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Invitée : Leïla Slimani - Interview de Michelle Obama
L'Amérique n'est pas un endroit simple. Ses contrastes m'apparaissaient vertigineux.
Ces jeunes s'étaient adaptés à la logique absurde dictée par leur environnement. Ils restaient bien calfeutrés chez eux quand il faisait beau, modifiaient chaque jour leur itinéraire entre l'école et la maison, en fonction des gangs, dont les territoires et les allégeances variaient d'un jour à l'autre. Parfois, m'ont-ils expliqué, le plus sûr moyen de rentrer chez eux était de marcher au milieu de la rue, entre les voitures qui fonçaient de chaque côté. De là, ils voyaient mieux les bagarres qui dégénéraient, repéraient les éventuels tireurs - et ils avaient plus de temps pour s'enfuir en courant.
Cela me rappelle une mésaventure qu'a vécu mon frère Craig. A 12 ans, il était devenu trop grand pour son vélo. Il avait poussé si vite qu'il lui était désormais difficile de pédaler avec ses longues jambes, même en relevant la selle au maximum. Mes parents lui ont donc acheté un vélo d'adulte, à 10 vitesses jaune vif qu'ils avaient trouvé en solde dans un grand magasin Goldblatt. Craig était aux anges. Il se pavanait sur son vélo, fier comme un roi. Un jour il est allé jusqu'au parc du lac, pas très loin de chez nous. A son arrivée, un policier l'a arrêté, l'accusant de l'avoir volé.
Pourquoi ? Parce qu'un garçon noir n'était pas censé avoir un beau vélo aux yeux de cet homme - alors qu'il était lui-même afro-américain. Il avait assimilé un certain récit, intériorisé un stéréotype qui l'a amené, sans réfléchir, à déposséder un gamin de son vélo et, plus grave, de sa fierté (le policier a fini par s'excuser, après s'être fait dûment remonter les bretelles par notre mère). Le message que l'homme adressait à mon frère était aussi clair que tristement banal :
Tu n'es pas digne de ce que tu as.
Je pense que tu ne mérites pas ce qui te rend si fier.
C'est précisément le genre de réserve qu'on sent parfois dans les regards, quand on pénètre dans un lieu inconnu. Des regards qui nous disent que nous sommes des intrus, que nous devons nous justifier. Ces histoires, nous devons les réécrire, pas uniquement pour nous-même, mais pour qu'elle résonne dans un monde qui ne nous accepte pas.
J'avais vu Donald Trump traquer physiquement Hillary Clinton pendant un débat, la suivant pendant qu'elle parlait, s'approchant de trop près, essayant de l'écraser de sa présence. Je peux te faire du mal et m'en tirer à bon compte.
Mon désir d'épanouissement devait lui apparaître comme un souci de riche. Je doute que mes parents, pendant leurs trente années de vie conjuguale, aient abordé ce sujet ne fût-ce qu'une fois. (...) [ Ma mère ] avait soutenu sans mot dire tous les choix que j'avais faits. Cette fois, pourtant, elle m'a jeté un regard en coin chargé d'ironie, a mis son clignotant pour quitter l'autoroute et regagner notre quartier, et a laissé échapper un petit rire. "Si tu veux mon avis, a t-elle dit, gagne de l'argent d'abord, tu t'occuperas de ton bonheur après."
Ça fait mal de vivre après la mort de quelqu'un. Ça fait mal, c'est tout. Ça fait mal de longer un couloir, d'ouvrir le frigo. Ça fait mal d'enfiler ses chaussettes, de se brosser les dents. La nourriture n'a pas de goût. Les couleurs sont ternes. La musique fait mal, les souvenirs aussi. Vous regardez quelque chose que vous trouvez beau, d'habitude -un ciel qui s'empourpre au coucher du soleil, une aire de jeux remplie d'enfants-, et ça ne fait qu'aggraver votre sentiment de perte. Le chagrin peut être tellement solitaire.
C'est un parcours qui se fait pas à pas. Devenir exige autant de patience que de rigueur. Devenir, c'est ne jamais renoncer à l'idée que l'on peut encore grandir.
Il était gênant d'expliquer [ à des parents ] que, pour que Sasha puisse venir à l'anniversaire de leur petite Julia, le Secret Service devrait passer leur domicile au peigne fin. Il était tout aussi gênant de demander son numéro de Sécurité sociale à chaque parent ou chaque nounou qui emménerait leur enfant chez nous pour jouer. Tout cela était un peu embarrassant mais nous ne pouvions pas y couper.
Notre bilan familial se présentait désormais ainsi : nous avions deux enfants, trois emplois, un appartement et zéro temps libre.
Au pique-nique, chacun d'entre nous était flanqué de son propre agent de sécurité, (...) . Sacha les appelait les "gens secrets".