À l'occasion de la 20ème édition du festival "Quais du Polar" à Lyon, Jacques Saussey vous présente son ouvrage "Ce qu'il faut de haine" aux éditions Fleuve.
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Note de musique : © mollat
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Nous sommes tous les étrangers de ceux qui ne sont pas comme nous.
- Quoi ?? Tu parles ? Mais pourquoi tu ne nous a jamais rien dit ?
La Vieille pose un regard d'un gris blanc sur lui.
- Ce n'est pas parce qu'une armoire est fermée qu'elle est vide... (...)
- En tout cas, c'est pas souvent qu'une bonne femme ouvre la bouche pour dire quelque chose d'intelligent ! (...)
- C'est parce qu'on n'a pas souvent en face de nous quelqu'un qui l'est assez pour comprendre.
Y a-t-il un bon âge pour mourir ?
On a tendance à penser qu'on part toujours trop tôt. En fait, il n'y a pas de vérité. On part quand le cercle se rompt, quand les fils qui nous relient au vivant se nécrosent et pourrissent, nous abandonnent à la pesanteur d'un corps vidé de son essence.
C'est tout.
Elle l'a entendu sourire. Elle a songé que c'est ce qui arrive quand on écoute bien la personne qui partage notre silence.
Un amour d’adolescent est-il mort à jamais ? N’y a-t-il pas des flammèches qui courent encore, sous la surface de la peau et des sentiments refroidis, jusqu’à ce qu’un souffle les réveille de leur engourdissement ?
Nouvier recula d'un pas. Il se sentit soudain moins sûr de lui, moins maître de la situation. Cette femme magnifique dégageait quelque chose de fascinant, mais quelque chose de dérangeant, aussi. Une aura érotique qui le tenait par le bas-ventre mais qui lui faisait également un peu peur.
[....]
Gérard Nouvier la suivit dans le couloir, le regard soudé au petit fessier de rêve qui allait bientôt le mener tout droit au paradis.
C'est curieux comme, quand on a manifestement la preuve que tout va au plus mal, on peut garder quand même au plus profond de soi un déni de la plus cinglante évidence.
(trafic d'animaux - "pensées" d'un jeune Lycaon victime des hommes)
Joey ne se rappelait pas non plus le moment où il s'était réveillé après sa capture. Il avait juste gardé la sensation que les yeux, la langue et la truffe le piquaient, qu'il ne tenait plus sur ses pattes, et que dans un flou irréel il avait vu des monstres se mettre à danser face à lui.
[...]
Il avait oublié les corps immobiles de tous ses frères et soeurs, étendus sur la surface froide et blanche sur laquelle il s'était réveillé.
Il ne se souvenait pas qu'il avait eu beau leur donner un coup de patte pour qu'ils viennent jouer avec lui, aucun n'avait gémi en se retournant pour protester. Qu'aucun ne lui avait mordillé la gueule pour le faire arrêter.
À peine le portail ouvert, elle se jette dans mes bras et éclate en sanglots. Mon petit... J'ai dix-neuf ans et j'ai encore droit à des "mon petit". Je suppose que toutes les mères du monde ont du mal à couper le cordon...
On a parfois besoin d'écrire les paroles que tout le monde ne peut écouter.