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EAN : 9782352842101
208 pages
Editions du Jasmin (24/12/2012)
3/5   2 notes
Résumé :
Je rêve que Marguerite Duras vient me voir

Je suis un écrivain. C'est une intuition, une conviction enracinée en moi, et j'y crois. Je n 'écris pas, et alors ? Qu'est-ce que ça prouve ? Un écrivain a bien le droit (et peut-être même le devoir, allez savoir) d'être en panne de temps en temps. Dans mon cas, c'est une panne chronique, voilà tout. Il n'empêche, je suis un écrivain. Un écrit-rien... ?

Gaétan est un écrivain. Il le sait, il e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai choisi de lire "Je rêve que Marguerite Duras vient me voir" pour ce très beau titre de roman. Il a été écrit par Isabelle Minière que je découvre. Elle est psychologue et cela n'est pas surprenant car on retrouve le face à face du psy et du narrateur dans ce roman. Et elle sait donc de quoi elle parle.
Je dirais d'abord que l'histoire de Gaëtan se lit assez facilement malgré les superpositions de mises en abymes. Il est professeur de français et dit être un écrivain qui n'écrit pas ou un « n'écrit-rien » parce qu'il est en manque d'inspiration.
Gaëtan donc, le narrateur et personnage principal, ne rêve pas de rencontrer Marguerite Duras mais rêve d'écrire. de là l'ambiguïté entre la personne et ses intentions.
En fait, je pense qu'au départ Isabelle minière fait écho au texte de Marguerite Duras sur ce qu'est un écrivain. D'ailleurs elle fait référence à son livre "Écrire".
On a souvent demandé à Marguerite Duras pourquoi elle écrit. Elle a eu l'occasion de s'exprimer sur le sujet. Je reprends ses propos. « Cette question m'est posée à chaque interview et je n'ai jamais trouvé de réponse satisfaisante. Tout le monde éprouve l'envie d'écrire, non ? La seule différence entre les écrivains et les autres est que les premiers écrivent, publient, et que les seconds ne font qu'y penser. »
À une autre occasion elle dit : « A la question « Qu'est-ce qu'écrire ? », personne ne peut répondre à la place de personne. Chacun répond pour lui. Pour moi, voici ce que je vois : je vois que la différence entre les écrivains et les non-écrivains, se situe au dernier stade du processus créateur : le stade matériel. Je vois que tout le monde écrit. Que ceux qui n'écrivent pas écrivent aussi. Que la fonction écrivante de l'homme est une donnée naturelle, à l'instar des autres, et que c'est uniquement au stade de l'exploitation systématique de cette donnée que se situe la différence entre celui qui écrit et celui qui n'écrit pas. »
Elle dit aussi : « Je vois qu'en chaque homme la conversion du réel vécu en un réel recréé a tous les caractères de la fonction écrivante apparente. »
Et là, on est en plein coeur du thème de ce roman car tout se bouscule dans la tête de Gaétan, le réel et l'imaginaire. C'est un auteur devant la page blanche qui souffre d'une sorte de trouble car quand il entend des mots, il les voit écrits. Il faut dire qu'il aime les livres depuis qu'il est tout petit. Mais lorsqu'à 10 ans il a dit à sa mère qu'il voulait devenir écrivain elle s'est moqué de lui. Comme quoi, il est important de ne pas frustrer les vocations précoces !
Gaëtan est vraiment perturbé d'autant plus qu'une nuit, il a rêvé que Marguerite Duras est venue lui dire "Si tu veux écrire, mon grand, écris. C'est tout ce que je veux te dire. Simplement le faire..." Alors cela l'a motivé mais ce n'est pas si facile. Et puis, son ami Augustin lui conseille un psy pour mettre un peu d'ordre dans tout ça et pour l'aider à passer de l'écrit-rien à l'écrit-quelques-choses.
Il se met donc à la tâche et commence une histoire qui semble assez délirante mais qui s'inspire de sa réalité. On découvre au fur et à mesure qu'il vit avec des personnages qui ressemblent à ses proches. Car il y a un enchevêtrement permanent entre la vie de Gaétan et ce qu'il écrit : l'histoire de tante Agatha (qui est d'ailleurs un personnage et le titre d'un livre de Marguerite Duras), et de son chat Natacha. Mais Natacha c'est aussi l'avatar de Noémie, sa fiancée tuée dans un accident de la route. Il appelle cela le fait divers ou le fait d'hiver. Les personnages du livre que Gaétan est en train d'écrire ont tous un double réel : tante Agatha c'est sa tante Aglaé, Gaël c'est Gaëtan donc lui-même etc. Dans cette mise en abyme, il pense que ce qu'il écrit ne ressemble à rien et qu'il n'a pas de sujet mais on voit se construire son texte. Et plus le texte se construit, plus la réalité prend le dessus.
Cette construction est originale bien qu'elle prête parfois à confusion mais on s'attache aux personnages. Et puis, je ne dévoilerai pas la fin mais Marguerite Duras devrait être contente.

Ce livre m'a été offert par les éditions du Jasmin dans le cadre d'une opération masse critique et je les en remercie.


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Je rêve que Marguerite Duras vient me voir me faisait de l'oeil, dans la Masse Critique de Babelio du mois de Janvier, grâce à son résumé : voilà un personnage qui nous confie son ambition de devenir écrivain mais qui est bloqué avant même d'avoir commencé. J'ai eu l'impression de m'y voir ; j'ai donc voulu lire comment le sujet était traité.

