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EAN : 9791038701434
576 pages
Zulma (18/08/2022)
4.23/5   274 notes
Résumé :
Qui ne connaît pas un de ces inventeurs géniaux dont la découverte reste à jamais inconnue, empêchée ou censurée ? Phily-Jo est de ceux-là. Sa machine à énergie libre, la FreePow, est révolutionnaire. Si visionnaire et dérangeante que la mort brutale de Phily-Jo demeure un mystère pour ses proches. Meurtre ou suicide ? Est-ce le combat de David contre Goliath, une conspiration du grand capital prompt à freiner tous les progrès humanistes ? Dans un infernal jeu de po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (65) Voir plus Ajouter une critique
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°°° Rentrée littéraire 2022 # 15 °°°

Première page intérieure : Marcus Malte ( auteur français ) s'invente un traducteur américain, un certain Edouard Dayms, nom d'un des personnages de son roman Garden of love. Mes radars n'ont rien capté, juste un petit clignotant vite éteint en mode «  tiens, c'est bizarre ». J'aurais du me méfier.

Ça démarre comme un thriller avec la mort d'un génial inventeur autodidacte Philip-Joseph dit Phily-Jo Deloncle ( tiens, le même patronyme que le fondateur de la Cagoule, organisation terroriste des années 30, rien à voir ) , 34 ans , tombé de la balustrade d'un hôtel de Dallas lors d'un cocktail en l'honneur des lauréats d'un prix scientifique. Suicide ? Meurtre ? Son beau-frère, professeur de littérature, le narrateur de la première partie mène l'enquête, persuadé que Phily-Jo a été assassiné par une organisation clandestine surnommée la Pieuvre noire qui voudrait l'empêcher de diffuser une invention révolutionnaire : la FreePow, capable de convertir l'énergie du cosmos en électricité libre, gratuite, utilisable par tous, ce qui ruinerait le business des acteurs qui profitent des énergies fossiles.

Tu crois que le récit va chercher à résoudre le mystère de la mort de Phily-Jo. Et puis non. Marcus Malte déroule les quatre parties suivantes en mode roman gigogne, changeant à chaque fois de narrateur. Les cinq parties s'enchâssent, chacune résonnant avec les précédentes, chacune apportant un regard et un éclairage sur une réalité qui s'éloigne de plus en plus du lecteur alors que celui-ci croit très souvent l'approcher.

L'emboîtement est vertigineux. Marcus Malte a construit une intrigue machiavélique dont le courant romanesque impossible à remonter vous emporte irrésistiblement. Jusqu'à une dernière partie diabolique qui brouille à nouveau les pistes et suscitent mille théories sur l'identité du narrateur. En fait, il fait essayer de remonter le courant en lisant les chapitres à l'envers et repérer les nombreux indices semés avec une intelligence folle. On est presque dans un Usual suspects littéraire tant tout est doute et instabilité.

J'ai pris un plaisir dingue à être manipulée non-stop, l'auteur nous emmenant où il veut, quand il veut et comme il veut tout en nous invitant dans le jeu. Et jeu il y a, ne serait-ce qu'avec les nombreuses références hommages à Nabokov et notamment à sa Vraie vie de Sebastian Knight ( dans laquelle un homme s'efforce de retracer l'existence de son frère écrivain et peine à démêler ce qui relève de l'illusion et de la réalité ) ou à Feu pâle qui joue avec les codes de la narration.

Ultra ludique donc mais Qui se souviendra de Phily-Jo n'est pas qu'un exercice de style creux pour public averti. C'est un roman très contemporain par les thématiques abordées, engagé même, sans que la mise en scène n'entrave la force du propos. Rarement un roman n'aura aussi brillamment abordé la question du complotisme associé la manipulation et la désinformation jusqu'à la paranoïa, mais aussi celle de la déprédation généralisée du capitalisme dans un contexte de crise environnementale. Et même la question de la peine de mort avec de longs passages dans les couloirs de la mort américains. le tout avec une humour décapant et une ironie mordante.

