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EAN : 9782021554557
144 pages
Seuil (01/03/2024)
3.54/5   82 notes
Résumé :
« Depuis toujours nous aimons les dimanches.
Depuis toujours nous aimons nous réveiller sans l’horrible sonnerie du matin qui fait chuter nos rêves et les ampute à vif.
Depuis toujours nous aimons lanterner, buller, extravaguer dans un parfait insouci du temps.
Depuis toujours nous aimons faire niente,
ou juste ce qui nous plaît, comme il nous plaît et quand cela nous plaît. »


En réponse aux bien-pensants et aux apo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Les arrimant solidement au fil de son humour au vitriol, Lydie Salvayre embarque de nouveau les rieurs dans l'une de ces narrations comme elle seule sait les trousser, irrévérencieuses et subversives, et qui, immanquablement, tout au long de l'envoi font mouche. Après son Irréfutable essai de successologie et son constat de la prime à la médiocrité commerciale en matière littéraire, la voilà qui s'en prend derechef au monde marchand pour un éloge de la paresse, cet art subtil et vagabond qui, en ouvrant la porte à l'inattendu et à la pensée, pourrait changer le monde en le ramenant à l'essentiel : l'épanouissement et le bien de chacun.


Autrefois simple moyen de subvenir à nos besoins, le travail est devenu à l'ère industrielle le moyen de produire et de générer des richesses, dans une surenchère de consommation menant à la nécessité de trimer toujours plus pour un bonheur toujours plus inaccessible. « Quel usage faisons-nous de l'énorme accumulation de moyens dont la société dispose ? Cette accumulation nous rend-elle plus riches ? plus heureux ? » La crise du Covid aidant, et avec elle celle du travail quand la souffrance au travail semble devenue le lot commun, Lydie Salvayre nous propose une réflexion dont, pour mieux se faire entendre, elle enrobe l'érudition dans l'insolence cinglante et railleuse d'un discours déclamatoire, à la première personne du pluriel, où elle n'hésite pas à persifler jusqu'à ses propres outrances.


« C'est le travail exagéré qui nous use et nous déglingue » et, poursuit cette fois Nietzsche, nous « soustrait à la réflexion, à la méditation, aux rêves », nous plaçant « toujours devant les yeux un but minime [pour] des satisfactions faciles et régulières », car « une société où l'on travaille sans cesse durement jouira d'une plus grande sécurité. » Véritable opium du peuple, cette sécurité nous fait oublier notre condition de mortels pour remettre « à plus tard, à plus loin, à jamais, le temps de vivre qui nous est compté, car les jours s'en vont et… nous aussi » écrit déjà Sénèque. Alors qu'en vérité, constate Baudelaire, « c'est par le loisir que j'ai, en partie, grandi, – à mon grand détriment ; car le loisir, sans fortune, augmente les dettes, les avanies résultant des dettes ; mais à mon grand profit, relativement à la sensibilité et à la méditation ». Sans parler des « trente-six ans d'une paresse entêtée, sensuelle, mondaine, à la fois enchantée et coupable, délicieuse et inquiète, trente-six ans durant lesquels germera, mûrira et croîtra silencieusement la grande oeuvre de Proust : À la recherche du temps perdu »…


Multipliant sous couvert de plaisanterie les références artistiques, philosophiques et politiques – il n'y eut pas jusqu'au gendre de Karl Marx, Paul Lafargue, pour réfuter le droit au travail de 1848 dans son « Droit à la paresse » –, Lydie Salvayre touche à une multitude de sujets essentiels pour nous inciter à repenser, avec d'autant plus d'à-propos que l'Intelligence Artificielle va considérablement rebattre les cartes, « l'organisation du travail en vue d'une meilleure répartition des tâches et des biens. »


