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Critiques de Bernard Minier (4328)
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N'éteins pas la lumière

Bien qu'au repos pour cause de grosse fatigue, le commandant Servaz reprend du service, il faut bien dire, presque qu'à son corps défendant. Dans Toulouse sous la neige, en cette veille de Noël, quelqu'un lui a envoyé la clé de la chambre d'hôtel où, un an auparavant, une jeune artiste s'est suicidée (salement même, elle s'est égorgée ! ). Une curieuse coïncidence que le flic dépressif, qui soigne son mal être dans une clinique spécialisée, ne peut laisser passer.



Au même moment, une jeune animatrice radio découvre dans sa boîte aux lettres un curieux courrier d'une femme annonçant son suicide. Oubliant pour un instant que son fiancé semble lui préférer une jeune et belle (évidemment) doctorante, elle porte la lettre à la connaissance de la police. Elle ignore encore que cette découverte n'est que le début d'une manipulation diabolique et d'un épouvantable harcèlement.



J'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture - en tout cas, suffisamment pour me donner envie d'aller plus loin dans la découverte de l'univers de Bernard Minier - J'y ai trouvé des personnages crédibles, même si un tantinet stéréotypés, un suspense efficace, et au point de rencontre de ces deux histoires, une incursion dans le domaine spatial tout à fait prenante. Et ce, malgré une petite voix lancinante (celle qui pousse, entre autres, l'héroïne à ne faire que des mauvais choix) qui n'est pas des plus finaude...
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Déguster le noir

Je voudrais commencer par remercier deux amis babéliotes de longue date, pratiquement les premiers depuis que je me suis aventurée sur ce site si dangereux pour moi, en ce sens que les tentations y sont bien trop nombreuses !

Le premier, c'est Yvan Fauth, alias Gruz ici, pour avoir créé et dirigé cette collection sur les cinq sens dont j'ai savouré chaque opus. Grâce à lui, mes yeux, mon nez, mes oreilles, ma peau et mes papilles se sont affûtés, j'ai découvert de nouveaux auteurs (dont j'ai lu des romans par la suite), et dans ce dernier recueil, j'ai dégusté, dans tous les sens du terme ! Yvan, entend les appels de tes fans, s'il te plaît concocte-nous encore un petit dernier avec le fameux sixième sens...

Le second, c'est Messire Godefroy, autrement dit Antyrya, qui suite à un pari sur le futur titre du présent ouvrage (pari que j'ai gagné) me l'a envoyé le jour même de sa parution. Merci à toi Anty, tu es un homme de parole et tu m'as fourni une de mes meilleurs lectures de vacances.



Bon, c'est très bien tout ça, mais quand est-ce qu'on entre dans le vif du sujet, c'est-à-dire ce que j'ai pensé de ces treize nouvelles centrées sur le goût ? Premier constat : il y en a vraiment pour tous les goûts, et à toutes les sauces dans ces presque 300 pages. Du glauque, du terrifiant, du cynique, et même de l'humoristique, chacun y trouvera à boire et à manger.

Second constat : moi qui ne lisais pratiquement pas de nouvelles, excepté celles de Stephen King qui s'apparentent souvent à de courts romans, et bien j'y ai vraiment pris goût, au fur et à mesure de la parution de ces recueils, je les savoure de plus en plus. Elles concentrent les spécificités de chaque auteur, et sauf exception, ne me frustrent plus à cause de leur brièveté. Bien sûr, toutes ne m'ont pas rassasiée de la même façon, quelques-unes m'ont un peu laissée sur ma faim, mais dans l'ensemble je me suis sentie repue à la fin de mon repas, pardon, je voulais dire "de ma lecture".



Mais cessons là les métaphores gastronomiques, je crains de vous gaver !

J'évoquerai d'abord les nouvelles qui m'ont vraiment mis l'eau à la bouche (pardon !), à commencer par celle de Jérémy Fel : "Dans l'arène", dont j'ai d'ailleurs mis un certain temps à comprendre le titre. Elle se situe dans un futur qui pourrait être bientôt d'actualité, et met en scène une petite communauté familiale vivant dans les bâtiments d'une ancienne ferme. Tout est sec, plus rien ne pousse, le ciel est constamment voilé, on étouffe. Aux infos on voit des migrants se faire arrêter, la pollution atmosphérique bat des records, il n'y a presque plus d'eau, bref les curseurs d'aujourd'hui poussés un peu plus loin. Entre les épouses des deux frères qui vivent là, rien ne va plus. Bastien, le fils de Juliette et Olivier, a disparu, manifestement dénoncé pour avoir hébergé des réfugiés. Et Juliette soupçonne fortement Mathilde et Matthias, qui d'autre ? Il n'y a plus personne à des kilomètres à la ronde...Le repas d'anniversaire de Léa, fille de Mathilde et Matthias va précipiter les évènements.

J'ai adoré cette atmosphère angoissante, cette montée en puissance et la brusque révélation qui va complètement changer la perspective, un régal !



Parmi mes préférées également : "La visite" de Nicolas Beuglet, que j'ai trouvée particulièrement savoureuse de par son humour décalé et ses clins d'oeil aux adeptes du bio, du local et de la nourriture "saine". Aujourd'hui est un grand jour, car Gilles va faire la connaissance des parents de son amoureuse, Claire. Marlène et Pierre les accueillent chaleureusement, chez eux tout est beau, y compris Marlène, la très jeune maman de Claire. Pierre, le papa, manie l'humour au second degré, mais la bonne chère va vite détendre l'atmosphère. Attention à ne pas forcer sur le digestif quand même, c'est du costaud !



Dans un tout autre registre, on passe du rire (jaune) aux larmes salées : "Joé", de Christian Blanchard, qui met en abyme l'histoire de Lenny dans "Des souris et des hommes" de Steinbeck. Joé est un doux géant qui n'a qu'un rêve dans la vie, connaître le goût de la mer. Mais elle est loin la mer, et pour l'atteindre il faudra mener bien des combats... Une histoire très courte mais qui m'a beaucoup touchée, d'un auteur que je ne connaissais pas.



