Pour commencer, je remercie Babelio ainsi que les éditions Milan pour ce livre reçu dans le cadre d'une nouvelle opération Masse Critique.
Je commence par ce qui est pour moi une erreur éditoriale. Une erreur trop fréquente d'ailleurs : le titre francophone. le titre original est : "The Strange Fascinations of Noah Hypnotik" pourquoi nous sortir ce "vie rêvée" qui n'a aucun sens ?? Ces "Fascinations Etranges " reviennent mot pour mot plusieurs fois dans le corps du texte ! Stupide et trompeur. Soit...
Ce livre est une sorte de patchwork de nombreuses inquiétudes, de nombreux questionnements, de peurs de non-maîtrise, de valeurs qui s'étiolent, d'un monde mouvant, technologique un peu fou. Tout ça incarné dans un personnage sympathique, entouré de personnages tous sympathiques, dans un monde qui finalement est comme la couverture, plutôt rose, bleutée.
Le personnage qui va se sentir à un moment décalé dans son monde ou dans un autre, tout l'enjeu étant de comprendre comment, pourquoi et où il en est amené à ce monde proche mais différent et de se retrouver ou se re-trouver lui-même, puisqu'il y a aussi un côté initiatique dans ce livre.
Patchwork parce qu'il y a plusieurs motifs, le personnage est fan de
David Bowie et pas mal d'éléments de cette star orientent et dynamisent un peu le texte, de même que le personnage est fan d'une auteure de littérature inventée, Mila Henry, qui va aussi donner toute sa teinte.
David Arnold que je ne connaissais absolument pas, tire sur tout un tas de ficelles de construction narrative, et de jeu avec le texte, d'ajouts de SMS, de mails, de dessins, etc. Très "moderne". Tout en parsemant aussi le livre de références un peu plus anciennes : Bowie (comme déjà dit), mais aussi Matrix ou des éléments de Base-ball (équipes, etc.) qui peuvent un peu dérouter les Européens. Ce faisant, sans doute Arnold espère toucher le coeur sensible d'un éventail élargi de lecteurs.
A priori une lecture pour jeunes, mais je dirais plutôt pour vieux qui essaieraient de comprendre un peu la jeunesse.
Mais quelle jeunesse ? Là aussi c'est une jeunesse plutôt blanche, plutôt aisée, certes il y a l'homosexuel de service, mais ça reste extrêmement lisse. Oui, Bowie n'était pas un personnage lisse, mais l'aspect androgyne, etc de Bowie n'est pas beaucoup exploité. Aucune allusion à du racisme, non plus. Ce bon vieux lycée américain tout propre... Bon, peut-être est-ce hors propos, mais pour un livre contemporain ça manque.
On sent vraiment qu'on a là une génération qui n'a pas vraiment ou vraiment pas souffert et qui s'emmerde tellement qu'elle se crée des délires et une souffrance existentielle un peu déplacée, mais... elle n'en peut sans doute rien. le livre essaie malgré de tout de sortir d'un nihilisme possible mais c'est au profit d'un "positivisme" final qui frôle le Disney...
Mais. Bon. Au final, j'ai plutôt apprécié, quelques bonnes perles de phrases, quelques réflexions plutôt intéressantes, et des références qui m'ont un peu parlé. Un moment de détente, en fait... Si on s'en donne le droit. Si on s'en donne le temps. Si on peut.
Faites comme vous voulez, ce n'est qu'un avis.