Enlevé et hilarant, ce bref roman est, sous ses airs de boutade débridée, un manifeste pour une paresse qui ne serait finalement que sagesse et qui, nous débarrassant du mirage sclérosant de l'Argent, saurait, par un meilleur partage du travail, nous laisser enfin profiter du vrai bonheur d'être et de penser. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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L'éloge de la glande.
Paresser pour penser, telle est la devise de Lydie Salvayre.
Dans une société qui cherche à accélérer le temps, où l'occupation relève de l'obsession, où laisser un enfant s'ennuyer confine à la maltraitance, l'auteure met ses sarcasmes au service des contemplatifs qui se laissent vivre.
Son livre commence comme une plaidoirie du Dimanche immobile, barrage à la clepsydre, danse au rythme de l'oreiller et de la couette chiffonnée, où le temps fait une pause, bercé par le ronron de la machine à laver et seulement dérangé par les joggers connectés, lycraphiles à la foulée terrifiée par l'immobilité. Pour certains, drogués de l'activité, ne rien avoir à faire, c'est se retrouver seul avec soi-même, scroller ses rêves en brasse coulée et prendre le risque de prendre conscience de ses vacuités.
Lydie Salvayre appelle à la barre plusieurs témoins d'immoralité. Baudelaire, capable de faire fleurir le mal partout et qui prescrivait « le travail non par goût mais par désespoir car travailler est moins ennuyeux que s'amuser », Verlaine, pas mal de vers dans son bas de laine, qui associait paresse et caresse, Vian, pour qui « le travail, c'est ce qu'on ne peut pas s'arrêter de faire quand on a envie de s'arrêter de le faire » et même le Virgile de l'entrée qui ne croyait qu'au travail démiurgique du paysan.
De mon côté, je m'abreuve d'autres sources inépuisables comme Guitry qui sur le sujet, conseillait : « Ne faites jamais l'amour le samedi soir, car s'il pleut le dimanche, vous ne saurez plus quoi faire. »
Si la première partie consacrée au repos du guerrier dominical est convaincante, servie par la verve rieuse et colérique de l'auteure et son sens de la formule définitive, je trouve que la suite, souffre d'une maladie dégénérative : la rancoeur. Cette vision réductrice et un peu datée qui ne considère le travail que sous l'angle de l'aliénation et de la servitude, en négligeant tous ceux qui s'émancipent ou s'épanouissent dans le boulot, gâche un peu les promesses du titre.
Dans la Grande Librairie, à la question traquenard de Trapenard, sur le travail du dimanche, que le récit de Lydie Salvayre ignore bizarrement, cette dernière susurra un peu gênée, qu'elle y était favorable, mais uniquement dans les musées et les salles de spectacle. Sortez les pagaies, Madame rame. le travail oui, mais pour répondre à ses petits besoins… pas celui qui enrichit « les apologistes du travail des autres », formule radotée toutes les cinq pages et dont elle semble très fière.
Si la vie ne se mesure pas au profit, le travail n'est pas forcément une maladie.
Billet chômé.
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Par ici les paresseux !
Autant vous prévenir de suite, il y a un sacré problème avec cet essai. Il est très difficile de faire un choix dans les citations, à moins de le quoter en entier (plus facile à faire avec la version numérique). Je fais le choix de le citer en totalité (il ne fait que 144 pages et se lit très bien), mais faute de pouvoir le faire sur Babélio (d'autant que ça doit pas être trop légal), je vous invite plutôt à vous le procurer et le lire afin de bien comprendre le sens de ma critique (et lire par la même occasion un essai sur la paresse et le travail, érudit, passionnant, aux contours poétiques et pamphlétaires, sarcastique et drôle aussi). Vous ne serez pas déçus à mon avis, surtout si vous vous sentez paresseux (à ne pas confondre avec fainéant), ce dont je ne doute pas trop que vous l'êtes, la paresse se manifestant très fréquemment chez les lecteurs apparemment.
Sur ce je vous laisse, je suis pressé. Il ne reste que quelques heures à mon dimanche et j'ai encore tout un tas de trucs à faire comme lanterner, baguenauder, musarder, penser, batifoler, lambiner, badauder, folâtrer, butiner, rêvasser... Et paresser un peu, avant un repos bien mérité.
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C'est une petite variation sur le thème de “Le droit à la paresse” de Paul Lafargue par Lydie Salvayre, juste un petit essai délectable, aux tendances anticapitaliste, l'anti “Travailler plus pour gagner plus”, qu'elle remplace par “Travailler moins pour lire plus”. Ce n'est pas qu'un simple éloge de la glande, c'est bien plus politique qu'il n'y paraît, demandant aux politiques d'imaginer autre chose que de nous mettre au service des “apologistes-du-travail-des-autres”, et c'est écrit avec humour et poésie, ironie et pétillance. Elle semble se détacher parfois de son texte, s'appelant elle-même La Salvayre, pour devancer ses détracteurs et mieux les retourner, un manière de dire, qu'on peut en rire, mais qu'elle n'est pas seule :
Tu verras bien qu'un beau matin, fatigué
J'irai m'asseoir sur le trottoir d'à côté, hé-hé
Tu verras bien qu'il n'y aura pas que moi
Assis par terre comme ça
(“S'asseoir par terre” d'Alain Souchon)

