Lecture par l'auteur accompagné de Rubin Steiner
Les variations, ce sont celles de la musique et du coeur, c'est le rythme de l'existence, ses résonances, ses échos, au sein de trois générations d'une même famille : Antoine le grand-père pianiste de jazz, Paul son fils, chasseur de sons, et Chiara, la fille de Paul, remixeuse des héritages. le lien d'amour et de filiation, ce qu'il crée de puissance et de malentendus, sont au coeur de ce roman. Porté par l'énergie et la sensualité propre à l'écriture de Pierre Ducrozet, c'est aussi une traversée incarnée d'un siècle de musique.
Le musicien électro Rubin Steiner accompagne cette lecture.
À lire Pierre Ducrozet, Variations de Paul, éd. Actes Sud, 2022.
À écouter Rubin Steiner, « Say Hello to the Dawn of Paradox », Platinum records, 2019.
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Il faut à l'intérieur de la langue, trouver sa propre langue, son propre territoire.
Le gouvernement et les entreprises françaises découvrent par ailleurs avec bonheur que la transition écologique réclamée partout est surtout une merveilleuse manière de faire du blé. Les opportunités sont infinies : voitures électriques, biomasse, carburants neutres, industries vertes, tourisme vert, tous les secteurs doivent se racheter une éthique, des pratiques, et c'est une fabuleuse occasion de créer des emplois, de relancer l'économie et un système à bout de souffle. Si on verdit un peu, on regagne la confiance des consommateurs, on recommence à produire "comme au bon vieux temps", on flingue toujours le monde mais dans une bonne humeur retrouvée. La société peut recommencer à tourner. L'avenir s'annonce radieux.
Brusquement tout se tient, obéissant à une logique simple et confondante : la loi du capital était naturellement, comme l’écrivait Marx, à la destruction de la valeur d’origine, à savoir, dans ce cas, la Terre et le vivant. (page 17)
Le sédentaire invente la hiérarchie sociale, la religion à laquelle tous devront se soumettre, il invente le pouvoir politique et économique, il institutionnalise la guerre. Il assoit son règne. (page 325)
De la canopée au-dessus d’elle s’écoule un immense murmure. Elle franchit finalement la fagne et rejoint l’autre rive. (page 124)
Une ville en ruine secrète rois et démons. Comme à chaque fois qu’un monde s’écroule et qu’un autre est sur le point de sortir du néant, un rythme latent l’annonce. Les prophètes et les fous l’entendent.
La rencontre du capitalisme et du pétrole est explosive ; c'est un amour fou , immédiat, la rencontre du glaive et du soufre, la réunion des deux affluents est un fleuve torrentiel.
Je ne dis pas que nous sommes innocents. Nous sommes tous complices et acteurs de ce système que nous perpétuons chaque jour par nos actes, nos faiblesses, nos compromissions. cela dit, les régimes politiques et économiques sont toujours, au départ, le fruit d'une décision d'une minorité de personnes, d'une révolution technique, d'un changement social. Ensuite le reste de la population fait le choix de suivre ou pas. Dans notre cas, nous avons tous sauté à pieds joints dans ce monde d'abondance et de plaisirs - on aurait été bien fous de ne pas le faire. Nous avons maintenant les deux pieds coincés dedans jusqu'à la base.
En découvrant le secret de l’apparition de la vie, on serait capable de saisir la seule énergie entièrement pure et infinie (le Soleil ne disparaîtra que dans cinq milliard d’années, ce qui nous laisse un peu de marge). On deviendrait plante, dépendant uniquement du soleil, de l’eau et du vent – on aurait enfin la solution à nos problèmes. (pages 64-65)
Finalement, les femmes et les hommes n’ont eu de cesse d’explorer de nouveaux territoires, de plonger dans les forêts et les mers, les montagnes et les plaines, tout ce qui les dépassait, pour réduire l’ensemble en esclavage. (page 168)