Ian Manook, lui je le connais déjà bien, et il ne m'a pas déçue avec "Feijoada" ! Si, vous savez, ce plat brésilien à base de haricots noirs et de toutes sortes de viande, les restes, les bas-morceaux, ce qu'on trouve quoi ! De l'humour très noir, qui rappelle les films de gansters des années soixante, genre "Les tontons flingueurs", un vocabulaire truculent-succulent, et une chute certes attendue mais vraiment bien dans le ton du thème. Excellent !



Et puis, un peu comme le dessert qui vient en apothéose du repas, il y a cette dernière nouvelle, plus longue, un petit polar à elle toute seule, "Scène de crime" de R. J. Ellory qu'on a toujours autant de plaisir à retrouver dans les recueils d'Yvan. Pas d'humour ici, on est sur les traces d'un tueur de jeunes femmes, l'enquêteur est sur les dents, les cadavres décapités et vidés commencent à s'accumuler dans une atmosphère quasi apocalyptique. Erikson, le policier chargé de l'enquête, va en faire une affaire personnelle... Une intrigue fouillée, dont les ressorts psychologiques vont vous retourner les tripes.



Voilà pour mon quinté de tête, mais parmi les autres récits, certains valent leur pesant de cacahuètes aussi. Prenons par exemple celle qui sert d'apéritif, "Le goût des autres", de Bernard Minier. Un check-point tenu par des américains dans le désert en Irak. Leila, muséologue, et son chauffeur Hassan se font arrêter pour un contrôle qui va se prolonger...Des relents de fantastique pour une nouvelle qui aurait gagné à être un peu plus développée, à mon avis.



A suivre, "Ripaille", d'Anouk Langaney, qui nous a concocté un menu très élaboré des apéritifs aux desserts. Une des convives nous fait part de ses réflexions sur les autres invités et la maîtresse de maison, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle a une drôle de vision des plaisirs, de la table mais pas que... C'est assez tordu, mais plaisant, sans plus.



Comme nous avions beaucoup mangé, la nouvelle suivante est tombée à point nommé : "Tous les régimes du monde" de Cédric Sire nous emmène dans le monde du mannequinat, où l'idéal de beauté consiste à faire une taille 32, obtenue en mangeant trois pommes par jour, et au prix de malaises répétés. L'émulation fait des ravages entre Laura et Giulia, mais leur compétition tournera au désastre pour toutes les deux. Un récit glaçant, car certains détails sonnent hélas très vrai.



Pour ne pas rendre ce billet trop indigeste, je ne détaillerai pas les autres nouvelles, bien qu’elles ne manquent pas d’intérêt non plus. Deux d’entre elles traitent du périlleux métier de goûteur, « Amertumes » de Pierre Bordage et « Le goûteur » de Jacques Expert, deux auteurs dont la réputation n’est plus à faire.

« Jalousies » de Sonia Delzongle joue sur le double sens du mot-titre, et évoque le triste sort d’une femme réduite au rôle de poulinière et de servante de son mari à qui elle concocte sans se rebeller de bons petits plats sans attendre la moindre reconnaissance. J'avoue préférer l'auteur quand elle écrit des romans, même si la nouvelle ne manque pas d'intérêt.



"Alfajores" de Nicolas Jaillet nous parle d'un employé de Huei, où l'on transforme de la camelote asiatique en souvenirs "made in France" à grand renfort d'autocollants censés faire authentique. Un jour Pascal "n'a plus le goût"... L'histoire qui m'a le moins marquée, d'ailleurs je ne m'en souvenais plus (j'ai lu le livre pendant mes vacances, il y a un mois !).



Et enfin il nous reste une petite dernière, pour la dent creuse dirons-nous : "Un père à la truffe", de Patricia Delahaie, auteure que je découvre et qui je trouve a parfaitement saisi le concept de "déguster le noir", j'ai beaucoup aimé cet histoire de père qui ressemble un peu à un ogre et qui va passer une journée singulière avec sa gamine de douze ans, qu'il n'a pas vue depuis longtemps. C'est original, et m'a donné envie de mieux connaître l'auteure.



Pour conclure ce looong billet, plus j'en ingurgite, plus je les aime, les nouvelles ! Et je ne peux que vous inviter à une petite dégustation entre initiés, avec des hôtes de marque qui vont vous recevoir aux petits oignons !











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Un œil dans la nuit

Martin Servaz se confronte au monde étrange du cinéma de genre, un univers qui lui est totalement étranger. Horreur, malheur !



Bernard Minier nous fait regarder en face cette sphère cinématographique, Un œil dans la nuit collé au judas. Et le moins que l’on puisse dire c’est que ce voyage intérieur va laisser des traces.



Quand Bernard Minier se lance dans un projet, il ne fait jamais les choses à moitié. Là où tant d’autres auraient pris le sujet avec légèreté, il a visionné plus de 200 films d’horreur pour se mettre dans l’ambiance de l’intrigue. L’histoire ne nous dit pas dans quel état il en est ressorti.



Ce nouveau roman autour de Servaz et de son équipe coche toutes les cases d’une réussite éclatante. Avec une atmosphère plombante, où l’écrivain joue sa partition mortifère en collant parfaitement à la thématique.



On s’approche à petits pas d’une idole, d’un génie reclus. Morbus Delacroix est un réalisateur qui a marqué le genre par sa capacité à capter l’attention des spectateurs, à les fasciner autant qu’à les choquer. Après avoir tourné un dernier film devenu légendaire, que personne n’a jamais vu, qui n’a jamais été diffusé, il vit cloîtré, baigné tout entier dans son art, sa vision du monde. Un génie ou un fou, mais un personnage à part, clairement.



Les membres de son ancienne équipe de tournage, techniciens et producteur, se mettent à dérailler, à mourir pour certains. L’affaire se présente de manière aussi surprenante que pourrait l’être un film.



Un œil dans la nuit est un divertissement de haut vol, avec plusieurs scènes d’anthologie qui vont marquer au fer rouge l’imaginaire des lecteurs. Attendez-vous à hurler !



Une enquête folle, qui plonge les protagonistes dans les ténèbres, secouant comme jamais l’équipe Servaz.



Mais derrière la forme, derrière une intrigue qui se révèle digne des meilleures productions terrifiantes, on peut y voir un deuxième niveau de lecture. Proposer un divertissement assumé n’est pas incompatible avec la notion de talent.



Le cinéma de genre, et le thriller en littérature, restent parmi les derniers espaces de liberté. Dans des sociétés qui s’aseptisent de plus en plus, ces vecteurs sont aujourd’hui comme les terrains privilégiés de cette liberté créatrice. Le sujet est là, omniprésent en toile de fond.



