Minushiss, Petite, ma résine, Ina Maka souffle des mots doux à mes oreilles. Elle me berce dans ses bras-branches et je sens ses cheveux rivière inonder mon visage.
J'ouvre les yeux sur la taïga, je nais au monde dans la forêt boréale au coeur du peuple innu.
Daã est mon nom, celui que j'ai moi-même choisi à la demande de mes vingt-quatre mères. Ma pureté, ma beauté vient de la résine qui coule dans mes veines, je suis terre nourricière, je suis terre en colère dévastatrice.
Lui c'est Laure, l'enfant de la Kohle Co, sorti du ventre noir de la mine et de sa mère morte en couches. Laure est blanc, plus que blanc, presque transparent, il est albinos, il est unique.
Notre rencontre a été un choc, le choc de nos blancs, sa peau transparente, ma résine translucide, le noir de sa mine et de la blancheur de mon paysage de neige.
Pour résumer ce roman incroyable, je n'aurai qu'un mot magique !
Le premier chapitre désarçonne, j'ai perdu mes repères, je me suis laissé porter sans être sûre de comprendre ce je lisais. Peu importe, l'auteure en profite pour nous engloutir sous terre dans les galeries de la Khole Co, après avoir emprunté le train de l'enfer le Sort Tog qui semble se faufiler dans les entrailles de la terre. Les premiers chapitres se lisent en apnée, terrassé par la violence et la brutalité de ce conte-monde.
Quelle plume ! Avec maestria,
Audrée Wilhelmy nous fait pénétrer dans un monde minéral parsemé de descriptions de nature writing saisissantes de beauté.
Je ne mettrai pas cinq étoiles car dans sa deuxième partie, loin de la mine, le récit perd en puissance et m'a semblé plus convenu, et je n'y ai pas retrouvé la magie envoutante des premiers chapitres.
Une auteure à suivre, que je vous invite à découvrir pour un grand choc et un saisissant voyage.