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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
« Ramène ta mère que je te refasse ! »
Ainsi s'exclamait un passant devant un Jean Cocteau ébaudi par la puissance du mot, ainsi m'exclamé-je à mon tour devant le nouveau livre d'Edouard Louis qui m'exaspère toujours autant.
Fruit des amours enflées entre les chevilles d'Alain Delon et la condescendance d'un étudiant en L2 de sociologie, Édouard Louis revient nous parler de sa mère. L'occasion pour moi de me le refaire.
Disons le tout de suite, ce livre est pourtant le plus modeste de l'écrivain, celui où il apparaît le moins. Edouard Louis le dit lui-même : « A travers elle [sa mère], j'ai découvert le plaisir d'écrire au service d'un autre, d'une autre. »
Ce serait presque sympathique s'il n'avouait en creux qu'il n'a écrit jusque là que pour lui-même, dans une sorte de masturbation littéraire en vase clos, au service de sa pomme, ou plus exactement, de son melon.
Ce serait presque sympathique aussi, s'il n'avait pour l'occasion abaissé son style au niveau de ce qu'il juge sans doute, mais peut-être inconsciemment, être le style populaire. Les jolies phrases c'est pour les bouquins où qu'il cause de lui pépère, pas quand il cause de Monique.
Ce serait presque sympathique enfin, s'il parvenait à disparaître complètement de cette histoire. Car Monique est sympathique, et son histoire touchante. Mais Edouard Louis, malgré ses efforts, reste Edouard Louis. Il ne voit le monde qu'à travers sa petite personne et le courage de Monique n'est rien à côté de l'effort qu'Il a fourni pour qu'elle s'évade : un peu d'argent et trois coups de fil, le tout passé à distance.
« pourquoi est-ce que je ressentais un besoin aussi profond de l'aider ? » se demande-t-il du haut de sa gloire, étonné de son empathie pour la souffrance d'un autre, une autre : sa mère injuriée par un homme violent.
Sans trop savoir pourquoi donc, il l'aide et ainsi, le livre de sa mère est quand même le sien. Tout est bien qui finit bien. Monique s'échappera grâce à ses bons soins, et lui pourra dormir du sommeil du Juste qu'Il pense être :
Je ne voulais pas te réveiller dira-t-elle le matin du déménagement qu'il manquera.
De fait, il rêve encore.
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Oui, Edouard Louis dans ses écrits déballe son linge sale en famille, en toute impudeur avec indiscrétion comme les commérages,
les ragots, les secrets de famille, sans envisager les silences, les non-dits, les secrets tus à jamais, trop intimes et qui dérangent.
Mais les mots ont des oreilles, ça fuite, ça se propage sur la place publique.
On appelle ce phénomène, la démocratie, tout le monde peut exprimer son opinion.
D'emblée, je ne veux prendre position dans les polémiques parfois virulentes des critiques de ce livre qui partent dans tous les sens.
La lecture est un partage, une transmission, chacun est libre de critiquer un livre lu.
Moi ce que je retiens de ce récit témoignage : une émotion face à une femme encastrée, momifiée dans un non avenir comme celles, nombreuses qui émergent d'une société qui les a ignorées sur plusieurs générations.
Oui le gros cliché de la femme au foyer, sans ressources, à la merci d'un mari violent qui dans ses gènes depuis la nuit des temps domine la vie en famille et tout le monde s'en fout.
Dans certaines classes sociales précaires (et pas que) pour un millier de raisons, la soi-disant liberté revendiquée par les féministes de la première heure n'existe pas.
C'est un fait, en 2023, 134 féminicides dont 74 % commis dans le cadre conjugal, soit 96 femmes tuées par leur conjoint. Les chiffres permettent parfois de remettre les pendules à l'heure.
Une fatalité, oui.
La mère de l'auteur coche toutes les cases, E.Louis a largement évoqué ce traumatisme familial, comme témoin et victime.
Alors un jour, Monique, la mère de l'auteur, décide et accepte de demander l'aide de son fils, malgré un passé commun difficile.
A nouveau sous l'emprise d'un homme violent (même schéma récurent), elle lui lance un SOS.
E.Louis, maintenant auteur reconnu plutôt à l'aise grâce à la vente de ses bouquins lui offre son aide.
Chose faite, le destin de Monique va basculer du pire au meilleur.
Faire le procès de ce "conte de fée" serait inconvenant et irrespectueux.



