Lecture douce et dramatique.
On y fait la connaissance d'Antoine, qui devient le même jour père et veuf, puis de Rose, engagée comme fille au pair par ce dernier pour s'occuper du nouveau-né.
Dès le début, je n'ai pu m'empêcher de faire le rapprochement avec «
La vie en chantier » de
Pete Fromm, roman magnifique sur la reconstruction d'un homme qui apprend à devenir père en même temps qu'il doit faire le deuil de sa femme. Et je dois dire que ça m'a perturbée un certain temps, n'arrivant pas à y faire abstraction, et surtout rien ne pouvant égaler la sublime plume de
Pete Fromm. Pourtant, ici, l'intrigue prend un tout autre chemin. Là où l'on voyait le héros de
Pete Fromm s'accrocher à son bébé comme à une bouée, négligeant tout le reste, on voit totalement l'inverse chez celui de
Laure Manel : tenant sa fille en partie responsable de la disparition de l'amour de sa vie, c'est à peine s'il la regarde, la prendre dans ses bras n'en parlons même pas, au point de la confier presque H24 à une jeune étudiante.
On assiste ainsi, petit à petit, à la transformation d'une relation entre le père et la fille d'abord compliquée et douloureuse en une relation de moins en moins maladroite et de plus en plus touchante. Rose y sera pour beaucoup évidemment. Malgré son jeune âge, elle saura transmettre et partager des souffles de vie, des petits bonheurs, qui aideront le papa à sortir la tête de l'eau, à réapprendre à vivre, et ainsi à aimer son enfant.
La plume de
Laure Manel n'étant absolument pas comparable avec celle de
Pete Fromm, je ne m'y essaierai même pas. Elle écrit plutôt bien, simplement, sans envolées particulières. Je déplore un peu le temps au présent et les phrases d'un style peut-être un peu trop scolaire, mais ça se laisse lire agréablement.
L'histoire est plutôt émouvante, certains passages ont même parfois failli me mettre la larme à l'oeil. Elle coule doucement, sans précipitation, nous laissant le temps d'apprivoiser les deux protagonistes principaux, qu'on finit par s'attacher. On en devine assez tôt le dénouement, on s'en doute tout du moins, mais là encore il faut attendre que les noeuds au coeur et à l'âme se défassent un à un pour qu'il ait lieu. J'ai aimé cette douceur et cette tendresse dans cette douleur de moins en moins insupportable.
Le temps fait son oeuvre et c'est joliment retranscrit ici.
Je n'étais pas très à l'aise au début, et ça a mis un peu de temps à se dissiper. J'ai finalement été très touchée par cette histoire de résilience. J'entame d'ailleurs la suite sur le champ.