Une Lecture « coup-de-poing… » dont on ne peut pas ressortir indemne !
Une lecture aussi nécessaire que perturbante car elle pose tant de questions délicates sur le monde, la géopolitique… ; elle nous interpelle à travers la barbarie du régime syrien sur toutes les dictatures du monde !
Une lecture qui nous fait connaître un opposant syrien, ayant été obligé de se réfugier en Allemagne, après un nombre impressionnant d'années en prison…
Avant de débuter mon « ressenti de lecture », je remercie abondamment les éditions
Actes Sud et leur partenariat avec Babelio, qui viennent de me permettre de lire et découvrir l'intense travail de cette auteure-journaliste,
Justine Augier.
Cette dernière nous offre une double narration : sa propre démarche intellectuelle vis-à-vis du Moyen-Orient, des dissidents face à des régimes « totalitaires » et sa rencontre avec un dissident hors du commun ,
Yassin Al-Haj Saleh.
« C'est aussi à Vienne que j'ai pris la décision d'écrire mon premier livre et ce désir a puisé dans cette attention aux disparus, à leur absence essentielle et à la façon dont cette absence habitait la pensée et la langue.
Après avoir quitté Vienne j'ai passé huit ans au Moyen-Orient, à
Jérusalem d'abord, puis à Beyrouth. Ce déplacement forme une autre face de mon appréhension du monde. (p. 64)”
Des analyses approfondies sur le Mal, les réalités ambiguës de victime, les traumatismes et séquelles de la prison, de la torture…
« Pour Yassin, la condition de victime peut finir par ressembler à un piège, enfermer dans un récit qui dédaigne tous les autres récits de souffrance. (...)
C'est une lutte permanente, difficile à mener. La condition de victime peut devenir un piège mais pour certains elle ouvre sur la douleur de l'autre pour créer la possibilité d'une conversation et il en est sûr: Ceux-là sauvent le monde. (p. 88)”
« Yassin aime citer cette phrase écrite par
Jean Amery dans - Par-delà le crime et le châtiment-: "Ce dont je suis certain c'est qu'avec le premier coup qui s'abat sur lui, il est dépossédé de ce que nous appellerons provisoirement la confiance dans le monde."- Je relis Amery dans les semaines qui suivent et trouve cette autre phrase, qui vient compléter celle-là: "Celui qui a été soumis à la torture est désormais incapable de se sentir chez soi dans le monde. " (p. 109)
Lecture très intense, qu'on ne peut lire que lentement, avec attention, en réfléchissant soi-même sur…les multiples questionnements soulevés, abordés par
Justine Augier
Il est question de courage ultime, de résilience, comment peut-on poursuivre à se battre contre la barbarie… ? Comment ne pas lâcher prise alors qu'on a quasiment tout perdu ?
Yassin Al-Haj Saleh trouve un soutien, une raison de se battre dans LES LIVRES, dans l'oeuvre de penseurs majeurs, dont celle d'
Hannah Arendt, qui l'accompagne au plus près… dans l'ECRITURE et ensuite, après sa libération, dans la TRANSMISSION.
Impressionnée par le parcours et le cheminement intellectuel de
Justine Augier… son immersion totale dans le monde du Moyen-Orient, sans omettre la complexité extrême de son travail d'enquête , d'investigation dans des circonstances aussi lourdes, dramatiques et perdurantes , que l'auteure nous explique très précisément!
Cet ouvrage m'a appris un grand nombre de choses sur la Syrie, le Moyen –Orient mais aussi sur les intellectuels « éprouvés » ayant réfléchi, subi, écrit sur l'univers carcéral, ainsi que sur les grandes tragédies à travers l'histoire, bafouant La Démocratie !
Parmi ces découvertes :
Jean Amery, ce dissident,
Yassin Al-Haj Saleh… et ses écrits, etc. dans un même temps, approfondi la pensée d'Hannah Harendt… Sous le choc de cette lecture, j'ai réservé à ma médiathèque l'ouvrage précédent de
Justine Augier [présentement emprunté par un autre lecteur ], «
de l'ardeur » sur l'avocate syrienne, Razan Zaitouneh, enlevée et disparue en 2011…Razan qui fut à l'origine de cette rencontre avec Yassin... !
Cette lecture a été très éclairante et précieuse…apportant un grand nombre d'éclairages et d'analyses approfondies, accompagnée de toutes les émotions violentes incontournables du sujet…montrant aussi implicitement combien le domaine de "L'INFORMATION" est chose bien complexe et aléatoire, au vu des gouvernements, des intérêts diplomatiques, économiques, etc.
A tel point, que j'ai du mal à achever ces lignes…me demandant si j'ai suffisamment rendu compte des recherches exigeantes et impliquées de
Justine Augier, qui nous propose dans un même temps une prolongation de réflexions et de connaissances avec un certain nombre de lectures et de "penseurs engagés"...cités et présentés !
En terminant ce vaste travail de recherche aussi approfondi que possible de
Justine Augier, je ne peux m'empêcher d'avoir des pensées pour le peuple syrien, et pour le peuple birman , présentement dans la rue, pacifiquement , se battant avec une rare vaillance contre la junte militaire et un général, personnage aussi cruel que le Sire Assad !!!
Pensées soutenues de SOLIDARITE pour tous les peuples qui vivent sous des dictatures et des régimes de terreur ainsi que pour tous les dissidents à la vaillance infinie, qui offrent par leurs engagements , l'ESPOIR à leurs « frères »…!