Tu cours dans la mauvaise direction, tu le sais. Possible, mais honnêtement, courir, c'est la seule chose que je sache vraiment bien faire.
Depuis que tu es avec moi, je ris de nouveau. Tout reprends du sens, même s’il n’y en a plus. Le monde a des couleurs quand tu es là.
- J’avais peur de mourir sans avoir jamais aimé. Sans être aimé en retour.
C'est le problème, avec les promesses : on y croit, on attend avec impatience qu'elles se réalisent, on anticipe, ça vous tarde tant ! On se monte la tête, puis on se prend un coup sur la tête, allez, on redescend et là ça fait mal. J'ai beau le savoir, je me fais toujours avoir.
- Je me demande si je ne pourrais pas rester ici pour toujours. Avec toi.
- Tu le peux. Il existe un univers parallèle où c’est possible. Ou il n’y a que nous. Nous deux. Il est intemporel. Essentiel.
Après, nous sommes restés enlacés, l’un contre l’autre, fronts joints. Il aurait fallu que cela ne cesse jamais. Je voulais refermer les yeux mais, en même temps, je ne le voulais pas, parce que dès lors, je ne l’aurais plus vu. Je voulais tout, tout de suite, pour toujours
Soudain, il a levé les yeux et, sous son regard infini si intense, je suis resté saisi.
Je veux que tu t'en souviennes toujours. Ne pense jamais qu'on n'a pas eu beaucoup de temps, toi et moi. Je veux que tu comprennes ça : le temps n'est qu'une construction humaine, une illusion. Seuls les sentiments sont réels.
J’ai au moins une certitude : le souvenir ne s’efface pas. Tu n’oublieras pas ma voix. Ni ma façon de parler, ni mon odeur, ni mon sourire. Tu te souviendras.
Ma colère n'avait cessé de monter. Emil aurait dû être là avec moi, à mes côtés sur ce canapé. Moi, sur ses genoux, lui et moi nous embrassant au vu et au su de tous, afin qu'ils arretent de poser des questions à la con, aussi longtemps qu'on serait nous, ensemble face à eux, aussi longtemps qu'Emil serait en vie. C'était tellement injuste. Nouvelle gorgée. La énième.