Cet album jeunesse intrigue dès le premier regard, la couverture présente le dessin d'une petite fille souriante qui observe un trou béant placé au centre de sa poitrine, la couverture est elle-même percée d'un trou. En ouvrant le livre, je tombe sur cette première phrase, seule sur la page blanche, qui m'interpelle: « Pour toi. Pour que tu trouves ce que tu cherches ».
S'ensuit l'histoire d'une enfant heureuse qui voit sa vie basculer, un jour, on ne saura jamais pourquoi. Elle doit alors apprendre à vivre avec ce vide «énnooooOooorme! » qui se crée en elle et par lequel passe le froid, les monstres, etc.
En restant vague sur l'identité de l'enfant et les événements traversés,
Anna LLenas m'invite à m'identifier au personnage et à me projeter dans mes propres drames. Pour
Alberto Manguel (1998, p.378), « le texte que nous lisons subit la projection de notre expérience ». C'est aussi la force de cet album, tant apprécié, car l'auteur nous présente un personnage qui nous ressemble (Lhérété, 2010).
Tout au long de la lecture, je suis happée par le texte et les dessins enfantins empreints de poésie. le mélange de collages et de dessins au crayon donne une belle profondeur aux illustrations. Je rentre dans cet album comme dans une bulle, les sensations y sont physiques, selon ce que vit l'enfant, je ressens « une sensation d'émerveillement, de recognition, de froid ou de chaleur… » (Manguel, 2000, p.16). La simplicité, la justesse des phrases et des mots, jamais plus d'une phrase par page, me ramène à moi, à mes émotions, à mes souvenirs. L'album est adapté à tous les âges, chacun peut y puiser ce dont il a besoin en s'imprégnant de cet album, en fonction de ce qu'il est. Il revient au lecteur d'en fabriquer une signification, petits ou grands (Manguel, 1998, p.67).
C'est donc à une rencontre avec moi-même que me convie l'auteur, elle m'invite à accepter mes erreurs et mes dérapages, inévitables lors des processus du deuil, pour trouver le bonheur et devenir résiliente.
Je sors transformée de cette lecture, plus compréhensive envers les souffrances d'autrui et surtout plus tolérante envers moi-même. Malgré la gravité du sujet traité dans cet album, j'en garde une impression de douceur.
Lhérété, H. (2010, août- septembre). Pourquoi lit-on des romans? Sciences Humaines. Repéré à
https://www.scienceshumaines.com/pourquoi-lit-on-des-romans_fr_25791.html
Manguel, A. (2000b). Dans la forêt du miroir : essais sur les mots et sur le monde. Trad. de Christine le Boeuf. Arles, Ottawa:
Actes Sud, Leméac.
Manguel, A. (1998).
Une histoire de la lecture, trad. de Christine le Boeuf. Paris, Montréal: Actes sud, Leméac.