Insupportable leitmotiv déjà. «
Foutez-vous la paix » . A cette expression assez racoleuse, il aurait fallu préférer « Soyez bienveillant ! ».
Car au fond, tout au long de cet essai où l'on parle aussi beaucoup trop de méditation, il est bien question d'être moins dur et avec soi et avec les autres.
Une évidence que ne le devient dans ce monde cruel qu'avec l'acquisition d'une certaine sagesse et souvent sur ses vieux jours.
Alors que nos vies sont si courtes, elle sont empoisonnées, c'est vrai, par toutes sortes de préceptes et d'obligations. Certains justifiés par la volonté de vivre ensemble, beaucoup d'autres par celle de gagner sa pitance.
Dans le monde impitoyable du travail, la bienveillance n'est pas de mise, elle passe alors pour de la faiblesse.
On se souvient de l'admirable ouvrage d'
Alexandre Jollien « Eloge de la faiblesse », et peut-être de
Paul Lafargue qui clamait déjà
le droit à la paresse.
Vivre avec compassion et bienveillance, aussi bien pour soi que pour tous les autres ne peut s'accomplir que dans une société idéale ou retirée du monde. Une sorte de Shambhala, libérée de toute empreinte économique. Une pure utopie exempte du struggle for life. On ne peut alors que biaiser, composer, essayer de ne pas perdre et son âme et sa santé dans ce triste Monde.
Méditer est alors tenter d'oublier cette agitation démente pour ce recentrer en une partie de soi éternellement préservée.
Mais il y a aussi d'autres formes de méditations…
J'ai moi aussi pratiqué
la méditation, non pas pour calmer cette agitation mais pour qu'en moi circulent plus librement tant d'énergies bouleversées ou bloquées par nos tensions quotidiennes. Car la vie, les autres perturbent, phagocytent votre énergie et cela que vous soyez bienveillant ou pas.
Méditer, c'est aussi laisser s'accomplir ce long travail d'assimilation au monde et à ces troubles. Travail qui va nous grandir, développer en nous, justement bienveillance et compassion, répartir plus harmonieusement notre énergie primordiale.
C'est un domaine d'une extrême complexité ou toute tentative de simplification est réductrice. C'est d'ailleurs en cela que
la méditation est la plupart du temps devenue, elle-aussi en Occident « un produit » comme un autre.
Merci aux éditions Gallimard et à Babelio pour m'avoir permis la lecture de cet essai.