C'est avec long essai que
Moïse Maïmonide a suscité la défiance des autorités juives de son temps et la méfiance de certaines de notre époque, semble-t-il.
C'est que ce philosophe médiéval baigné de culture musulmane au siècle d'or, celui où la translatio studiorum, la transmission de la philosophie antique se fait par le monde musulman, impose une rupture dans la pensée religieuse.
En confrontant les textes révélés au rationalisme aristotélicien, il impose une compréhension qui exclue la pensée magique.
Il s'attache tout d'abord à expliquer certaines expressions bibliques en leur refusant le caractère anthropomorphique qu'ils pourraient donner à l'idée de divinité. Il y a là un essai d'herméneutique qui demande quelques connaissances sur le texte biblique mais dont l'objectif est la rationalisation de l'idée de dieu.
Mais les deux parties principales concernent la prophétie et la providence.
"
Le guide des égarés" se voulait d'ailleurs à l'origine un essai sur la prophétie, ce qui explique la partie d'herméneutique sur la langue prophétique.
La question de la providence est certainement la plus intéressante puisqu'est abordée la question du mal.
Pour
Maïmonide, si le mal a des effets, il n'est pas conçu un Acte mais comme l'expression vaine de la Puissance. Quelques notions d'aristotélisme sont à ce propos les bienvenues pour saisir le propos plutôt complexe.
Je ne résumerais pas l'ensemble de l'essai, mais on peut en voir des influences manifestes sur la scolastique avec notamment
Thomas d'Aquin (il s'en réclame à de nombreuses reprises), et plus lointains sur
Leibniz avec ses "Essais de Théodicée".
Véritable moment de l'Histoire de la pensée occidentale, dans l'arc allant d'un/des dieu(x) magique(s), puis d'une divinité transcendante, puis immanente, jusqu'à l'émergence de la Nation, "
le guide des égarés", parce qu'il fait la conjonction entre la bible, la philosophie antique et l'Islam, demeure un témoignage essentiel du siècle d'or, là où les penseurs confrontaient leurs idées pour qu'en ressorte la Connaissance.