Jubilatoire et étourdissant que ce grand roman sur toutes les manipulations, rien par le pouvoir de la fiction. Brillantissime ! Je suis très surprise de le voir absent des principales listes pour les prix littéraires d'automne.


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Moi !! Moi je m'en souviendrai de Phily-Jo, ah non je ne suis pas prête de l'oublier, cet inventeur de génie méconnu duquel tout part. Dans ce livre, véritable pépite, nous découvrons, yeux ébaubis, bouche bée, zygomatiques douloureux tant ils participent de façon tonitruante à la lecture, l'effet domino d'une découverte dérangeante présentée sous la forme de récits enchevêtrés façon matriochka, façon poupées gigogne. de quoi donner le tournis au lecteur et le mener par le bout du nez. Un coup de coeur pour ce coup d'éclat, pour ce coup de maître, ce coup de gueule aussi. Chapeau bas Marcus Malte, vous êtes un derviche tourneur de génie, vous nous entraînez dans votre danse en cercle dans le cercle dans le cercle…avec bonheur et gourmandise, impressionnés par tant de virtuosité, d'intelligence et d'humour totalement décapant ! Un moment de lecture vertigineux, une mise en abime drôle et jubilatoire ! Inoubliable !

Le problème avec ce livre, pour que l'effet whouaaaaou se produise sur son lecteur, est que trop en dire serait totalement gâcher le plaisir de lecture. Aussi, je me contenterai de vous parler du principe général, du tout début de l'histoire et de vous faire part surtout du style de ce livre qui m'a parfois fait rire aux éclats. Espérons que cela suffise à vous donner envie de découvrir de toute urgence ce livre qui aurait mérité tant de prix littéraires…

Nous sommes en présence de récits enchevêtrés donc racontés par des personnages différents auxquels nous nous attachons, qui ont chacun leur façon de parler, leur sensibilité, et dont nous ne mettons nullement en doute la sincérité…jusqu'au récit suivant où tout se fissure sur le personnage précédent, ébranlant notre certitude de lecteur, heureux que nous étions d'avoir pu trouver du réconfort dans une explication dans laquelle nous lover, heureux d'avoir pu accorder du crédit au récit offert. Hé non, tout est remis en question de façon troublante. Voilà le principe. Qui croire ? Chaque récit est-il une affabulation ? Un mensonge ? Un délire ? La vérité ? Les conséquences que nous voyons à l'oeuvre sont-ils des hasards ? Un complot ? Une vaste machinerie ? Chaque protagoniste veut-il faire passer des vessies pour des lanternes ?

« Ne vous rendez jamais à l'évidence. Je ne dis pas que tout est faux. Je dis que tout est vu à travers le prisme d'un esprit très singulier».

Le récit débute avec l'histoire de Philippe-Joseph, surnommé notamment Phily-Jo, inventeur de génie, sorte de Géo trouvetou, qui a mis au point une machine à énergie libre, la FreePow, invention révolutionnaire car elle permettrait de se passer d'énergie fossile et de toute extraction quelle qu'elle soit. Cette machine convertit en effet l'énergie du cosmos en énergie naturelle, gratuite, enfin accessible à tous, non polluante, le rêve en ces temps de finitude des ressources, d'énergie hors de prix et de réchauffement climatique…sauf pour les lobbys pétroliers, gaziers, ceux des énergies renouvelables qui elle-même extraient les métaux et terres rares, sauf pour les forces géopolitiques construites sur ces immenses et puissants lobbys. Cette invention est donc visionnaire mais dérangeante.
La mort brutale de Phily-Jo demeure un mystère et ses proches, notamment sa soeur et son beau-frère, Michelle et Gary Sanz, se demandent s'il s'agit d'un meurtre, d'un suicide, ou d'un coup de malchance…Ils mènent l'enquête et, à travers les écrits du beau-frère nous voyons qu'ils tentent de voir si, comme ils le pensent de plus en plus, Phily-Jo a été assassiné par une organisation clandestine faisant partie du grand Capital, La Pieuvre noire, qui veut empêcher la diffusions de cette innovation révolutionnaire...Et d'autres enquêtes, sur cette première enquête, vont suivre. Ces simples citoyens se penchant sur l'affaire Phily-Jo sont-ils emportés dans une tornade, l'oeil du cyclone, les tentacules de cette entité omnipotente et invisible qu'est la Pieuvre, est-ce une simple affabulation, une divagation provoquée par la puissance des récits sur lesquels les protagonistes se basent ? La littérature peut-elle ainsi nous influencer ? Sont-ils manipulés et par qui ? Ou tout cela est-il tout simplement cousu du fil noir de la malchance ?