Dès la première lecture, je trouve que le livre est bourré d'humour. D'ailleurs, je n'ai pas pu m'empêcher de poser des post-it un peu partout sur les 4 premiers chapitres, tant ils me parlaient. Voilà donc un ambitieux, qui se prétend écrivain par vocation, sans jamais écrire.
"Mais comment ose-t-il ???" me rétorque ma petite voix intérieure.

Le portrait qu'esquisse Isabelle Minière de son personnage, par le biais d'un monologue intérieur, est savoureux de justesse : la frustration de ne pas écrire et la peur de ne pas être à la hauteur de ses ambitions, les jugements continuels de son petit critique intérieur (comme dirait @sailorflo), la recherche du secret pour écrire quand il suffirait... eh bien d'écrire 😅, les petits rituels qui feraient de soi un écrivain et libéreraient (comme par magie) de la page blanche, mais aussi les personnages qui prennent vie dans sa tête et vivent au quotidien avec soi, les jugements parentaux hâtifs qui restent une fois adulte et nous freinent dans nos rêves, la jalousie des écrivains, les vrais, ceux qui s'accomplissent en publiant réellement des livres, alors que soi-même on enfouit ses rêves bien profondément, comme un secret honteux, ou un jardin secret.
J'ai eu le sentiment de me regarder dans un miroir grossissant et j'ai ri :
"C'est tout à fait ça ! " me suis-je exclamé, un brin embêtée d'avoir été si bien décryptée.

Mais un tournant s'opère dans le roman, car Gaétan, l'écrit-rien, tente vraiment d'écrire ; il en parle autour de lui et cherche à trouver une solution. Et puis, petit à petit, le lecteur se rend compte que le narrateur vit au milieu de personnages qu'il crée et que ces personnages, inspirés de sa propre vie et de ses désirs, sont des doubles de lui-même ou de personnes qu'il connaît. D'ailleurs, lui qui n'écrit pas, est cependant le narrateur de tout ce roman... Sa pensée est une construction constante de portraits, de personnages ; il est à la recherche de l'expression adéquate, du mot juste ; sa plume joue avec les mots et les sons, comme un dieu qui donnerait le statut de personnage ou le retirerait à son gré, comme un créateur qui regarde de loin et manipule sa création.

La plongée est lente mais devient vertigineuse, tant la mise en abîme se creuse. En fait, à travers ce personnage, et le regard qu'il porte sur le monde, Isabelle Minière nous parle de la vie secrète de l'écrivain, de ce qu'écrire représente de frustration, de désir et de fragilité. Elle nous présente ce moment transitoire où l'idée tarde à venir, à prendre forme, à témoigner, par une oeuvre d'art, de ce qu'on peut ressentir à l'intérieur comme une nécessité impérieuse, une preuve de l'artiste en soi.

Si la fin me semble une clôture parfaite au sujet de l'écriture, la petite intrigue amoureuse, elle, m'a un peu semblé superflue. On pouvait certes y voir la résolution d'un des thèmes abordés par le roman, à savoir la solitude, mais voir l'amour comme un accomplissement, je ne sais pas... ça me chiffonne ; c'est comme s'il y avait concurrence, ou que l'un ne pouvait pas exister sans l'autre.
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Le titre est joli, la première de couverture est jolie, la quatrième de couverture est jolie, pour le reste je suis dubitative.
Il y a quelques fulgurances , ne serait-ce que cette idée de base, Gaetan est un écrit -rien, un homme qui se sent l'âme d'un écrivain mais qui n'est pas capable d'aligner une phrase sur du papier.
Et puis... rien. Il m'a été complètement impossible de m'attacher à aucun des personnages de ce roman ni d'y trouver un quelconque intérêt. L'ensemble manque cruellement d'authenticité... c'est un comble ! Un écrivain qui parle d'un écrivain qui n'arrive à rien, ça devrait rouler... le style m'a semblé assez morne. Les phrases sont longues et souvent répétitives. Reflet de l'état d'esprit du personnage principal qui tourne en rond ?
Pas vraiment d'enjeu dans l'intrigue... à part le secret de Marguerite Duras pour écrire ? Qui est ? ( attention Gros Spoiler ) D'écrire ! ( c'était donc ça ).
Autre gros enjeu du roman : Gaetan va -t-il réussir à gribouiller un paragraphe entier... est-ce qu'il va finir par trouver un vrai sujet ?
Pour moi la fin est bien à la hauteur de tout le roman : insipide et sans surprise. Je cherchais un bon roman sur l'écriture et ses mécanismes, c'est raté. À la place, je lirai Écrire de Marguerite Duras.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Moi qui la prenais pour une vieille toquée, je me suis trompée, pense Natacha, et elle en tire une leçon qu'elle se promet de garder toute sa vie : il faut se méfier des préjugés.
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J'ai parfois l'impression que les écrivains parlent pour moi, que je m'exprime par leurs voix, par procuration.
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Si ce n'était pas dit par Marguerite Duras, par sa voix si particulière, je crierais à la supercherie. Au charlatanisme.
"Si tu veux écrire, mon grand, écris. C'est tout ce que je veux te dire. Simplement le faire..."
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Un écrivain n'est jamais seul. Il vit avec ses personnages.
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