On sent une vraie jubilation de Minier à écrire certaines scènes et décrire certains personnages. Et c’est clairement contagieux.



Mais l’horreur est loin d’être le seul thème du roman, ce serait trop simple. Ce thriller est tout sauf une énième banale production. Certains passages sont très forts émotionnellement, inoubliables.



Que ce soit concernant Servaz lorsque l’auteur parle de filiation, ou quand l’écrivain évoque (avec intelligence) le complotisme. Parce que rien n’est plus difficile que de distinguer le vrai du faux, dans ce monde de l’illusion qu’est le cinéma.



Un œil dans la nuit braqué sur lui, Servaz paye le prix du danger dans cette enquête qui prend aux tripes. Bernard Minier réussit formidablement son coup, à travers une intrigue qui va vous en mettre plein les yeux, une pyrotechnie à voir comme une déclaration d’amour au genre, du cinéma à la littérature.
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
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Une putain d'histoire

- Qu'est-ce que tu lis de beau en ce moment?

- Une putain d'histoire.

- Ouais mais encore, c'est quoi le titre?

- Une putain d'histoire!

- Pfff garde-le ton bouquin si tu veux pas en parler.



Anecdote véridique au moment où je lisais ce roman de Bernard Minier, peu de temps après sa parution. Avec un titre pareil aussi...

On quitte le Sud-Ouest de la France et ses personnages de Glacé et compagnie. Direction le Nord-Ouest des États-Unis où l'on rencontre Henry, jeune lycéen de dix-sept ans, choyé par ses deux mères et qui vit sa vie sur une petite île où passent les orques. Entre autres. Il prend le ferry pour se rendre au lycée. Et c'est à son bord que le drame commence : sa petite amie y est assassinée. Et il se retrouve dans le viseur de la police comme principal suspect.



L'enquête sur ce qu'il s'est réellement passé sur ce ferry occupe une très large partie du pavé, prenant souvent des tours et détours surprenants, suspense oblige. Mais en filigrane se tisse une autre trame, complexe, inquiétante. Il faut un certain temps pour comprendre les convergences et le dénouement a de quoi laisser pantois (et on comprend d'autant mieux le titre qu'on ne l'a pas vu venir, ce qui fut mon cas). Chapeau Bernard! Vos histoires, vous savez les planter et construire tout autour un cadre et des personnages sur mesure pour nous conduire droit dans le mur.



Depuis Glacé, je suis avec beaucoup d'intérêt l'oeuvre de cet auteur. Ses thrillers sont captivants et on finit les chapitres en apnée, c'est clair. Mais il donne aussi toujours une réflexion sur la société contemporaine, que ce soit d'un point de vue purement sociologique ou bien technologique avec toutes les possibilités offertes.
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N'éteins pas la lumière

Troisième livre que je lis de Bernard MINIER, je constate une fois de plus que j’ai été happée par ce thriller. Il n’y a aucun doute là-dessus, Monsieur MINIER vous avez un certain talent pour nous embarquer totalement dans vos histoires.



Point de départ du roman, Christine Steinmeyer, journaliste radio très appréciée de ses auditeurs, trentenaire sur le point de se marier, reçoit le soir de Noël une lettre anonyme lui annonçant le suicide d'une personne. Pensant qu'il s'agit d'une erreur et que cette lettre ne lui est pas destinée, elle part travailler à la radio tout en étant extrêmement mal à l’aise. C’est alors qu’un homme l'interpelle en direct lors de son émission pour l’accuser d’avoir laissé une personne se suicider sans lui avoir apportée le moindre secours. A partir de cet instant, sa vie va totalement basculer dans l'horreur. Petit à petit, nous allons suivre la lente descente aux enfers de cette femme. Victime de menaces, insultée, harcelée de toute part, délaissée par tout le monde la croyant devenue folle, les incidents vont se multiplier comme si quelqu’un prenait le contrôle de sa vie jusqu’à la faire sombrer totalement et l’amener pourquoi pas au suicide.



Parallèlement, le lieutenant Servaz, que l'on avait quitté dévasté lors de sa précédente enquête, se trouve en congé maladie dans une maison de repos spéciale « flics » afin de soigner sa dépression.

Le même jour, il va recevoir un mystérieux colis contenant la clé d'une chambre d'hôtel où une artiste peintre s'est donné la mort un an plus tôt, affaire qui avait été classée très rapidement. Il va alors décidé de reprendre l'enquête malgré le refus de sa hiérarchie.

Vous devez vous en douter, le destin de Christine et de Servaz vont inexorablement se croiser.



Comme dans ses deux précédents romans, ce thriller est mené tambour battant, même si je l’avoue j’ai trouvé quelques petites longueurs (surtout au début) mais avec une deuxième partie totalement haletante, une histoire montant crescendo au fur et à mesure que nous avançons, car cette descente aux enfers de l’héroïne est tout simplement effrayante et totalement captivante, et terriblement efficace, en nous manipulant tout de même un petit peu.



Bien sûr ce n’est pas sans rappeler le roman de Karine GIEBEL « juste une ombre ». Mais il n’y a aucun doute la dessus, MINIER sait parfaitement mener une intrigue d’un bout à l’autre en nous tenant en haleine jusqu’au dénouement final. Et puis, je dois l’avouer je retrouve à chaque fois avec un certain plaisir le personnage de Martin SERVAZ torturé à souhait.



Alors vous qui adorez les thrillers, ne boudez pas votre plaisir, précipitez-vous sur ce roman, et à coup sûr vous « n’éteindrez plus la lumière » chez vous de la même manière…



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Une putain d'histoire

Un thriller bien propret qui cache une machination machiavélique.

Henry est un adolescent de seize ans qui vit sur une île, Glass Island, au large de Seattle. Il a été adopté par un couple lesbien, Liv et France. C’est en prenant le ferry pour rejoindre le continent qu’il a une violente altercation avec sa petite amie, Naomi. Celle-ci lui demande qu’ils fassent une pause et lui révèle : « Je sais qui tu es ! ». Peu de temps après le corps de Naomi est retrouvé sur une plage, sans vie, emmêlé dans un filet de pêche. Henry devient rapidement le suspect N°1…

Evidemment, sous la plume de Bernard Minier, l’histoire n’est pas aussi simple qu’il n’y parait et elle promet un dénouement inimaginable.

