Ce projet de me planter là, seule dans un bouge, n'était-il pas complètement déraisonnable ? Et pourtant il a marché : les chiffonniers ont maintenant la tête hors de l'eau.
Folie pour folie, ils n'ont d'ailleurs rien n'a m'envier, moi qui me suis installée ici, seule, contre vents et marées.
Si j'ai passé plus de vingt ans avec les chiffonniers c'est grâce à ce rêve d'adolescente. Un rêve que j'ai essayer de réaliser en 1971 en allant à la léproserie d'Agou-Zaabel, prés du Caire. On m'avait parlé de la situation épouvantable des malades.
La nuit, dans ma cabane, je ne trouve pas le sommeil. J'essaye de prier : Seigneur, ai-je le droit, en conscience, de renvoyer cette jeunesse , - Elle vient vers moi, m'offrant son cœur et ses forces pour soulager un peu de la misère humaine.
- Souviens-toi, Emmanuelle, de toi, jeune, tête de mule, acharnée dans tes engagements et que rien ni personne ne pouvait arrêter. Toujours à contre-courant. Toujours contre tous ces gens qui affirmaient : - Toi qui aimes les garçons, les toilettes, les fêtes et les rires, jamais tu n'enteras en religion, jamais tu ne te lieras aux règles d'un ordre !... - Moi la coquette, la frivole, l'écervelée aux yeux de la société, je voulais me faire religieuse ! Comme d'autres veulent devenir médecin ou aviateur.
C'était ma voie.
Et si ces jeunes étaient aussi déterminés que moi ?
Vahina Giocante dans les pas de Soeur Emmanuelle au Burkina .L'actrice soutient une grande campagne de l'association Asmae dont elle est la marraine et nous raconte son immersion dans une mission au Burkina Faso. | Retrouvez sur notre site toutes les vidéos du Nouvel Observateur