« Vous, moi, on nous déplace comme des pions sur un échiquier. le maître du jeu s'amuse avec nous ; Il nous pousse, à son gré. Et pour l'instant la stratégie nous échappe. Nous ne comprenons pas grand-chose à la partie qu'il nous impose ».

Ce qui est certain, ce livre n'est pas cousu de fils blancs, jusqu'au bout nous ignorons qui est manipulé par qui, sauf à sentir que Marcus Malte prend un immense plaisir à nous manipuler, nous, lecteurs. Manipulation jouissive, au point d'en redemander tant le texte est mâtiné d'un humour grinçant nous emportant irrésistiblement dans ce récit vertigineux. Je reprends l'extrait de la critique de Marie-Laure (@Kirzy) qui m'a donné envie, l'an dernier, de lire ce livre : « En fait, il fait essayer de remonter le courant en lisant les chapitres à l'envers et repérer les nombreux indices semés avec une intelligence folle. On est presque dans un Usual suspects littéraire tant tout est doute et instabilité ». Je ne saurais mieux dire, c'est exactement ça, je me suis surprise à revenir en arrière pour déceler des indices que je n'avais pas pris comme tels bien entendu en première lecture…Et comme le livre est assez conséquent, le fait de ne pas vouloir en sortir, de ralentir sa lecture, de revenir en arrière, j'ai mis du temps à le lire, à le déguster devrais-je dire…Je suis triste de l'avoir fini et j'aurais presque envie de le relire séance tenante !

Ce livre est un hommage à la littérature également, notamment à Edgar Allan Poe dont on sent l'ombre et la noirceur des corbeaux, à Baudelaire dont on lit de nombreux extraits des poèmes des "Fleurs du mal", et surtout à Nobokov qui semble tout particulièrement avoir guidé l'auteur sur la manière de mélanger rêve et réalité, illusions et certitudes avec notamment les allusions fréquentes à « La vraie vie de Sébastien Knight » et à « Feu pâle », « une histoire où quasiment chaque protagoniste n'est pas celui ou celle que l'on croit ». Comme lui Marcus Malte joue avec les miroirs, « les miroirs déformants, les miroirs aux alouettes, les miroirs à travers lesquels on passe ».

"N'est-ce pas dans La lettre volée que Poe nous apprend que le meilleur moyen de cacher une chose est de ne pas la cacher ? Elle est là, sous nos yeux, tellement visible qu'on ne la voit pas".

Ce récit est également une dénonciation des problématiques actuelles des théories du complot, de la manipulation, de la désinformation, mais aussi et surtout des problématiques liées à la puissance du capitalisme malgré les contraintes croissantes engendrées par le réchauffement climatique. La manipulation de la vérité (pour servir la cause du profit) est abordée avec brio, la forme du récit servant le fond. C'est magistral !
Et ces problématiques graves abordées de façon si brillantes n'empêchent pas la présence quasi permanente d'un humour décapant qui rend le livre juste délicieux, malgré tout…L'arrivée d'un Géocoucou m'a même fait avaler de travers, j'ai bien failli m'étouffer à cause de ce livre, il est dangereux !

"Avant, les mecs que je fréquentais c'était plutôt des dingues du tuning. Rien à foutre des émissions de gaz, ils avaient des caisses avec des moteurs monstrueux, quand ils appuyaient sur le champignon, y avait des flammes qui sortaient du pot et des tigres hurlaient sous le capot à t'en décoller les tympans. Fini, ma vieille, t'as passé l'âge. Là, quand il a démarré, ça n'a pas fait plus de bruit qu'un fauteuil roulant. Genre corbillard électrique, avec des batteries au lithium. Comme moi, doc, pas vrai ? le lithium ? Tout et tous sous calmant, pour pas que ça explose".