« Une putain d’histoire » n’est pas forcément à la hauteur de la vulgarité accrocheuse de son titre. On est loin du sensationnalisme ou du gore de certains polars addictifs. On ne s’ennuie pas mais l’auteur ne nous bouscule pas trop non plus. C’est un peu comme une promenade de santé. L’auteur ne développe pas assez le côté sombre de ses personnages. Néanmoins, on passe un agréable moment.

Editions XO, Pocket, 593 pages.

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Soeurs

Tout a été dit déjà, tant pis :

Voici un ouvrage venimeux, sinueux, noir, haletant , qui m’a tenue en haleine jusqu’au bout !



C’est mon premier livre de cet auteur :

J’ai été happée, emportée par une intrigue prenante.

Je ne suis guère familière avec ce genre ...



Un polar en deux temps,: j’ai trouvé la 2ème partie plus entraînante, totalement novice je ne me suis pas ennuyée , un peu de naïveté sans doute et facilement bluffée .



L’enquête est bien rythmée, pétrie de rebondissements,.



Servaz , jeune flic au début , fascinant et attachant , vingt -quatre ans à la première enquête, en 1993, sera confronté à la dure réalité des meurtres .



La deuxième affaire aura lieu en 2018, vingt- cinq ans après.



Rattrapé par l’affaire, le choc réveille les craintes de Martin Servaz jusqu’à un final inattendu ....

Un thriller passionnant ,bien écrit, une machine parfaitement huilée, que j’ai eu beaucoup de mal à lâcher .



Il faut absolument que je lise « Glacé »et « Cercle » ouvrages précédents auxquels l’auteur fait référence plusieurs fois durant la narration .



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Glacé

Des meurtres, une enquête, un hôpital psychiatrique… Autant d’éléments qui laissent à penser que cette intrigue va sentir le réchauffé. C’est sans compter sur le talent de Bernard Minier, sa belle maîtrise du sujet et son écriture expressive.



Il arrive à embraser la glace environnante, avec l’intelligence d’un vieux briscard (alors que c’est pourtant son premier roman).



Ce bouquin est une montagne de 560 pages (version brochée) qu’il convient d’escalader avec retenue, en respectant des paliers de (dé)compression. Car Minier sait prendre son temps durant son ascension. Il sait faire monter la température, dans cette histoire glaçante qu’il nous sert frappée, jusqu’au choc thermique de fin.



Contrôlant le déroulement de son récit avec précision, Minier est toujours à la limite du coup de grisou, sans jamais perdre l’équilibre et fait preuve d’un vrai sens du rythme. Lent au début, échevelé à la fin, l’intrigue souffle le chaud et le froid et tient admirablement bien la route, malgré quelques petits passages plus convenus.



Le roman porte admirablement bien son nom durant les 2/3 de l’histoire, du fait de son atmosphère et de son contexte géographique.



Parce qu’il faut insister sur l’importance des Pyrénées dans le récit, personnage à part entière du roman. L’auteur parvient, avec une certaine poésie, à nous rendre oppressant un paysage sombre et magnifique à la fois, dont l’immensité donne le vertige.



Les autres personnages ne sont pas en reste, tous avec une véritable épaisseur et de belles failles. Des personnages attachants et/ou intrigants qui rendent crédible ce récit où le poids du passé les écrase, nous rappelant qu’il peut parfois être lourd à porter.



Un vrai thriller, mais qui prend ses aises, bourré de faux semblants, « Glacé » est globalement une réussite. Il me brûle d’en lire la suite.
Lien : http://gruznamur.wordpress.c..
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Lucia

C’était écrit. Voir Bernard Minier traverser de l’autre côté de ses Pyrénées chéries n’étonnera pas ceux qui le suivent, qui savent que l’Espagne fait aussi partie de son patrimoine. Génétique et culturel.



Il y a Servaz, il y a désormais également Lucia.



Rien ne sert de les comparer, ils ne sont pas le Yin et le yang, mais deux caractères différents, bien marqués.



Lucia est une femme flic qui se meut dans un monde d’hommes au sein de la Guardia Civil. Guerrero de son patronyme, traduire « la guerrière ».



Oui, un tempérament bien marqué, pas toujours maîtrisable. Une volonté de fer, mais également des failles saillantes.



Ce nouveau roman permet de la découvrir à travers une enquête à laquelle elle se retrouve intimement liée. L’action débute par le meurtre atroce, mais graphiquement marquant, de son coéquipier.



D’ailleurs, ce Minier-là se révèle encore plus visuel que les précédents. Par la mise en scène des meurtres répétés, par les thématiques révélées. Par l’écriture aussi, qui fait encore davantage appel à notre mémoire visuelle et à notre capacité de se figurer les scènes décrites.



L’écrivain à succès ne répète jamais simplement ses gammes, chaque livre a sa propre personnalité. Celui-ci se veut moins engagé, moins à l’écoute de notre monde comme l’était le précédent, La chasse.



Lucia est avant tout un thriller qui travaille le divertissement, l’ambiance, le rythme, l’intrigue.



Divertissement et rythme, avec une histoire qui pulse sans cesse sur 470 pages. Même si rien n’est simple et que les strates de lecture sont multiples.



Ambiance, à travers la découverte de ce bout d’Espagne. Mais aussi, surtout, par l’étrangeté de la violence d’un tueur qui met en scène ses actes comme d’antiques œuvres d’art.



L’auteur a façonné son atmosphère pour la rendre particulièrement angoissante. La peur est omniprésente, emmenant le lecteur vers le genre de thrillers qui crée viscéralement le malaise.



L’histoire est sans doute moins typée que certains précédents romans. Mais l’auteur fait la différence par son savoir-faire singulier et sa capacité à construire un décorum formidablement immersif.



La virée espagnole est une belle incursion géographique et culturelle, qui sonne juste, qui donne de la matière et de l’épaisseur au récit.



Mais l’auteur ne peut pas totalement se déconnecter de l’époque, à l’image de son groupe d’étudiants en criminologie travaillant sur un logiciel qui pourrait révolutionner les enquêtes criminelles.



Lucia est un thriller sacrément prenant, bien construit, sombrement ludique, diablement captivant. Avec une toile de fond dense et une narration qui maîtrise parfaitement les ingrédients qui rendent l’intrigue impossible à lâcher.