J'ai récemment applaudi le Petit éloge de la médiocrité de Guillaume Meurice, on y retrouve le même état d'esprit, la même volonté, j'applaudis de nouveau ce petit livre qui secoue et qui fait du bien, cela fait sans doute de moi un joyeux glandeur, mais j'assume, trop de travail pénible dans notre monde, qui ne profite pas à celui qui de toutes façons finira par en crever, le dos défoncé, les poumons cramés, ou l'impression d'être une merde.
Pourquoi est-ce les poètes, les humoristes, les rêveurs qui remettent le plus en cause notre système économique, alors que ce système nous envoie droit dans le mur, qu'attendent les acteurs économiques pour se réveiller ? Ils n'y tiennent en réalité absolument pas, pour eux, tout fonctionne très bien comme ça, puisqu'ils en profitent égoïstement tout en donnant des coups de pieds dans le cul des fainéants et en cramant la planète par petits bouts.

Et bien oui, un dimanche à glander pour soi à bien plus de valeur qu'un lundi à bosser pour les dividendes des “apologistes-du-travail-des-autres”.
Un dimanche à glander, ou à lire, ça va de soi.

P.S. : Avez-vous remarqué que paresse rime avec sagesse.
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Guide pratique pour habiter sa vie

Avec sa verve coutumière, Lydie Salvayre s'attaque à la «valeur-travail» qu'elle dézingue avec une joyeuse et féroce ironie. Son plaidoyer pour la paresse est un essai revigorant qui nous pousse à nous poser la question essentielle du sens de la vie.

Lydie Salvayre éprouve un malin plaisir à jeter des pavés dans la mare de la bienséance. Après son Irréfutable essai de successologie, la voilà partie en guerre contre les «apologistes-du-travail-des-autres», ces employeurs qui ne jurent que par les la production, la surconsommation. Ceux qui nous font trimer pour leurs profits et nous empêchent de profiter de la vie. Alors, comme des hamsters s'échinant à tourner dans leur roue, on se tue au travail. On ne trouve même plus le moyen de réfléchir. Obnubilés par ce temps qui passe et que des sollicitations permanentes nous accaparent, il ne nous est plus possible de nous arrêter.
Mais peut-être est-il temps d'appuyer sur pause. de nous poser la seule question qui vaille: que voulons-nous faire de notre vie? Et si la réponse était tout simplement: rien!
Cette provocation a en tout cas une vertu cardinale, braquer les projecteurs sur nos instants de bonheur, sur ces moments où nous nous sommes sentis si bien. Comme quand nous traînons au lit le dimanche matin et que nous (re)découvrons les plaisirs de l'oisiveté. Oui, "la paresse est un art subtil, discret et bienfaisant. Une manière heureuse et chérie des poètes de résister aux mandements que le monde marchand nous inflige avec son ventre énorme et ses dents carnassières. Un instrument de charme et de volupté calme.
Une musique douce. Une façon légère, gourmande et infiniment libre d'habiter le monde (...) La paresse est ni plus ni moins qu'une philosophie."
L'illustration de cette philosophie passe par... un travail, mais un travail choisi, voulu, aimé. À la manière de Proust qui n'a rien fait pendant des décennies que de profiter de la vie qui lui avait été offerte avant de se lancer dans la rédaction de la Recherche, Lydie Salvayre a expérimenté sa théorie, travailler moins pour lire plus. Comme en témoigne la bibliographie qui clôt ce texte, elle a lu "immodérément, insatiablement, jouissivement, certains diraient vicieusement, certains diraient dangereusement" pour convoquer à ses côtés Sénèque et Nietzsche, Virgile et Baudelaire, Verlaine et Rabelais, Boris Vian et Saint Matthieu, sans oublier les penseurs du travail, de Fourier à Marx. L'occasion aussi de constater que cette fameuse valeur-travail est un concept tout récent dans notre histoire et qu'elle n'a rien d'intangible.
Ajoutons encore un mot sur le style, toujours aussi enlevé, et le choix du "nous" pour inclure le lecteur et la communauté des hommes dans ce plaidoyer, mais aussi pour permettre d'interpeller une inconditionnelle de la paresse, Lydie Salvayre elle-même, avec toute sa mauvaise foi et ses envolées lyriques. C'est drôle, impertinent, documenté et iconoclaste. On se régale!
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu'ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.