Vous l'aurez compris, j'ai eu un immense coup de coeur pour ce coup de maitre et moi de m'interroger : pourquoi ce livre n'a-t-il pas fait plus de bruit ? Serait-il dérangeant ? Est-ce la mainmise de la Pieuvre noire qui oeuvre en secret pour empêcher sa diffusion alors que nous avons là un chef d'oeuvre? Et d'ailleurs qui manipule l'auteur ?? N'oubliez pas : rien n'est plus proche du vrai que le faux…

Mille mercis Marie-Laure (@Kirzy), je comprends que ce livre ait été ton numéro un dans ta liste des coups de coeur 2022 !

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Dès la première page du bouquin, j'ai eu le plaisir de découvrir le fameux Philippe-Joseph Deloncle, dit Phily-Jo, dit Phil, ou encore P. J., ou plutôt appris que cet homme qui prétendait avoir trouvé une manière de produire de l'énergie infinie et gratuite à partir du vide est mort de façon pour le moins suspecte.
Cet inventeur génial d'une machine révolutionnaire « FreePow », l'énergie libre, pousse son premier cri le 22/11/63 à Dallas, le jour même et dans le lieu même où John Fitzgerald Kennedy exhale son dernier souffle !
La mort brutale de ce visionnaire demeure un mystère pour ses proches. S'agit-il d'un accident, d'un suicide ou plutôt d'un meurtre, d'une conspiration du grand capital prompt à freiner tous les progrès humanistes ?
Gary Sanz dont la femme Michèle est la soeur de Phily-Jo est le premier narrateur et raconte sa recherche de la vérité. Comment lorsqu'il tente de parler de cette invention qui pourrait révolutionner notre industrie énergétique, il est dissuadé de continuer tant cette découverte pourrait remettre en cause le système économique capitaliste.
Bientôt Gary Sanz va se retrouver entouré de meurtres suspects, accusé puis condamné à mort, se retrouvant ainsi dans les couloirs de la mort au Texas.
Un autre narrateur entre en scène alors, convaincu de l'innocence de Gary et particulièrement intrigué par ce complot qu'il dénonçait.
D'autres encore, dans un infernal jeu de poupées gigognes vont se lancer tour à tour dans cette quête de vérité.
Marcus Malte avec un humour décapant, une imagination débordante et une parfaite maîtrise du récit, cet expert en manipulations aussi bien des personnages que du lecteur m'a emportée dans son délire de « Pieuvre Noire », subjuguée et époustouflée par toutes les thématiques que ce roman aborde et qui évoque maintes situations actuelles, le rendant très contemporain.
J'ai suivi avec un immense intérêt les pérégrinations des différents héritiers et disciples de Phily-Jo. Ils m'ont emmenée au coeur du Texas, ses couloirs de la mort vraiment terrifiants, impensables à notre époque dite évoluée et son pétrole qui occupe une place bien trop prépondérante pour laisser une quelconque ouverture à la moindre nouvelle invention ou découverte dans le domaine de l'énergie.
Marcus Malte dénonce dans ce roman la malfaisance du capitalisme, "la plus grande arme de destruction massive que l'homme a créée", décortique également les mécanismes d'adhésion aux théories du complot et la manipulation.
J'ai fait connaissance en fin d'ouvrage avec ce triste sire Edward Bernays, passé maître dans la manipulation de l'opinion publique. Il est considéré comme le père de la propagande politique et d'entreprise, ainsi que de l'industrie des relations publiques qui ont fortement contribué à développer le consumérisme américain.
Un humour omniprésent traverse ce roman et ce depuis la toute première page où, sous le titre, Qui se souviendra de Phily-Jo ?, il est noté : « Roman traduit de l'anglais (États-Unis) par Edouard Dayms » alors que Marcus Malte est un auteur français !
L'histoire se passant aux États-Unis avec des personnages américains et ne sachant pas que cet Edouard Dayms était le personnage d'un précédent roman de l'auteur, je dois avouer que j'ai un peu douté…
Outre la manipulation, sujet développé splendidement et dans sa totalité, ce qui m'a particulièrement plu dans ce bouquin, c'est la mine d'informations que Marcus Malte délivre dans ce récit, nous obligeant par là-même à méditer sur notre monde, tout cela servi avec un humour défrisant.
Je dois dire que, par exemple, la description de cette vieille tante Tacolie ou la rencontre avec cet avocat sosie de J.R. m'ont bien fait sourire !
Si ce n'étaient les 570 pages, ce roman de toutes les manipulations comme l'annonce le bandeau, je le relirais illico, tant il est riche, drôle, brillant et tellement addictif !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Sûrement tous ceux et ils sont nombreux dont les critiques élogieuses m'ont incitée à ouvrir ce livre, et je m'en souviendrai aussi.
De Marcus Malte, j'avais lu et apprécié le garçon.
Rien à voir ici, si ce n'est le plaisir de lecture.

