Je me suis ennuyée à la lecture de ce nouveau roman de
Kim Zupan. La déception est d'autant plus grande que j'avais aimé son premier livre,
Les Arpenteurs, paru il y a dix ans également aux éditions Gallmeister.
Hickney vit dans une petite ville du Montana. Il habite une chambre miteuse dans un motel. Son métier consiste à ramasser les cadavres d'animaux sur le bord des routes. Son seul ami Jimmy est amputé des deux jambes suite à un grave accident. Depuis Hickney veille sur lui, ce qui consiste en général à aller chercher Jimmy dans les différents bars de la ville ou à s'assurer qu'il s'alimente suffisamment. Ajoutez à cela que le père de Hickney est en prison depuis qu'il a assassiné sa femme, le tableau est donc particulièrement sombre et déprimant.
« Longtemps auparavant, il avait découvert que les mensonges qu'il se racontait avaient la capacité d'éliminer la douleur, et toute sa vie il avait mis de côté les vérités les plus pénibles, comme des immondices qu'il ramasserait plus tard. »
Dès le début du récit, on apprend qu'un mystérieux groupe d'individus s'est installé dans un ranch à proximité de la ville. Hickney passe un marché avec leur leader, un dénommé van Zyl, lui permettant de mettre un peu d'argent de côté. On se dit alors que sa vie va prendre un vrai tournant. Raté !
Sur la première grosse moitié du roman son quotidien est finalement peu chamboulé. Hickney continue à ramasser des carcasses. Hickney continue ses visites au magasin d'Ingersoll. Hickney continue d'aller chercher Jimmy soit à l'Elegance soit au Stockman. C'est monotone, pour ne pas dire lassant.
Quand un homme mort est découvert sur le bord de la route, le récit reprend un peu de rythme. Ce qui va se passer ensuite est un peu tiré par les cheveux, et le comportement parfois surprenant de Hickney n'arrange rien ! J'y ai retrouvé le même problème que lors de ma récente lecture du livre de
Peter Heller,
le guide : un début prometteur mais qui traine en longueur, puis un scénario qui s'emballe en toute fin de roman de façon assez artificielle.
C'est d'autant plus dommage que
Kim Zupan sait parfaitement dépeindre ce coin isolé du Montana, tout comme la torpeur ambiante qui porte avec justesse son personnage solitaire, empli de doutes et de culpabilité.
« Il s'habilla et sortit dans le froid glacial de cette nouvelle journée. La neige qui tombait était aussi légère que de la cendre. Quelque part, au milieu des cabanes et des mobile-homes du bidonville, un chien enfermé se mit à hurler. Une fumée sombre de feu de bois s'étendait au-dessus de l'enchevêtrement de toits bas, et à l'est, dans l'obscurité, une lueur blafarde suggérait vaguement le soleil. »
Un récit que j'ai trouvé poussif et trop misérabiliste avec une accumulation excessive des marqueurs du roman noir : alcoolisme, racisme, violences intrafamiliales, meurtres, pauvreté, drogue, … Les quelques très rares rayons de lumière ne suffisent pas à infléchir l'impression générale plutôt démoralisante qui perdure jusqu'à la fin de la lecture.