Citations de Josée Marcotte (44)
Naître fille d’angoisse, c’est attendre les canons de la guerre entre chaque repas. Et quand l’heure de la bataille sonne enfin, c’est le soulagement, l’acquiescement d’un état, pour un temps. L’autorisation d’une façon d’être, finalement justifiée, et l’apaisement dans l’action. À répétition. C’est le cycle d’’Isabelle, confortablement engluée dans le joug maternel.
C’est sous un ciel assombri de septembre qu’Arthur a finalement quitté la Mère, la terre qui l’a vu naître et toute sa vie d’ici. L’air content, il a dit qu’il allait rejoindre un grand poète à Paris, Paul Verlaine, avec qui il avait correspondu au cours de l’été.
Elles connaissent ses aspirations littéraires.
(…)
Isabelle se lève et enfile son tablier gris.
Ce qu’il y a de bien avec le secondaire, c’est qu’il a une fin. On ne peut pas mieux dire. Un matin, on se lève et c’est fini. Viennent ensuite les choix de vie et la possibilité de respirer, enfin. Mais on reste meurtrie, renfermée, dans sa tête, repliée sur soi comme un origami informe, et on essaie tant bien que mal de faire confiance aux autres, on va vers autrui, on brise des murs, on pleure un peu, on passe à l’action, on boite, on ne marche pas droit, mais on marche, et on vit.
Non, mais! Monsieur je-sais-tout vient de débarquer dans mon club adoré.
Et je me retrouvai, complètement ahurie, avec, entre les mains, mon âme, une arme de papier...
Parfois la lionne doit enfiler la peau du mouton pour survivre.
Alors, ils reconnurent que c'était une vrai princesse puisque, à travers les vingt matelas et les vingt édredons en plume d'eider, elle avait senti le petit pois. Une peau aussi sensible ne pouvait être que celle d'une authentique princesse - Hans Christian ANDERSEN
La Muette conservait tous les pépins de pommes, noyaux de vie et cadavres comestibles. Elle ne les mangeait pas comme nous toutes, mais les enfournait dans ses oreillers de plumes. Mamika seule devait connaître l’origine d’une telle habitude, elle nous répétait que sa protégée savait faire pousser ses rêves.
terrain
n. m. Les mots incarnent le plus vaste terrain de jeu qui soit.
ouihilisme
n. m. 1. PHILOS. Point de vue philosophique d'après lequel le monde (et l'existence humaine) est truffé de sens et de signes, et qu'il syffit de dire «oui» aux choses et à la vie pour faire advenir les possibles. Vers les années 1993-2010, alors que le développement de la société de consommation avait atteint son paroxysme, le philosophe Kaploutch lançait ce cri d'alarme : «Ce que je raconte, c'est l'histoire des deux prochains siècles. Je décris ce qui viendra, ce qui ne peut manquer de venir : l'avènement du ouihilisme» (XX, 19, Ed. Néo-Candide). L'audience qu'a rencontrée la philosophie dite « ouihiliste », avec ses thèmes privilégiés comme l'apocalypse, la chute et la violence burlesques, les créatures imaginaires (nains, elfes, zombies...), la naïveté consciente, les rêves, les flâneurs-bouffons, l'infini, le livre sous toutes ses formes fabulées, confirme que l'humanité est entrée dans la période de l'après-fin, l'imaginaire allié avec l'esprit. 2. COUR. Disposition d'esprit caractérisée par l'optimisme, le musement et l'émerveillement au quotidien.
eccéité
n. f. du latin ecce «voici, voilà». 1. PHILO. Fantasme d’individuation. Fait que l’individu se voit lui-même et distinct de tout autre. 2. COUR. Mélangez vigoureusement toutes ces lettres et vous trouverez «cécité».
internité
n. f. de «éternité» et «interne». Il importe d’habiter dès à présent l’intérieur de son corps et de son esprit, car c’est là que réside l’infini. Elle est retrouvée, Quoi? — L’internité, C'est le corps allé avec l’esprit (Rimbaud).
Marge vole le ciel, oui... parce que le sol est trop lourd et encombrant... l'emporte avec elle... on ne l'a pas encore arrêté... il y en a bien assez pour tout le monde... non ?
Tous ces masques... Et cette nudité impossible... Parce que, sous la peau, toujours les Autres... L'impossible rien... Marge dans tous ces éclats de rire... Et c'est tant mieux...
Ce n’est pas vrai que je vais rester là à me faire insulter alors que je pourrais être avec un homme d’excellente qualité.
-Vous êtes une rose qu’il ne faut surtout pas cacher, madame Moreau, dit-il en relevant la tête, un sourire en coin.
Je suis mise à nue, exposée, entière.
C’est ce que je désire.
Avec lui.
Un jour, l'Homme s'inclura dans la Bête.
Et c'est la Bête qui sauvera l'Homme de lui-même.
Le chaînon manquant entre le singe et l'homme, c'est nous.
Au-delà des mystères du temps se trouve une foulée de femmes recluses.
Quel seuil de douleur faut-il franchir pour atteindre le divin ?