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EAN : 9782228917636
336 pages
Payot et Rivages (15/03/2017)
4.26/5   55 notes
Résumé :
Un livre pour agir, à destination des mécontents, des activistes, des utopistes qui veulent réussir leur révolution (petite ou grande). Toutes les astuces et stratégies non violentes qui ont prouvé leur efficacité, au centre desquelles figure l'humour. Par l'architecte secret du printemps arabe (pressenti un temps pour le prix Nobel de la paix), dont le mouvement Otpor fit chuter Milosevic.

Voici le livre des révolutions possibles . Il s'appuie sur u... >Voir plus
Que lire après Comment faire tomber un dictateur quand on est seul, tout petit, et sans armesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique

Voilà un livre , sans effets de style , sans théories fumeuses , ne s'inspirant d'aucune doxa , mais des réalités de terrain .

L'activisme politique sans violence , la désobéissance civile , le refus de se laisser dominer , y sont expliqués et démontrés autour de cas concrets .

Si l'on devait tirer une leçon de ce livre , elle serait que le pouvoir , assisté de sa police , de ses militaires et de ses services de renseignements se révèle impuissant face à la désobéissance non violente . Anselme Bellegarigue ne disait-il pas : " Vous avez cru jusqu'à ce jour qu'il y avait des tyrans ? Eh bien ! vous vous êtes trompés , il n'y a que des esclaves : là où nul n'obéit , personne ne commande ." s'inspirant peut-être du texte de la Boétie " de la servitude volontaire " .

Donc démonstration claire du pouvoir que nous avons à notre portée de renverser nos oppresseurs .
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Dans un premier temps j'ai été séduite par les actions non-violentes présentées avec un enthousiasme contagieux. Mais j'ai découvert sur wiki que leur mouvement a été financé par diverses fondations états-uniennes, chiffres à l'appui, alors que l'auteur prétend être indépendant (voir l'extrait plus bas).

L'auteur est le fondateur d'Otpor – c'est le mouvement qui a renversé Milosevic, le dictateur serbe, en 2000 ; Otpor a ensuite répandu la bonne parole aux pays du printemps arabe et autres candidats à la révolution non-violente.

Autre regret : le propos est parasité par des anecdotes superflues, digressions et autres remplissages. Toute cette histoire aurait dû tenir sur 60 pages.
J'ai bien aimé un happening : c'était en Pologne au temps de Solidarnosc. Assommés par le journal télévisé qui soir après soir chantait les louanges du régime, les habitants d'une ville de province ont trouvé une manière originale de protester. A 19h30, heure du JT, ils ont débranché leurs postes, les ont chargés dans des brouettes et des poussettes et se sont promenés tranquillement dans les rues en bavardant entre voisins. Tiens, à la rentrée je vais balader mon mobile dans une brouette ^ ^ Pas pour protester, pour me sevrer.

Un extrait où l'auteur clame son indépendance :
« D'autres [ ] choisiront de voir des conspirations à chaque coin de rue. Pour ces messieurs-dames, la Cia, la NSA, l'OMC, ou les Illuminati sont systématiquement derrière tout ce qui se passe sur la planète. Ces types appellent [ les membres de notre structure CANVAS] des larbins de l'Amérique, des outils entre les mains de George Soros et du groupe Bilderberg, des agents serbes, et bien pire. [ ] Essayez de rester patient et de comprendre que tout cela fait partie du jeu. » p278.
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Voici un manuel pas banal, qui se propose comme un retour d'expérience, quelques conseils à mettre en oeuvre et des exemples pour déclencher une révolution, à l'image de ce que réussit à faire Otpor, une association et mouvement clandestin serbe qui contribua fortement à la chute de Milosevic.

Srdja Popovic débute donc en nous parlant de son expérience, et à l'histoire particulière d'Otpor qui, une fois Milosevic chassé du pouvoir, s'érige en une sorte d'association ou de société de conseil pour former qui le désire à des méthodes de révolution non violente. On retrouve au fil des chapitres les membres d'Otpor accompagnant des Egyptiens, des Libanais, des Syriens et j'en passe. Otpor passe d'ailleurs pour avoir aidé à l'organisation et au soulèvement lors des printemps arabes.

Les méthodes proposées sont simples (parfois même trop du goût des "élèves") : paraître "cool", user et abuser de l'humour, tourner les forces de l'ordre en ridicule et les forcer à prendre des décisions absurdes pour extirper la peur qu'ils provoquent, préparer un projet commun bien au-delà de la simple démocratie ou chute du dictateur, préférer une progression lente mais sûre à des coups d'éclats violents et trop rapide, et bien sûr fédérer autour d'une cause commune.

Si l'auteur m'a plus d'une fois un peu agacée par ses justifications ou ses assertions un peu simplettes, force est de constater que certaines de ses remarques sont très pertinentes, tout comme les exemples intéressants qu'il évoque : les révolutions géorgienne et ukrainienne, les protestations chiliennes sous Pinochet, l'amour inconditionnel des Polonais pour la blague sous l'URSS, les fondations alimentaires des révolutions aux Maldives et en Israël, ou encore ce qui fit basculer tout le peuple birman en un front uni face à l'armée.

