AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,9

sur 505 notes
Le premier mouvement ouvre cette tragédie par des massacres d'une rare cruauté où la soldatesque japonaise sabre les chinois en février 1945, les stukas mitraillent les réfugiés en mai 1940, les forteresses volantes rasent Tokyo en mai 1945.

Deuxième mouvement, 1937, Jun, altiste japonais rencontre Anna, serveuse dans le restaurant parisien de son oncle Fernand. Ils sympathisent mais la mobilisation contraint Jun à retourner dans sa patrie en 1940 et à dire Adieu à Anna sur un quai De Marseille. Ils meurent l'un et l'autre peu après la guerre sans jamais se revoir. de leur amour est née Agnès en 1941 qui, une génération plus tard, accouche d'une gracieuse Marie-Mizumé.

Troisième mouvement, 2007, un discret Otto Takosch publie son premier roman « L'oreille voit ; l'oeil écoute » qui frappe Mizumé bouleversée d'y lire une évocation de sa grand-mère Anna, qu'elle n'a jamais connue…

Sans dévoiler les quatrième et cinquième mouvements, rythmés par la Symphonie N°8 de Chostakovitch « Stalingrad », le lecteur retrouve les sujets de prédilection d'Akira Mizubayashi : dénonciation du totalitarisme, éloge de la culture et de la musique, rôle essentiel des langues …

Le totalitarisme impose sa dictature en usant et abusant de la servilité de gradés « exécutant les ordres impériaux» au garde à vous, sans le moindre état d'âme ; le parallèle avec les règles imposées durant la crise sanitaire crève les yeux quand on se souvient que les EHPADS ont été transformés en prisons pour personnes âgées, privées de toute visite, et que l'obligation vaccinale a « suspendu » de tout droit et salaire les soignants soucieux de respecter le « principe de précaution » inscrit dans notre constitution.

L'éloge de la culture passe notamment par l'évocation de l'oncle Fernand, profitant de sa retraite pour découvrir la langue et la culture japonaise. le rôle de la musique et de ses interprètes est davantage valorisé ici par l'auteur, que dans les autres romans qui valorisent plutôt les instruments (le violon d'Ame brisées et le violoncelle dans Suite inoubliable). La « musique de l'eau » s'accorde au « prince des sons » pour initier un chant d'amour joué par une « Reine de coeur » qui couronne ainsi la trilogie débutée par Âme brisée et conclue par Suite inoubliable.

Personnellement c'est ce titre de la trilogie que je préfère par son balancement subtile des époques et des espaces qui sort progressivement le lecteur de l'enfer de la guerre mondiale pour le mener avec Otto et Mizumé vers un présent parfois trouble, mais « rythmant et ponctuant encore et toujours la vie en train de se faire. »

PS : ma lecture d'âme brisée :
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          930
Même s'il est plutôt question d'alto, les violons sont de sortie pour ce nouveau roman d'Akira Mizubayashi, et le lecteur entend leur longue plainte venir de loin…
Après un démarrage prometteur en fanfare auprès de Jun, soldat de troisième classe dans l'armée japonaise en 1945, lors de la décapitation au sabre de trois soldats chinois, j'avoue ne pas avoir été transportée ensuite par la plume de l'auteur.
Est-ce parce qu'Akira Mizubayashi a écrit ce livre en français ? le style est impersonnel, pas très fluide et l'histoire convenue se traine en longueur, en particulier dans sa deuxième partie lorsque l'on revient à la période contemporaine.
L'histoire de Mizuné et Otohiko est cousue de fil blanc, elle se révèle passablement ennuyeuse avec un final sans aucune surprise, et aucune émotion ne m'a traversée lors de cette lecture.
Je n'y ai pas trouvé la magie des sentiments, l'auteur s'attachant plus à les décrire qu'à nous les faire ressentir, et certains passages avec leurs onomatopées ponctués de ooh et de aahh manquent de finesse…
Voilà fort longtemps que j'ai « Âme brisée » dans ma PAL, et si certains commentaires m'avaient laissé entendre que ce Reine de coeur était un ton en-dessous, j'en attendais tout de même beaucoup mieux…
Commenter  J’apprécie          8422
Jun et Anna se sont rencontrés à Paris en 1937, où le jeune altiste japonais est venu se perfectionner, sous la direction du célèbre professeur Maurice Vieux, alors qu'Anna est élève de l'École normale primaire. Mais bientôt Jun, obligé de retourner dans son pays, est engagé malgré lui dans la guerre Sino-japonaise qui le brise, au point qu'il en oublie sa promesse faite à Anna... Une histoire d'amour que découvre bien des années plus tard la petite-fille de Jun et Anna, Mizuné, altiste elle-même.