Lucia est aussi un personnage d’une belle épaisseur, et qui n’a clairement pas tout révélé d’elle. De quoi permettre de donner corps à une future autre histoire. A suivre ?
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N'éteins pas la lumière

Vu l'état de Martin Servaz à la fin du 'Cercle', on se doute qu'il n’est pas en grande forme. De fait, il séjourne dans une maison de repos pour policiers. Alors, pantoufles, pyjama, cure de sommeil ? Heum, un brave anonyme vient chatouiller notre gaillard au fond de sa chambre, lui envoyant petits colis et mystérieux rendez-vous. De quoi secouer des neurones engourdis par les médocs. Et hop, Servaz repart enquêter mine de rien sur une affaire classée depuis un an.

Parallèlement, Christine, journaliste radio trentenaire, se fait harceler – elle aussi par un brave anonyme – suivre, menacer, son appartement est visité, des objets déplacés. Elle se grille au boulot et auprès de ses proches qui, bien sûr, doutent rapidement de sa santé mentale.



La lecture de ce thriller est plaisante, le suspense est au rendez-vous et l’intrigue suffisamment alambiquée pour que le lecteur stresse, "paranoïte" et se fasse balader. Tout comme dans les deux premiers opus de la série ('Glacé' et 'Le Cercle'), que j'avais vraiment appréciés.

Mais si on a lu Lisa Gardner, Franck Thilliez, et surtout Karine Giébel et Pierre Lemaitre, on se sent ici en terrain familier, beaucoup trop familier, ce qui peut agacer très rapidement. Beaucoup de thématiques identiques (manipulation, harcèlement, paranoïa, femme trentenaire au caractère bien trempé) et de situations déja mises en scène par ces auteurs précités ou d'autres. ATTENTION, SPOILER



Comme le titre (façon H. Coben, M-H Clark) peut le laisser présager, ce polar reprend les recettes gagnantes du genre et semble avoir été écrit pour une adaptation cinéma – à la limite sans passer par la case ‘lecteurs’.

Et bien sûr, la fin laisse attendre une suite.

Je reconnais qu'une des composantes de l'intrigue, au moins, m'a semblé originale et intéressante : l’entraînement des spatio-, astro-, cosmonautes.



Encore un thriller qui devrait séduire ceux qui en consomment avec modération, moins les habitués accros, avides de nouvelles sensations.
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Une putain d'histoire

"Tout ça pour dire que ceci n'est pas un authentique roman américain : c'est un authentique hommage au roman américain... et au cinéma américain."

Ainsi s'exprime Bernard Minier à la toute fin de son ouvrage dans la longue liste (très explicite) de ses remerciements.

Car en lisant ce thriller, on peut effectivement se demander si l'on a affaire à un écrivain américain au patronyme francisé, ou bien à un auteur francophone ayant vécu aux USA, comme d'autres expatriés ont vécu au Japon... je pense à Amélie Nothomb, à Jake Adelstein ou encore à Nick Bradley.

Tout le culturel, tout le sociétal, le politique, l'historique, le géographique, l'océanique, la flore, la faune sont restitués avec un souci d'exactitude et de précision qui tourne à l'obsessionnel, à la peur du syndrome de la montre- bracelet du légionnaire dans un péplum qu'aurait signé Cecil B.DeMille.

Un très bon point est cette île fictive ( Glass Island ) où se situe en majeure partie l'action du roman, île inspirée de celles qui se trouvent dans l'État de Washington... à savoir Orcas Island, San Juan Island et Whidbey Island.

Minier les a visitées, y a séjourné, a fait connaissance des autochtones et en particulier des flics, qui ont, dans une certaine mesure, contribué au label d'authenticité de cette île, de son mode de vie, de son rapport à la nature, à la modernité et à la violence de la société qui semble en être un corollaire.

Rentrant du collège par le ferry du soir, Henry un adolescent de seize ans a une violente dispute avec sa petite amie Naomi qui veut faire un break, arguant du fait "qu'elle sait maintenant qui il est".

Naomi disparaît puis est retrouvée morte assassinée quelques jours plus tard.

Henry, fils adoptif de deux mamans lesbiennes, va tout tenter avec sa bande de copains pour découvrir la vérité et le ou la meurtrier(ière).

Car un compte à rebours a débuté pour le jeune homme dont la police a fait son principal suspect.

Dans le même temps, un des tout-puissants milliardaires du pays, cherche depuis seize ans le fils qui lui a été enlevé par Meredith sa petite amie de l'époque.

Ce milliardaire, futur politicien, règne sur un Empire numérique, une sorte de Big Brother tentaculaire qui voit tout et peut tout... ou presque.

La narration d'Henry est parallèle à la recherche de ce potentat en quête de son fils disparu.

Qui est qui ?

Qui peut quoi ?

Tout est dans ce thriller très bien pensé du point de vue de l'intrigue mais poussé aux limites du blockbuster hollywoodien... genre - Piège de cristal -, dans lequel Bruce Willis serait un ado de seize ans capable de balancer du haut d'un phare un truand averti cent fois plus fort que lui, d'affronter tel Tarzan transformé en chevalier Neptune des orques intimidées à sa seule vue ou bien encore nager dans une mer tempétueuse comme un Michael Phelps amphibien gavé d'une potion magique concoctée par un druide gaulois.

Si vous passez outre à ces aspects caricaturaux de l'histoire, celle-ci vous réservera d'incessantes surprises... car le rythme ne baisse jamais d'intensité... Vous ne pourrez pas ne pas être interpelé par la densité des personnages.

Et enfin, cette numérisation globalisée du monde vous rappellera à travers les puces, les drones, votre ordinateur... à quel point vous n'êtes pas tout à fait dans le monde que vous croyez à tort être le vôtre.

J'ai lu donc ce Minier avec le plaisir du lecteur qui a envie de se divertir, d'essayer de se faire un peu peur, qui a besoin qu'on l'étonne, qu'on le surprenne, qu'on l'épate.

Minier tient son pari.

C'est certes borderline, mais j'ai lu peu de thrillers qui ne l'étaient pas... - Meurtres pour rédemption - de Karine Giebel dépasse à lui seul toutes les vraisemblances possibles et imaginables.

