Parfois, j’ai peur d’aimer les autres. Tous ceux auxquels je tiens finissent par me quitter, à cause de la mort, de la guerre, ou simplement parce qu’ils ne veulent pas de moi. Ils vont la où je ne peux pas aller, dans des lieux que je ne peux atteindre.
Vous apprendrez à vivre à nouveau en dehors de cette souffrance, si impossible que cela puisse paraître. D’autres qui partagent votre douleur vous aideront aussi à guérir. Parce que vous n’êtes pas seule. Ni dans votre peur, ni dans votre chagrin, ni dans vos espoirs, ni dans vos rêves. Vous n’êtes pas seule.
J'ai parcouru six cents kilomètres dans un pays déchiré par la guerre pour être avec toi, Iris.
J'ai besoin de te dire une chose, reprit-il, promenant son pouce sur les doigts d'Iris. Tu as déclaré l'autre jour que je ne suis ici que pour t'"éclipser". Rien ne saurait être plus loin de la vérité. J'ai rompu mes fiançailles, démissionné du journal, et parcouru six cent kilomètres dans un pays déchiré par la guerre pour être avec toi, Iris.
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Je ne crains pas la solitude, mais je suis lassée de devoir réorganiser ma vie quand ceux qui en faisaient partie s'en vont.
Quand on trouve quelque chose de bon , on s’y accroche. On ne perd pas son temps à se tracasser pour des choses qui n’auront finalement aucune importance. Mais il faut prendre des risques pour conserver cette lumière.
Pour elle, vous ôtez une partie de votre armure, vous laissez la lumière pénétrer, même si cela vous fait frémir. C’est peut-être ainsi que l’on apprend à être doux, mais fort, même dans la peur et l’incertitude. Une personne, un morceau d’acier.
« S'agit-il d'une demande en mariage ? »
Jadis, il n'y avait pas si longtemps, dans sa vie d'avant les lignes de front, elle aurait jugé cela ridicule. Elle aurait répondu Non, j'ai d'autres projets pour le moment. Mais c'était avant, une époque dorée par une lumière différente, alors que l'instant présent était coloré par l'azur de l'après. Elle avait vu la fragilité de la vie. On pouvait se réveiller au lever du soleil et mourir au soleil couchant. Elle avait couru à travers la fumée, le feu et la souffrance avec Roman, main dans la main. Ils avaient tous deux senti le goût de la Mort, il l'avait frôlée. De cette journée fracturée, ils portaient les cicatrices sur leur peau et sur leur âme, et Iris voyait maintenant plus de choses qu'auparavant. Elle voyait la lumière, mais elle voyait aussi les ombres. Le temps était précieux, ici.
D'abandonner une chose avec la certitude qu'elle reviendrait transformée.
Il lui passa la main dans les cheveux et posa sa bouche sur la sienne. Iris sentit une onde de choc à l'instant où leurs lèvres se rencontrèrent. Il l'embrassa avidement, comme s'il avait envie de connaître le goût de ses baisers depuis longtemps, et elle fut d'abord incapable de respirer. Puis le choc se dissipa, et elle sentit un frisson lui échauffer le sang.