Akira Mizubayashi croit indéniablement au pouvoir de la musique, celui que certaines oeuvres ont de transmettre la vérité d'un sentiment, d'une situation, d'une époque. C'est ce que l'on comprend avec Reine de coeur, un roman ambitieux qui s'ouvre sur une scène insupportable, métaphorique d'un Japon nationaliste, mortifère pour ses ennemis comme pour les Japonais eux-mêmes. Les mouvements suivants, même si parfois teintés de naïveté, sont à la hauteur d'une symphonie, telle la huitième de Chostakovitch qui après d'épouvantables tempêtes laissent place à de gracieux temps calmes...
Commenter  J’apprécie          836
Après avoir lu "Ame brisée", j'ai désiré connaître un peu plus cet auteur qui nous fait l'honneur d'écrire dans notre langue, le français. Et quel français !
Ce roman, qui est aussi une recherche familiale, comme les deux précédents que j'ai lu ( "Les enfants endormis" et "Les gens de Bilbao naissent où ils veulent" ), est un morceau de musique avec ses mouvements, ses instruments ( l'alto, en particulier ), son compositeur ( en l'occurrence l'auteur ) et ses spectateurs ( nous, les lecteurs ).
Je ne peux que vous en recommander la lecture. C'est un petit bijou, délicat comme une fleur de cerisier.
Commenter  J’apprécie          532
Après lecture, je vais tenter d'expliquer pourquoi mon impression est très mitigée. J'avais pourtant beaucoup aimé " Âme brisée ".

L'histoire d'Anna, la française, et de Jun, le japonais , leur séparation non voulue, sont touchantes, nul doute. L'enfer de la guerre coloniale du Japon en Chine , à travers le journal de Jun, est analysé avec réalisme, quelle cruauté !

Cependant, plusieurs points m'ont un peu gâché le plaisir: j'ai trouvé la rencontre des" descendants" Mizuné et Oto mièvre et peu crédible. de plus, les explications qu'ils se fournissent l'un à l'autre semblent redondantes pour le lecteur, qui les connaissait déjà en grande partie. Et cette fois, le style de l'auteur, japonais écrivant en français, m'a désarçonnée davantage. Des notations fort prosaïques comme le contenu d'un repas alternent avec des envolées romantiques étranges.

Par contre, l'auteur livre de manière intéressante, par l'intermédiaire de Jun, sa perception de la langue française. Et bien sûr, son amour de la musique, thème leimotiv de ses livres.

Bref, un ressenti en demi-teintes, je m'attendais à être plus enthousiaste. Je pense lire quand même le dernier: " Suite inoubliable".
Commenter  J’apprécie          402
Reine de coeur, le roman d'Akira Mizubayashi exploite les mêmes thèmes que son précédent livre. Je n'ai donc pas eu le même coup de coeur et pour cette raison, j'ai aimé, sans plus.

Le livre débute par plusieurs chapitres qui ne semblent pas avoir de liens entre eux, mais il y en a un bien sûr.

Histoire no1 : un jeune soldat japonais, Jun Mizukami, est contraint par son supérieur, Ashibé, d'exécuter au sabre un prisonnier de guerre. Il le blesse sans le tuer, Ashibé prend la relève, tue avec indifférence.

Histoire no2 : Fernand et sa nièce, Anna, fuient Paris, nous sommes en 1940, c'est l'exode.

Histoire no 3 : le 25 mai 1945, Ayako, infirmière de l'hôpital militaire de Tokyo, sort de chez elle pour acheter des médicaments pour sa mère malade. Or les forces américaines bombardent Tokyo avec des B29. Ayako s'apprête à vivre les expériences les plus traumatisantes de sa vie.

Bien plus tard, Marie-Mizuné et Otto reconstitueront le puzzle.

J'ai trouvé les chapitres désordonnés. Certes, cela n'a pas nui à ma lecture, un peu ennuyée néanmoins. J'ai détesté, en revanche, la fin de ce livre, je ne lui ai découvert aucun sens. Pourquoi ? Parce qu'elle masque une réalité que j'aurais aimé voir développer.

Par ailleurs, la structure du récit est la même que celle d'Âme brisée. Par conséquent, l'intrigue est bien moins imprévisible, du moins pour moi qui avais lu le précédent.

Lien : https://dequoilire.com/que-v..
Commenter  J’apprécie          390
Je ne connaissais pas cet auteur japonais qui publie ses romans en français et les traduit lui-même ensuite en japonais. J'ai aimé son écriture dépouillée, voire détachée mais aux grands élans de coeur.
J'ai été touchée par l'histoire qui m'a adroitement promenée d'une époque à l'autre, de 1937 à 2011, nous racontant des fragments cruciaux de la vie de Jun et Anna, deux amoureux séparés soudainement par la deuxième guerre mondiale, plus spécifiquement la guerre sino-japonaise en Mandchourie, lorsque Jun, étudiant japonais au Conservatoire de Paris doit rejoindre sa patrie pour y prendre les armes, et laisser Anna à quai à Marseille où elle a voulu l'accompagner pour lui dire au revoir.