Ici, dans un, je devrais dire plusieurs, récit jubilatoire, l'auteur nous balade, nous manipule, nous fait courir à droite, à gauche, nous ménage des rencontres avec des personnages qu'on ne peut oublier même si beaucoup ont tendance à chuter et je ne résiste pas à vous citer la dernière phrase du livre :
" Combien de chutes dans cette histoire ? "

Un livre qui se dévore ....

Une première partie qui pose le décor et nous présente ce fameux Phily-Jo du titre, par la voix de son beau-frère. Un génial, ou non, inventeur, ou non.
Tout le livre jouera sur des questions semblables. On ne peut rien tenir pour acquis, les évidences sont là pour nous tromper, ou non...

Beaucoup de choses évoquées par l'auteur, de la théorie du complot à l'influence des médias, de la mainmise des industriels sur la politique aux méfaits du capitalisme poussé à outrance, quand la soif de richesses de certains met en danger la vie de tous les autres, beaucoup plus nombreux, de la façon de manipuler l'opinion grâce entre autres à des scientifiques reconnus plus ou moins achetés...

Ce qui s'est passé hier entre autres pour le tabac et le cancer qu'il provoque, se passe aujourd'hui pour le climat, et le résultat est hélas pour nous tous probant : les climato sceptiques sont légion et soutenus par une portion de puissants politiques et industriels, plus attachés à leur pouvoir et leur richesse qu'à l'avenir du monde.

Et ce qui est dit, et là, j'ai tendance à le croire, sur la première présidence de Trump, fait craindre le pire pour le futur.