Étant dans une période de lecture féconde, j'ai aussi et sans forcément le vouloir enchaîné des ouvrages divers qui touchent à cette révolte non violente, aux dictatures et aux révolutions, et je ne peux que recommander de lire les deux tomes du château des animaux de Xavier Dorison et Félix Delep, où Miss Bangalore applique à la lettre certaines méthodes citées ci-dessus ; certaines notions font également échos au livre d'Ece Temelkuran, Comment conduire un pays à sa perte: du populisme à la dictature, et j'ai même été troublée par quelques similitudes avec du despotisme et autres essais d'Abd al-Rahman Al-Kawakibi. Et pour une description du phénomène de révolution, on pourra compléter avec les deux instructifs récits de Ryszard Kapuscinskile Négus et le Shah.

Mentionnons pour finir les dessous financiers pas toujours très clairs d'Otpor, souvent accusé d'être à la botte des Etats-Unis ; l'article ci-dessous paru dans le monde diplomatique est éclairant à ce sujet : https://www.monde-diplomatique.fr/2019/12/OTASEVIC/61096
https://www.monde-diplomatique.fr/2019/12/OTASEVIC/61050
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Dans ce texte Srdja Popovic fait l'apologie des révolutions non-violentes et illustre le concept de désobéissance civile imaginé par H.-D. Thoreau. le jeune homme, musicien de formation, devient théoricien de la lutte contre la dictature sous toutes ses formes. Dans ce combat ordinaire les gens du commun peuvent parvenir parfois à des choses extraordinaires. le leader du mouvement Otpor, qui commencera comme une blague de potache pour finir par la chute du terrible Slobodan Milosevic, est désormais consultant à l'international.

C'est un concert punk à même la rue qui sera le déclencheur, Popovic prenant alors conscience qu'outre la non-violence, c'est le rire qui combat le mieux la peur. L'humour, de plus, n'a rien d'illégal et est fédérateur ! Ce n'est pas ici un mode d'emploi à proprement parler puisque chaque situation est différente. Il faut ainsi toujours prendre en compte le contexte culturel, social et économique, adapter son action à son public tout en respectant les subtilités et un timing souvent serré. L'auteur parle ainsi de sa propre expérience bien sur, mais donne toute une série d'exemples pratiques et quelques bons conseils.

Le recours systématique à une séquence de planification inversée, la définition d'une stratégie globale, d'objectifs et d'une tactique pour les atteindre, la construction et le maintien d'une dynamique collective, seront indispensables. En règle générale l'unité du message sera préservée dès lors que se crée entre les activistes un sentiment d'identité commune. Un texte édifiant qui tient autant de l'essai que du témoignage, et dans lequel l'auteur n'hésite pas à recourir régulièrement à la métaphore des "hobbits", faisant des révolutionnaires pacifiques l'équivalent de la petite troupe sans prétention du Seigneur des anneaux.
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J'ai trouvé ce livre éclairant mais déjà marqué par l'âge une dizaine d'années seulement après sa publication. L'auteur est attachant ; son approche légère et pleine d'auto-dérision de la révolution est une bouffée d'air salutaire pour les militants dont le combat risque parfois d'étouffer tous les choix de vie.
Cependant, les luttes qu'il prend pour exemples, et auxquelles il dit avoir largement contribué sans modestie feinte, semblent toujours opposer des peuples assoiffés de démocratie libérale à des autocrates corrompus. Cela les les rend certes consensuelles à nos yeux d'occidentaux bercés d'idéaux démocratiques, mais aussi en décalage complet avec la situation contemporaine : les dirigeants des dictatures modernes jouissent des plus hauts niveaux de popularité, quand les chefs d'Etats de démocraties occidentales atteignent souvent des sommets d'impopularité. Ses stratégies, qui reposent généralement sur un sentiment d'injustice largement partagé, un coupable bien identifié, et des objectifs clairement formulés, semblent plus faciles à mettre en oeuvre pour lutter contre la baisse du pouvoir d'achat (par exemple) que pour une transition écologique à la hauteur de la catastrophe en cours (par exemple).

semblent donc difficilement applicables dans notre monde,
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation

Ce livre parle de révolutions .
Pas de révolutions violentes : elles finissent en général trempées du sang des innocents . Et pas non plus de révolutions prônées par un petit groupe de fanatiques : si vous voulez savoir comment celles-là se terminent , installez-vous confortablement avec une bonne biographie de Lénine .
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Croire que le changement peut survenir chez vous, voir grand et commencer petit, avoir une vision pour demain, pratiquer le dérisionnisme, retourner l'oppression contre elle-même : telles sont les bases de la réussite d'un mouvement non violent. Mais si les fondations sont nécessaires, elles ne suffisent pas. Votre mouvement, pour ne pas s'effondrer, doit aussi être bâti lentement et délibérément. Et la condition indispensable à cette solide construction, c'est que tout le monde y œuvre dans l'unité. (pp. 164-165)
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C'est pourquoi il est si important pour les activistes non violents de finir ce qu'ils ont commencé. L'exploit spectaculaire de renverser un dictateur ne devient une véritable victoire que si la tâche nettement moins spectaculaire qui consiste à mettre une démocratie en place a été accomplie. (p. 235)
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Il y a plus de pouvoir dans des masses socialement organisées dans une marche qu’il n’y en a dans les armes aux mains de quelques hommes désespérés
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Je suis cynique, bien sûr, mais uniquement pour vous faire bien comprendre ce très important principe de l'activisme non violent : à savoir que tout le monde, sans exception, s'en fiche complètement.
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Video de Srdja Popovic (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Srdja Popovic
Srdja Popovic vous présente son ouvrage "Comment faire tomber un dictateur quand on est seul, tout petit, et sans armes" aux éditions Payot. Traduit de l'anglais par Françoise Bouillot. Rentrée Sciences Humaines 2015.
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