Les liens brutalement arrachés vont-ils pouvoir se retisser, par delà l'océan, dans un autre temps ?

« Dans le noir de ma nuit sans étoile, je pose mille baisers lumineux et sonores sur tout ton corps qui s'étend devant moi comme un paysage enchanté. »

La musique fait corps avec l'histoire, l'histoire prend corps grâce à la musique; j'ai été très sensible à la musicalité de ce roman qui m'a bercée pendant toute la lecture, qui m'a quasiment émue aux larmes lors d'un certain long passage dont je ne dirai rien pour ne pas divulgâcher.

Ce fut pour moi une belle rencontre avec la plume et l'archet d'Akira Mizubayashi.
Commenter  J’apprécie          377
La musique contre la barbarie.

Sur ce thème, Akira Mizubayashi m'avait déjà enchantée avec Âme Brisée, première découverte d'un auteur d'expression autant japonaise que française.
L'essai est transformé avec ce petit bijou littéraire et musical où se mêlent l'amour, la perte et la musique sur fond de guerre sino japonaise.

La composition narrative s'écoute comme un morceau symphonique , adoucissant le destin tragique d'un couple d'amoureux, porté par des extraits de Bach, de Strauss et de Mozart.
Plusieurs décennies portent la mémoire d'un passé qui éclaire le présent et cimente les racines de deux générations.

Et le morceau de bravoure de l'auteur est de nous immerger dans la compréhension de la huitième Symphonie de Chostakovitch, étude musicale remarquable qui incite à relire les pages dédiées en écoutant cette oeuvre composée en 1943 et marquée par l'expérience de la guerre.
Commenter  J’apprécie          330
Après Âme brisée , un de mes coups de coeur il y a deux ans, ce nouveau roman mêle une fois encore la musique , la guerre et le deuil impossible .

Jun, un jeune musicien japonais est venu à Paris pour y perfectionner sa pratique de l'alto. Il fait la connaissance d'une jeune femme française, Anna serveuse dans le café de son oncle, Fernand , où il va déjeuner tous les jours. Sous l'oeil bienveillant de l'oncle, les deux jeunes tombent amoureux ...

Mais la guerre sino-japonnaise en cette année 1939 inquiète Jun, il a laissé ses parents au Japon et le dernier bateau retournant dans son pays va partir . Brisé par le chagrin, Jun quitte Anna , sa reine de coeur .

Enrôlé dans l'armée impérialiste , le jeune homme va découvrir les pires horreurs de la guerre et , paniqué, il va être contraint par la force d'obéir aux ordres d'officiers abjects qui ont repéré la délicate âme du musicien . Un déchirement pour lui , une dissociation de tout son être .

Pendant ce temps, Anna , enceinte , part sur les routes de l'exode avec Fernand .

Dans le second mouvement , la musique revient au premier plan avec une jeune altiste , Mizuné qui est intriguée par un roman racontant une histoire ressemblant étrangement à celle de ses grands parents . Elle part à la rencontre de son auteur ...

Ce roman est découpé en quatre mouvements , telle une symphonie . La musique de Chostakovitch avec la symphonie numéro 11 dite de 1905 d'abord puis la symphonie numéro 8 rythme cette histoire avec fracas, des symphonies écrites par ce compositeur tourmenté par les conséquences catastrophiques sur l'homme de la révolution et de la guerre . Des oeuvres marquantes , que je trouve assez difficiles à apprécier de prime abord mais que l'écrivain vient adoucir avec la Symphonie concertante de Mozart, dialogue entre un alto et un violon d'une douceur reposante avec des moments de magie que nous fait partager Akira Mizubayashi . Ses descriptions des émotions à l'écoute de ces symphonies sont admirables .

Peut-être ai-je été moins enthousiasmée à la lecture de ce beau roman , on y retrouve les mêmes thèmes et le même type de construction mais j'ai pris beaucoup de plaisir à sa découverte et à l'écoute des symphonies indispensable pour rentrer en pleine phase avec les propos .
Commenter  J’apprécie          312
Une lecture agrèable sans plus.
Nous est conté ici un amour que la seconde guerre mondiale a séparé.
Il est japonais, elle est française, ils s'aiment mais il doit rentrer s'enrôler ; elle est enceinte et il ne le sait pas.
Des allers-retours dans les époques et les descendants de ces deux là qui vont se croiser.
La musique tient un rôle fondamental dans ce roman mais j'ai regretté un manque de rythme et surtout une écriture presque scolaire.
J'avais été tant émue par Âme brisée ; je n'ai pas retrouvé ce moment de magie avec cette Reine de coeur.
Commenter  J’apprécie          253




Lecteurs (1061) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1098 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..