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critiques presse (6)
LaLibreBelgique
21 mai 2024
Lydie Salvayre plaide, avec son insolence piquante, pour la paresse ouvrant aux vagabondages de la pensée et du rêve.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeFigaro
21 mars 2024
La romancière se fait essayiste pour contester l’impitoyable monde moderne et vanter le dimanche et les mérites de l’art de paresser.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Bibliobs
13 mars 2024
Une allègre invitation au farniente qu'on aimerait distribuer aux réunions du Medef. Dans cet essai plus tonique qu'émollient chaque mot fait mouche !
Lire la critique sur le site : Bibliobs
OuestFrance
04 mars 2024
Après « Rêver debout », Lydie Salvayre revient avec un nouveau texte idéaliste. À dévorer !
Lire la critique sur le site : OuestFrance
OuestFrance
03 mars 2024
Après « Rêver debout », Lydie Salvayre revient avec un nouveau texte idéaliste. À dévorer !
Lire la critique sur le site : OuestFrance
LeSoir
29 février 2024
Lydie Salvayre fait l’éloge de la paresse.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (56) Voir plus Ajouter une citation
Bonheur surtout de découvrir les plaisirs de la lecture, le dos calé sur de mols oreillers, parfaitement indifférents à tout le reste, et happés, fascinés par l'histoire du marin Yann Gaos racontée par Loti dans son roman Pêcheur d'Islande.
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Nous aimons la quiétude que cette paresse infuse, son ennui, sa rondeur, sa suavité, sa délicatesse, sa courtoisie, sa patience, son refus nonchalant de se soumettre aux logiques utiles, et sa disponibilité à la poésie dont nous voulons croire encore qu'elle habite le monde.
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Travailler moins pour lire plus, puisque la lecture s'acoquine merveilleusement à la paresse, puisque les bons et vrais lecteurs sont très souvent, sinon toujours, de fieffés paresseux.
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Car oui, Messieurs, nous détestons le lundi autant que nous adorons les dimanches.
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La paresse est un art subtil, discret et bienfaisant.
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Videos de Lydie Salvayre (74) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lydie Salvayre
Rencontre avec Lydie Salvayre à l'occasion de la parution de Depuis toujours nous aimons les dimanches aux éditions du Seuil.


Lydie Salvayre, née en 1946 d'un père Andalou et d'une mère catalane, réfugiés en France en février1939, passe son enfance à Auterive, près de Toulouse. Elle devient pédopsychiatre, et est Médecin Directeur du CMPP de Bagnolet pendant 15 ans. Elle a écrit une douzaine de romans, traduits dans de nombreuses langues, parmi lesquels La Compagnie des spectres (prix Novembre), BW (prix François-Billetdoux) et Pas pleurer (prix Goncourt 2014).
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09/03/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite (https://ausha.co/politique-de-confidentialite) pour plus d'informations.
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