Donc, dans la catégorie ou le genre thriller, celui de Minier a plutôt de l'allure, et sa chute une cohérence avec son réquisitoire contre un monde qui met à nu chaque homme de cette planète... jusqu'à la moindre de ses cellules.







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Nuit

Ce dernier livre de Bernard Minier je l'attendais depuis une année déjà, depuis que son précédent livre "Une putain d'histoire" est paru et que je l'ai lu avec une pointe de déception.



J'avais hâte de retrouver le commandant Servaz, les rues et lieux de la ville rose qui me sont familiers puisque j'y vis mais surtout ses intrigues complexes, au suspense savamment distillé, ses paysages oppressants qui font qu'on a des sueurs froides.



J'avais donc évidemment pris note de la date exacte de parution de "Nuit", ce nouveau livre au titre aussi court qu'intriguant et c'est donc avec entrain que je me suis ruée le jour J dans ma librairie pour me le procurer.



Et autant vous dire que ce dernier livre m'a franchement déçue et qu'en tant que fervente admiratrice de Bernard Minier, la rédaction de cette critique a été pour le moins difficile.



Dans cet opus, Julian Hirtmann, le tristement célèbre serial killer Suisse est de retour. Servaz retrouve sa trace sur une plate-forme pétrolière située dans les eaux norvégiennes après que l'une des techniciennes y officiant ait été assassinée dans une église.

Alors que la police norvégienne fouille les cabines, une série de photos montrant le même homme est retrouvée dans l'une d'elles. Sauf que voilà, l'occupant de cette cabine manque à l'appel. Cet occupant, c'est Julian Hirtmann et l'individu figurant sur les photos n'est autre que Martin Servaz, commandant à la police judiciaire de Toulouse qui le traque depuis de nombreuses années.

Très affaibli physiquement et psychiquement après une interpellation qui a mal tourné et à l'issue de laquelle il a passé plusieurs jours dans le coma, Martin devra néanmoins reprendre rapidement du service après que l'enquêtrice norvégienne en charge de l'homicide commis dans son pays par le fameux Hirtamann lui ait demandé de lui prêter main forte.

Parmi les photos détenues par Hirtmann dans sa cabine figure aussi celle d'un jeune garçon, un garçon qui se prénommerait Gustav comme le célèbre compositeur aimé communément par Servaz et Hirtmann, Gustav Mahler.



Venons-en donc à la critique à proprement parler. Les cent cinquante premières pages m'ont beaucoup plu avec cette nouvelle traque qui se profilait entre la Norvège et le sud-ouest de la France, cette possible confrontation entre l'inspecteur français et le serial killer Suisse, confrontation attendue par Servaz et par les lecteurs depuis tant d'années.



Mais c'est là que le bât blesse, passé ces cent cinquante pages le soufflet retombe, l'intrigue s'essouffle et je commence à craindre le pire. Ce sentiment d'essoufflement ne m'aura d'ailleurs plus quittée jusqu'à la fin...



A dire vrai, l'intrigue ne nécessitait pas à mon sens d'être dispatchée sur pas moins de 530 pages. J'ai trouvé que la trop grande distillation de l'intrigue donnait au lecteur un sentiment trompeur de complexité.



"glacé", "Le cercle" et "N'éteins pas la lumière" étaient tous trois de bons pavés mais jamais en les lisant je ne me suis dit "Mais quels gros pavés, qu'est-ce qu'ils sont longs et lents", or c'est la réflexion que je me suis faite passé ces cent cinquante premières pages.



J'ai eu l'impression que l'auteur était peut être un peu en manque d'idée et que dans sa volonté de continuer ce jeu du chat et de la souris entre ses personnages phares, Servaz et Hirtamann, il avait un peu réutilisé les mêmes ingrédients, une intrigue qui se veut nouvelle mais qui finalement ne l'est pas tant que ça si on y regarde de plus près.



Au passage j'ai quelque peu regretté aussi que les acolytes de Servaz j'ai nommé Vincent Espérandieu et Samia Cheung aient été laissés de côté dans ce tome. Mais bon là c'est un petit bémol, il est vrai qu'ils n'ont jamais occupé une énorme place mais bon quand même j'ai regretté un peu qu'il n'y ait pas une évolution dans leurs relations respectives.



Je tire cependant toujours mon chapeau à Bernard Minier pour sa capacité à donner vie aux paysages, aux lieux dans lesquels il situe ses intrigues, lesquels font d'ailleurs partie intégrante de ses histoires tels des personnages à part entière sans lesquels la saveur ne serait pas la même.



Seule grande réussite à mon sens dans ce quatrième tome des aventures de notre cher Servaz est la fin, une fin qui m'a scotchée grâce à un rebondissement de dernière minute auquel je ne m'étais absolument pas attendue.



Mais voilà, cette fin réussie ne fait pas tout et me voilà déçue pour la seconde fois par l'un de mes auteurs préférés...
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Glacé

Alors que, dehors, ma Bourgogne natale grelotte, je me suis glissé dans le glaçant "Glacé" de Bernard Minier... C'est donc, confortablement installé, que j'ai découvert l'écriture de cet auteur.

Un cheval décapité est découvert au sommet de cimes enneigées. Le commandant Martin Servaz se trouve associé au capitaine Irène Ziegler pour mener l'enquête. Police et gendarmerie associées ? Pour un cheval ?

Oui, mais pas n'importe quel cheval, un pur-sang, fierté de son éleveur et qui, surtout, appartient à l'une des plus grosses fortunes du pays. Quand on a l'argent, on a le bras long et quand la politique s'en mêle, on déploie les grands moyens. D'autant que d'autres crimes sont commis et les victimes ne sont pas animales cette fois. Sur place, des traces d'ADN. Oui, mais voilà, celui à qui elles appartiennent ne pouvait pas se trouver sur place....

Minier nous livre là un modèle de thriller. Tout y est. Les pistes qu'on brouille, les suspects qu'on croit identifier, les ombres, les angoisses, les doutes, les révélations. Surtout, là où il est fort cet auteur, c'est dans l'ambiance. La montagne, on la voit. La neige, on s'y enfonce. Le brouillard, on s'y perd. La peur, on la transpire.

Janvier, la saison du blanc ? Alors là vous allez être servis, du blanc il y en a partout, presque trop, ça en est flippant. Pourtant quelle jubilation, difficile de lâcher ce roman.