Mais, malgré ces aspects graves, la lecture de ce livre reste un plaisir. C'est époustouflant, drôle et superbement bien écrit. Et vous rencontrerez des personnages truculents, croiserez quelques animaux plus ou moins sympathiques (je n'ai jamais aimé les pieuvres) et vous fermerez ce livre épuisé, mais de bonheur, n'ayant qu'une envie le rouvrir à la recherche de ce qui vous a échappé la première fois.
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Bichette, au pied !
Ouaf, ouaf ! Allez, Bichette va chercher ! Ouaf !!!
Dans cette lecture, je me suis fait l'effet d'un jeune chien qui rapportait sans cesse, mine réjouie et babines retroussées, le bâton à son maître !
Rarement je me suis autant fait mener par le bout du nez sans avoir flairé l'entourloupe au préalable ! Là non je n'ai rien vu, j'ai foncé tête baissée dans les évidences, puis j'ai sauté le plus haut possible pour rapporter le bout de bois, la truffe reconnaissante !
Marcus Malte est diabolique et quel bonheur de se vautrer dans les flammes de l'enfer avec lui !
Car l'enfer qu'il nous promet est celui de la pieuvre noire qui étend ses tentacules sur le monde pour le contrôler et tirer les ficelles. C'est en tout cas la théorie de Phily-Jo -vrai inventeur ou réel imposteur ? - et de son beau-frère Gary Sanz, qui lui patiente dans un autre enfer, celui du couloir de la mort.
Marcus Malte est un tout cas un très grand prestidigitateur, il fait apparaître les cadavres, disparaitre les preuves, le lecteur se noie dans l'eau trouble de son verre d'eau dans lequel se diluent de faibles ou trop gros indices. Alors qui est coupable ? Mais … est-ce bien le sujet ? Vous pouvez répéter la questiiioonnn ?
Vous croyez lire un bon petit polar ? il n'en est rien, vous vous êtes complètement fourré le doigt dans l'oeil. Ce livre est atypique, vous brinquebale d'une piste et d'un personnage à l'autre ! Complotisme, mafia, propagande, lobbying, réchauffement climatique, ... ? Vos pauvres neurones tournent à plein régime, mais Marcus Malte maintient en permanence sa longueur d'avance. Je termine le bouquin sur les rotules après avoir jappé et couru dans tous les sens comme une démente, mais complètement conquise (en plus le tout est saupoudré d'un humour sarcastique charmant) !
Impossible d'en dire beaucoup plus pour ne pas gâcher les effets de surprise !
Alors, prêts pour le défi ? Ouaf !
Allez, je vous donne un petit nonos à ronger avant que vous ne vous précipitiez dans votre librairie/bibliothèque préférée avec cette citation :
« Un auteur, un bon auteur, à l'instar d'un bon conseiller en relations publiques, est parfaitement capable d'amuser la galerie et de détourner ainsi notre attention. Comme le suggérait Barbara Grove : on est baladés. Il faut distraire la foule. Toutes ces plaisantes petites histoires qu'on nous a contées, ce sont ces fameux arbres, plantés ici et là, qui nous empêchent de voir quoi ?
- La forêt.
Non ! Qui nous empêche de voir qu'il n'y a plus de forêt. Disparue, la forêt ! Ratiboisée !
- L'auteur ferait donc aussi partie de la conspiration ?
À son insu, je pense. L'auteur a bon fond. L'auteur n'est pas moins naïf, pas moins crédule que le lecteur. Il n'est pas moins perdu que lui. Au bénéfice du doute, je l'exonère de cette responsabilité.
Ça me fait penser à la réflexion de Dipak Sing.
Laquelle ?
-La vraie question est peut-être qui manipule l'auteur ?
Il est une autre question, dis-je, qui précède celle-ci.
-Laquelle ?
Qui est l'auteur ? »
(p.539)

