A la suite d'une affaire d'assassinat d'un préfet en Corse qui a mal tourné et dont il s'est occupé il y a quelques années alors qu'il était encore en activité, le juge se sent en danger et part se mettre « au vert » à l'approche des fêtes de fin d'année. Avec pour seuls compagnons les verres d'alcool, les paquets de cigarettes et son revolver Manhurin qui lui a été attribué pour se défendre et dont il ne se sépare jamais, le juge se sent pourtant bien seul dans la jolie ville de Colmar où il doit réveillonner avec sa soeur. Un soir, il croise la route de deux jeunes voyous de banlieue, Johann, le gentil et Rollo, le dur ; deux petites frappes qui trompent leur ennui en rançonnant les propriétaires de voiture qu'ils prennent en chasse sur l'autoroute. le juge dans sa Mercedes n'échappera pas au braquage et, en prime, il se fera dérober son Manhurin… Souhaitant récupérer son arme au plus vite, il retrouvera Johann, le jeune et naïf gangster « en herbe », via des photos postées sur Facebook. Après avoir renoué le contact, il encouragera le jeune braqueur à se racheter une conduite pour repartir dans le droit chemin. Mais alors que des relations de confiance commencent à s'installer progressivement entre les deux hommes, le passé du juge refait surface brutalement…
Les lecteurs entrent rapidement dans le vif du sujet d'une intrigue menée de main de maître. A la faveur d'un style littéraire un peu gouailleur et d'une écriture simple et fluide,
Nicolas Mathieu a talentueusement réussi à traduire cette ambiance si particulière que l'on peut retrouver dans tous les ouvrages écrits par des spécialistes du roman noir, tels
Léo Malet ou
Gérard de Villiers.
N'étant pas considéré comme un expert dans l'écriture de ce genre de littérature, le romancier s'en tire avec brio dans ce court opus, plaisant à lire. le récit est enrichi de quatre illustrations réalisées par l'excellent
Florent Chavouet et placées judicieusement au fil des pages.
En bonus,
Jean-Michel Boissier nous offre une visite historique, culturelle et gourmande de la ville de Colmar, avec bien entendu un arrêt obligé dans la maison natale d'Auguste Bartholdi, le sculpteur emblématique auteur de la statue de la Liberté de New-York !