Le hasard, et je vous jure que c'est vrai, a mis ce livre entre mes mains au moment où une série, adapté du roman, est télévisée. J'ai lu beaucoup d'avis mitigés sur cette adaptation télé. Pour ma part, je ne la verrai sans doute jamais, mais une chose est sûre, quel que soit votre avis, ne passez pas à coté de cet excellent thriller.

Moi, je donne rendez-vous à Bernard Minier, j'ai des questions à lui poser ...
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N'éteins pas la lumière

A en croire certaines critiques qui se lisent de ci de là, ce bouquin ne serait pas le meilleur de son auteur, et aurait un fâcheux air de parenté un peu trop appuyé avec ceux de Karine Giebel ou Pierre Lemaître, genre rejeton qui aurait moins bien réussi dans la vie que ses flamboyants cousins.

Bah moi, j'en sais rien, n'ayant pas lu les autres Minier, ni les auteurs précités. Ce livre m'est arrivé dans les mains par hasard, à la faveur d'un voyage en Patagonie, lorsque je l'ai reçu d'une de mes compagnes de randonnée, qui voulait alléger ses bagages. Reçu en échange de « Buckingham Palace Gardens » d'Anne Perry, que je venais de terminer (je sais, tout cela est assez improbable, et pourtant). Si ladite compagne y a gagné en poids, moi j'y ai gagné en suspense, après ce Anne Perry où j'avais failli me décrocher la mâchoire (cf ma chronique).

Et donc, disais-je, je peux difficilement comparer ce bouquin de B. Minier à d'autres, n'étant, au surplus, pas spécialiste ni fan de polars, thrillers & Co. Donc je ne peux juger que sur (cette) pièce.

Alors voilà qu'on me présente une histoire de harcèlement et de manipulation hors normes, à Toulouse sous la neige, propulsant, le jour de Noël, une jeune et brave présentatrice d'émission radio dans une spirale infernale, laquelle spirale gravite dans l'univers impitoyable de l'aérospatiale. On y ajoute le personnage récurrent des deux premiers romans de l'auteur, à savoir le flic Martin Servaz, qui a apparemment perdu des plumes depuis la dernière fois, puisqu'on le récupère dans une maison de repos pour policiers dépressifs. Enfin, on saupoudre le tout de nombreuses références à la grande musique et on construit son histoire à la façon d'un opéra pour étaler sa culture, pardon, pour étoffer l'intrigue (je sais, tout cela est assez improbable, et pourtant).

Tout cela est tordu tout ce qu'il faut pour nous faire flipper et tourner les pages. Les cent dernières se traînent d'ailleurs un peu (une fois qu'on a appris qui était le Méchant), et l'épilogue est gnan-gnan. le style n'appelle pas de commentaire particulier (si ce n'est un sujet de dissertation : y a-t-il réellement un style dans ce genre de romans?). Quant à la vraisemblance, ch'sais pas, moi. Mes connaissances en conquête spatiale s'arrêtent à Tintin – On a marché sur la Lune, et question harcèlement, à part celui des moustiques les nuits d'été (eh oui, il fait parfois chaud en Belgique), je ne dispose pas vraiment de matière à nourrir le débat. Et en musique classique, je m'y connais juste assez pour en dire que les opéras se terminent généralement par un drame et pas par un épilogue dégoulinant ouvrant vers un prochain épisode.



Bref, un polar honnête et efficace dont je n'attendais pas davantage qu'un moment d'évasion. Vite lu, vite oublié, sauf qu'il faut éteindre la lumière quand même, parce qu'elle attire les moustiques.
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Glacé

Encore une critique sur ce roman (il y en a 432)

J'ai entamé ce roman, car je m'ennuyais dans ma lecture de « La faute de l'abbé Mouret » il me fallait quelque chose haletant, je les ai donc lu en même temps…



Comme j'ai beaucoup aimé « Nuit » de Bernard Minier j'ai eu très envie de lire les précédents opus pour connaître toute l'histoire des protagonistes.



J'ai pu faire davantage la connaissance de Martin Servaz, flic comme je les aime, avec des failles, une curiosité et un flair sans limite qui mène son enquête tambour battant.



La gendarmette, Ziegler, m'a bien plu également, avec son côté garçon manqué, se déplaçant à moto, pilotant un hélicoptère. Il en est de même pour tous les membres des équipes, du procureur au juge, en passant par un juge à la retraite, sans oublier Diane Berg, une jeune psychologue suisse spécialisée dans la prise en charge des psychopathes, Xavier, le médecin chef qui ne donne pas sa part au chat et bien-sûr l'omniprésence de Gustav Mahler, compositeur préféré de Servaz et Hirtmann…



L'enquête est palpitante, dans le milieu des psychopathes purs et durs, enfermés à vie dans une institution psychiatrique archi-fermée, d'où personne n'est censé pouvoir s'échapper. Parmi eux, Julian Hirtmann, un ex-procureur qui a tué sa femme et l'amant de celle-ci dans des conditions très raffinées !



L'enquête démarre, dans une usine désaffectée, en cours de maintenance, où les ouvriers tombent sur un corps de cheval suspendu au pylône ! et hop ! tout le monde dans les starters… La police et la gendarmerie pour retrouver la tête d'un cheval et qui a bien pu faire ça, un peu gros pourrait-on objecter, mais non, on découvre ensuite un notable du village qui a subi un sort similaire. Et c'est parti, pour une enquête pleine de rebondissements…



On trouve aussi quelques réflexions savoureuses de Servaz sur la vie moderne, la mondialisation, et aussi l'exposition par le Dr Xavier de la théorie de Kohlberg : « Lawrence Kohlberg est un psychologue américain. Il s'est inspiré de la théorie de Piaget sur les paliers d'acquisition, pour postuler l'existence de six sens de développement moral chez l'homme. » P 533



J'ai apprécié également la manière dont chaque protagoniste a une faille importante dans son passé, qui peut avoir des connexions avec l'enquête en cours et la complique.



J'ai beaucoup aimé ce roman, au suspense haletant, avec du mal à décrocher… Et j'ai retrouvé le milieu psy avec plaisir bien-sûr….



Le tome 2 est déjà sur ma table de nuit.



