Ce roman m'a tout de suite donné envie par son thème. Un violon maudit, un Prince Yiddish qui plus est, et une historie de trahison pendant la seconde guerre mondiale qui tourne autour de cet instrument… J'espérais bien en apprendre plus sur ces violons si particuliers, chargés d'Histoire, et je n'ai pas été déçue.
Les voyages dans le temps d'Etienne, à la rencontre des propriétaires du violon à l'époque, sont à la fois touchants, mais aussi instructifs. On découvre le quotidien d'un violoniste juif passionné de tango à Paris pendant l'occupation, mais aussi d'un enfant qui a du mal à comprendre pourquoi son frère lui interdit de fréquenter ce couple si gentil. le décalage entre les personnages que Etienne rencontre lors de ses « voyages » et sa vie quotidienne lui font se poser beaucoup de questions, interrogations que j'ai pour certaines partagées. Il mène, avec sa nouvelle amie Elisa, une véritable enquête pour comprendre l'histoire du violon, pour tenter de lui rendre son âme, aussi bien physiquement (l'âme est une pièce du violon située à l'intérieur de la caisse, pièce absente sur le « Prince ») que musicalement. Tenter de dompter cet instrument ne sera pas chose aisée, y compris pour Etienne, pourtant violoniste assez talentueux, qui prépare un concours.
Au début du livre, Etienne et Elisa surnomment le vieil homme propriétaire du violon Furax, car c'est un Zombra (surnom donné par l'ado aux résidents de la maison de retraite où vit la grand-mère d'Etienne) qui fait partie des plus vindicatifs. Petit à petit, ils vont apprendre à le connaître… de là à l'apprécier, c'est plus compliqué^^
L'intrigue de ce roman est très touchante, notamment la relation entre Etienne et Elisée dans les années 40. Qui est ce mystérieux Elisée ? l'histoire vous le dira 😉 Les relations d'Etienne avec sa famille sont également intéressante. Son père, violoncelliste concertiste, a quitté la maison, et ne lui envoie qu'une ou deux cartes par an, ce qui est très frustrant pour Etienne qui partage sa passion de la musique. Sans compter la rencontre avec Elisa, et les questionnements qu'elle entraîne, sans jamais pour autant prendre le pas sur l'intrigue centrale.
C'est Etienne qui raconte ses aventures, avec de temps en temps, insérés entre deux chapitres, des extraits du carnet secret d'E.F., qui éclaire d'un autre point de vue les événements des années 40. On est donc vraiment au coeur de l'histoire, avec des personnages principaux auxquels on s'attache facilement, du fait notamment de leurs parcours de vie tortueux.
Tout à la fin de l'ouvrage, on trouve quelques explications sur le violon, et plus généralement sur ces violons Yiddish qui ont traversé la seconde guerre mondiale, et qui sont réhabilité par un luthier juif, et sont régulièrement utilisés sur scène lors de concerts du souvenir.
Yiddish Tango est un très beau roman, qui fait la part belle à la musique, notamment celle d'
Astor Piazzolla, avec des oeuvres comme Libertango, morceau très connu (utilisé notamment dans L'armée des douze singes). C'est aussi un roman qui nous montre sans fard la dureté de la vie des juifs pendant l'occupation, et pas seulement.
Je ne peux que vous conseiller ce roman qui, si ses héros sont des adolescents, peut intéresser aussi les adultes qui apprécieront retrouver Piazzolla, mais aussi découvrir la part historique de l'intrigue. Il est classé dans la catégorie fantastique pour les sauts dans le temps d'Etienne, mais n'a pas de côté surnaturel trop présent qui pourrait être rédhibitoire pour certains lecteurs. le fantastique n'est là que pour servir discrètement l'intrigue.
Lien :
https://leslecturesdesophieb..