale, elles ne feront pas non plus le détail entre les oppresseurs ni ne chercheront à connaître le principe à la source de leur oppression. (151)
Pour résumer, nous ne souhaitons pas nous entendre dire par un Juif américain que sa souffrance est aussi grande que celle d'un Noir américain. Elle ne l'est pas, et nous savons qu'elle ne l'est pas simplement par le ton avec lequel il vous assure qu'elle l'est. (147)
« Harlem Quartet » de James Baldwin I Livre audio