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Bien obligé de reconnaître qu'Edouard Louis a du talent et un sens littéraire inné. Il a un savoir faire et un message qu'il porte avec courage et détermination.

Mais tout ce qu'il écrit m'agace. Heureusement ces livres sont courts. Chez lui tout est lutte de classe. Tout est prétexte à rappeler la misère dont il est parvenu à s'extirper. On a l'étrange sensation qu'il enfonce les classes populaires plutôt qu'il ne les défend.



On sent aussi qu'il en rajoute. Qui peut véritablement imaginer une CPE, conseiller à une jeune fille en troisième d'abandonner tout espoir d'études intéressantes ?

On devine aussi le fils ingrat, le frère absent, satisfait de sa réussite qu'il doit pourtant au déballage de l'intimité des siens. Il précise sans trembler qu'il n'a jamais ensuite rendu visite à sa mère ou à sa soeur une fois qu'elles quittent Paris.

Il est attendri par sa mère, on sent qu'il a de l'affection pour elle, mais il ne peut s'empêcher de la regarder avec la distance de celui qui appartient désormais à un monde différent.
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Un court récit sur l'émancipation de Monique, mère d'Edouard Louis, hommage d'un fils à sa mère, surtout mise en lumière du fils qui aide sa mère à fuir.

L'auteur relate avec précision les étapes qui conduisent sa mère à partir vivre seule loin des hommes qui l'ont maltraitée, à fuir son dernier compagnon.


Certes, l'aspect financier est prétexte à attirer l'attention sur les contingences matérielles (trouver un logement, meubler, assurer les besoins du quotidien) mais ce n'était pas nécessaire de les lister. Un peu trop documentaire à mon goût. Heureusement le passage sur Virginia Woolf ramène le lecteur à la littérature.

Lecture en demi-teinte donc.

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Pour la seconde fois, Édouard Louis écrit sur sa mère. À moins qu'il écrive sur lui de manière déguisée, on ne sait pas très bien.

Il reçoit un appel. Sa mère est à bout, son mari a l'alcool violent et les insultes fusent. Édouard possède le mot juste, il lui fait promettre de partir. Loin de Paris, il organise la fuite de celle qui l'a mis au monde. Par le biais d'un ami, il l'installe dans son appartement et lui fait un chèque. C'est le point de départ d'une nouvelle vie.

Premier livre lu de cet auteur et je lis partout que cet opus est le plus modeste de sa bibliographie ! Ouch...
L'histoire de Monique est touchante. La femme l'est, aussi, elle qui se démène avec force et courage pour s'en sortir, en toute discrétion, sans déranger. Monique est reconnaissante pour tout et s'émerveille de peu.

La première partie du roman m'a semblé plate, sans recherche langagière. D'Édouard Louis, il n'est pourtant pas question, mais que serait Monique sans lui ? (et non l'inverse)
À force de chèques signés, de coups de fil à pas d'heure et de patience filiale, l'auteur se taille le costard d'un fils parfait, véritable héros volant au secours du plus faible. de loin, encore et toujours de loin ou en décalage, il est celui grâce à qui sa mère peut s'évader. Juste retour des choses, justifie-t-il, puisque l'argent gagné à écrire sur sa mère un précédent ouvrage est celui qui permet aujourd'hui à celle-ci de fuir. J'en conviens. ( Joli passage et parallèle avec Virginia Woolf à ce sujet.)

Finalement, le récit trouve son apogée lorsque Monique tient enfin le devant de la scène, lorsque libérée de tout (même du fils qui, enfin, est derrière), elle prend la lumière.
Finalement, je crois que j'apprécie le récit lorsque Édouard Louis n'est plus là.

Bilan :
Un récit un poil nombriliste malgré la volonté affichée de rendre hommage à sa mère, courageuse et inspirante. Une femme touchante qui n'a que trop peu la parole ici.
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Une femme subit les humiliations régulières d'un compagnon alcoolique, elle appelle son fils à l'aide. Il est à l'étranger, il lui propose de se réfugier dans son appartement. le livre expose la spirale de la violence, d'un homme (le père de l'auteur) à un autre (le nouveau compagnon de sa mère). La manière dont le calvaire de cette femme victime de sa condition est décrit m'a maintenue hors du récit. Seule la fin (et ce voyage salutaire) m'a emportée un peu. Je pense que l'autofiction a pour moi atteint ici ses limites.
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