Dans les limites de mes compétences, réduites en la matière, et en espérant ne pas faire de contre-sens. Contre les lectures unilatérales d'
Ivan Segré et les instrumentalisations de sa critique du philosémitisme. Une lecture très incomplète, très partielle et partiale.
« Par « révolution », j'entends une politique dont la finalité est la disparition de la servitude et de la domination dans la structure même du social ». Première phrase et désignation d'un point de vue, celui de la révolution…
Une histoire à la fois juive et non juive, la « normalisation bourgeoise du nom « juif » », la socialité orthodoxe populaire, « Les lieux de l'orthodoxie juive, qu'on y prie, qu'on y étudie, qu'on y danse, sont ouverts aux quatre vents et le va-et-vient y est permanent ». A noter que l'auteur fait l'impasse sur une dimension incontournable, ces lieux d'orthodoxie ne sont que masculins.
Ivan Segré critique
Benny Levy, son orthodoxie, « doctrine constituée, inamovible, prétendument anhistorique… », la criminalisation du marxisme « opération idéologique bourgeoise contemporaines du marxisme, de même que la criminalisation des mouvements révolutionnaires par les classes dirigeantes naît avec ces mouvements »
Certes, il faut souligner cela, mais cela ne saurait dispenser de faire la critique des politiques criminelles menées au nom du « marxisme ». de ce point de vue, je ne partage ni l'hypothèse « communiste », ni « la politique révolutionnaire » d'
Alain Badiou, largement sollicitée ici, ni les positions de cet auteur sur le stalinisme, les khmers rouges et autres embardées, qui ne sauraient, à mes yeux, être détachées des fondements de son orientation…
La « rupture subjective avec l'Etat » est peut-être « le noyau du judaïsme », et si elle donne une certaine boussole, elle ne dit que peu de chose sur les stratégies possibles d'émancipation.
« Je voudrais que ce livre soit une initiation au Talmud pour non-talmudistes. Il l'est au moins en ce sens que sa construction, et sa manière d'exposition, ne relèvent pas de l'exercice philosophique – clair, concis et distinct – mais talmudique : dialectique, labyrinthique et rusé ». L'auteur souligne la différence, largement traitée dans son livre sur
Spinoza entre les « théoriciens bourgeois du nom « juif » et les théoriciens ouvriers du nom « juif ». »
Révolution, talmud, nom ouvrier… Trois mots et plus, indispensables pour une lecture raisonnée des analyses d'
Ivan Segré. Chacun-e, en fonction de ses intérêts, connaissances, de son ouverture, trouvera ici de multiples pistes de réflexion.
J'ai notamment été intéressé par les passages sur la culture rabbinique « un esprit, une démarche, une méthode, dont la finalité serait de susciter des dépassements, des franchissements, des rencontres », le sentiment d'appartenance à une minorité non réductible à la religion ou à la nation, la critique de l'imperium, le déficit de subjectivation…
Et les analyses sur la singularité « la singularité est rigoureusement universelle, ou n'est pas », la dialectique de l'obéissance à la lettre et l'audace de l'esprit « il n'est pas d'étude talmudique qui ne procède et du commentaire et de l'interprétation », le nom politique « il est absolument impossible qu'un nom politique soit celui d'une identité », l'étude pharisienne de la Lettre « Penser à partir de la Lettre, c'est le trait distinctif du pharisien,par différence avec le philosophe », l'émancipation collective « l'émancipation collective est la chose la plus utile à l'émancipation singulière, et vice versa », ou le « primat de la contradiction sur l'identité »…
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