Challenge Pavés 2018: 725 pages
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N'éteins pas la lumière

Harcèlement, manipulation et traque sont les ingrédients d'une bonne recette de thriller, de ceux qui vous maintiennent éveillé une partie de la nuit.



L'affaire est ici menée de main de maître, dans un roman qui n'est pas sans rappeler les premiers succès de Douglas Kennedy, Cul de sac ou Une relation dangereuse, avec cette descente aux enfers inéluctable, dont on se demande par quel miracle la victime pourrait s'en sortir.



C'est à Toulouse, la ville de l'aérospatiale que Bernard Minier campe le décor. Tout se met en place avec l'arrivée d'une lettre anonyme déposée dans la boîte aux lettres de Christine : la,lettre d'un désespéré . Et puis c'est l'escalade, menaces physiques, piratage de messagerie, calomnies, conduisent la jeune femme au bord du suicide.



Comme cette autre jeune femme morte il y a un an. Affaire classée : suicide d'une déséquilibrée. Alors pourquoi le commandant Servaz reçoit-il des messages laconiques concernant cette affaire , alors qu'il séjourne dans un établissement pour flics cassés?



Le roman est construit comme un opéra, en trois actes, avec un tempo attribué à chaque chapitre. Ajoutons à cela la musique de Mahler, il s'en faut de peu, pour que l'on accompagne la lecture d'un fond musical assorti. le procédé est justifié : de nombreux opéras se terminent par la mort des héroïnes.



Les personnages sont des éléments majeurs de la réussite du roman : le flic à la ramasse, la jeune femme fragile au passé sombre, autour desquels gravitent des citoyens énigmatiques, qui entretiennent le doute.



L'évolution psychologique des acteurs de l'intrigue est très bien rendue, et participe à l'accrochage du lecteur. La solution de l'intrigue n'arrive que dans les toutes dernières pages, alors que le lecteur s'est engagé dans différentes hypothèses qui sont autant de fausses pistes.



Excellent thriller, chaudement recommandé à tous les amateurs du genre.



Challenge pavés 2015-2016.






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Les Effacées

Bonjour,

Voici « Les Effacées . Une enquête de Lucia Guerrero. » de Bernard Minier. J’ai adoré ce thriller machiavélique, très sombre, animé par un suspense omniprésent. Dans ce tome 2, nous retrouvons Lucia Guerrero, enquêtrice de la Guardia Civil. Deux enquêtes, l’une en Galice, l’autre à Madrid visent dans un cas des femmes de la classe laborieuse, kidnappées et assassinées, dans l’autre, des meurtres de milliardaires dans une mise en scène monstrueuse. Aucun temps mort ni répit dans ces intrigues sous tension et au rythme trépidant. Le personnage principal est très attachant, émouvant et charismatique. Lucia Guerrero ne m’avait pas emportée ni convaincue dans le tome 1, mais ce tome 2 me rend impatiente de la retrouver dans le tome 3. L’atmosphère glauque , anxiogène et angoissante nous accompagne au fil des pages dans ce livre parfaitement documenté, à la plume brillante et au final fort réussi. Un excellent thriller comme je les aime .
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Glacé

J’avais lu plusieurs livres de Bernard Minier sans avoir lu son premier roman « Glacé ». Erreur rectifiée car je l’ai trouvé dans une boite à livre de ma ville. Et comme je m’en doutais, c’est un coup de cœur. Mon attention a été captée dès le début par l’originalité de la première victime. Chaque hiver, avant la fonte des neiges, des personnes passent quatre semaines dans une centrale hydroélectrique, totalement isolées du monde pour l’entretien et la réfection des machines. A leur arrivé, il trouve un cadavre au terminus du téléphérique d’un cheval suspendu au dernier pylône. Il a été décapité et dépecé, une scène vraiment macabre. Au même moment Diane, psychologue va intégrer l’équipe à l’institut Wargnier, un hôpital psychiatrique. Le capitaine Ziegler va travailler avec le commandant Servaz, venu en renfort sur cette affaire. Je n’ai pas vu défiler les 700 pages de ce pavé.
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Soeurs

Nous renouons avec Martin Servaz, Minier nous dévoile quelques pièces du puzzle de sa vie déjà évoquée dans les tomes précédents (Glacé, Le cercle, Nuit).

Nous en apprenons plus sur les circonstances de la mort de son père.



On se demande quelle part de Minier est en Servaz dans ce thriller mettant en abyme ses histoires.

L'écrivain, car il y en a un, subit des fans trop envahissants.



L'intérêt de compléter le portrait du flic borderline à la biographie chargée est une valeur ajoutée à l'histoire de “Soeurs” qui est, comme toujours, très habilement construite et dévoilée.

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M, le bord de l'abîme

Minier sort un nouveau polar sans son personnage fétiche, Martin Servaz. L’occasion d’explorer un nouvel univers. Alors, réussite ou échec ?



Moïra, une jeune Française, est engagée par une multinationale chinoise des hautes technologies : Ming. Elle doit participer à la création d’un chatbot, un programme d’intelligence artificielle visant à apporter toutes les réponses à ses utilisateurs – voire à devancer leurs désirs. Un logiciel qui nécessite évidemment une immense base de données. Une création qui est sans doute l’avenir des géants du web : celui qui réussira à créer le meilleur programme imposera la norme du futur.

Un projet exaltant, mais entouré de secrets et de protections dans un centre de recherches un peu angoissant. D’ailleurs l’ambiance est tendue à Hong-Kong, où sévit un tueur en série, qui violente les femmes avec un rare sadisme. Des femmes qui ont toutes en commun d’avoir été... d’anciennes employées de Ming...



Minier aborde un sujet technique et sensible : les progrès de l’intelligence artificielle et ses conséquences. Sur ce plan, son livre regorge d’informations, qui suscitent autant de questions.

L’intrigue policière, elle, prend son temps pour s’installer. L’ambiance se fait glauque. Mais pas vraiment de tension haletante. Du gore, mais sans trop d’angoisse. D’autant que le lecteur attentif ne sera guère surpris des pages finales.

Cette tentative d’aller chercher ailleurs un sujet tout à fait différent de ce que Minier avait fait jusqu’alors n'est donc pas trop convaincante.

Ceux que l’intelligence artificielle et ses conséquences intéresse pourront lire le thriller de Robert Harris l’Index de la peur, un peu ancien aujourd’hui, mais développant la même thématique.
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