Comment ça, vous n'avez pas tout compris ? Pour que le tout s'éclaire (ou pas), il va falloir courir après quelques bâtons ! Allez, un peu d'exercice va vous faire le plus grand bien, et n'oubliez pas … il y a de nombreuses chutes dans cette histoire !
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critiques presse (2)
LeMonde
07 octobre 2022
Marcus Malte, avec Qui se souviendra de Phily-Jo ?, fait le choix d’un foisonnant vrai-faux roman américain.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
01 septembre 2022
L’auteur du « Garçon», récompensé  du Femina, revient avec un roman malin et brillant, paranoïaque et drôle, sur le doute et les manipulations.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (79) Voir plus Ajouter une citation
Un autre mal dont il souffrait -cela a son importance- était l'aérophagie. S'il pensait nous choquer par les strophes souvent crues et grossières (l'une des marques de fabrique de Catulle) qu'il nous lisait, nous l'étions bien davantage par les bruits incongrus qu'il laissait échapper à son insu et n'entendait pas non plus. Nous l'avions surnommé Flatulle. Ca me parait clair. Par vents et par mots ( il est des cas où la contrepèterie s'impose) le professeur Burns alignait ses vers et les plus belles de ses perles ne sortaient pas forcément de sa bouche. J'espère que le cher homme ne tombera sur ces lignes, je m'en voudrais de ternir son image par ces souvenirs incommodants et somme toute partiaux, car il était par ailleurs un enseignant hautement compétent (sans calembour).
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...Et nos plus grandes stars chantent We are the world pour sauver l'Ethiopie. Succès universel. On presse des dizaines de millions de disques (polychlorure de vinyle, matière plastique, dérivé du pétrole) et on les transporte dans toutes les villes, tous les pays, sur tous les continents, en camion (100 g de CO2/km en moyenne) , en avion (360 g/km), en cargo (fioul lourd, oxydes de soufre, pire que tout), A votre bon coeur. Phil-Jo s'était amusé à calculer la quantité de polluants générée par cette opération solidaire (vicié) et humaniterre (ravagée).
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Sans vouloir me flageller plus que de raison, cela illustre bien ma tendance naturelle à faire l’autruche. Tendance très répandue, c’est vrai, mais ça n’excuse rien. Je refuse de voir tout ce qui me dérange, tout ce qui peut jeter une ombre sur mon petit univers confortable et douillet. Se boucher les yeux, les oreilles, le nez, le cœur en définitive, je connais. Je pratique. Que ce soit sciemment ou non. Que ce soit par lâcheté, par égoïsme, par peur. Pas besoin d’une épaisse muraille, il suffit de s’envelopper dans un fin cocon protecteur, imperméable. Se mentir par omission.
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La main d'une pieuvre ? Visqueuse, gélatineuse, ventouseuse, affreuse, dangereuse ?
[]
Tenter, du latin tentaculaire ? - Tant accula qu'à la fin ils furent broyés !
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La vie est une chienne, mon gars. Cherche pas : tu peux toujours essayer de la caresser, elle finira par te mordre la main. Cette fichue garce a la rage.
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Videos de Marcus Malte (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcus Malte
Cet épisode a été enregistré avec des patients hospitalisés au Centre d'Activité Thérapeutique et d'Eveil à l'hôpital San Salvadour de l'AP-HP situé à Hyères à l'automne 2023.
Le livre lu dans cet épisode est « Ne le dis à personne » d'Harlan Coben paru aux éditions Pocket. Avec la participation de Baptiste Montaigne, champion du grand concours national de lecture « Si on lisait à voix haute » 2023 pour le générique, Benoit Artaud à la prise de son et montage.
Remerciements à Marie-Thérèse Poppe, éducatrice spécialisée au Centre d'Activité Thérapeutique et d'Eveil à l'hôpital San Salvadour, Paul Grégoire, éducateur spécialisé au Centre d'Activité Thérapeutique et d'Eveil à l'hôpital San Salvadour et Isabelle Michel, cadre socio-éducatif de l'hôpital San Salvadour à Hyères, ainsi qu'à Marcus Malte, écrivain.
 
*** Le Centre national du livre lance un programme en direction des hôpitaux, Mots parleurs, en partenariat avec l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Cette action s'inscrit dans la continuité des actions menées pour transmettre le goût de la lecture à tous et notamment aux publics éloignés du livre.Définitivement tournée vers la jeunesse, cette action vise à conjuguer lecture, écriture et mise en voix. Les adolescents et les jeunes adultes, en collaboration avec le personnel hospitalier, sont ainsi inviter à choisir un livre parmi une sélection, en lien avec la thématique de l'édition 2023 des Nuits de la lecture : la peur.
Pour cette première édition 2023, six établissements de l'AP-HP participent. Quatre établissements sont situés en Île-de-France et deux en région (Provence-Alpes-Côte d'Azur et Nouvelle-Aquitaine). le projet se déroule de fin septembre 2023 à début janvier 2024. A partir d'un ouvrage sélectionné avec le personnel hospitalier, les adolescents et jeunes adultes sont amenés à choisir des extraits de textes pour les lire et les commenter. Sur la base du volontariat, Mots parleurs propose ainsi à des groupes de cinq à dix patients accompagnés de personnel soignant d'écrire et d'enregistrer leur production, au cours de six ateliers répartis dans différents hôpitaux. Ils débattent pour élire l'ouvrage qui constituera la matière de leur travail.
Afin de les guider dans la sélection des extraits, dans la rédaction et dans l'enregistrement du podcast, ils sont accompagnés par un écrivain ou un comédien, ainsi qu'un technicien du spectacle. Ce podcast, d'une trentaine de minute, sera ensuite mis à disposition de tous les patients et personnels soignants de l'AP-HP.
 
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